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Le blog d'André Boyer

L'opinion publique grondait...

16 Octobre 2014 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

L'opinion publique grondait...

LE PAPE PIE VI

On pourrait imaginer que les citoyens ont voté en masse durant la Révolution que nous ont vendu les idéologues qui nous gouvernent.

Il n’en fut rien.

Le scrutin était parfois censitaire, parfois universel. La participation varia entre cinq et vingt pour cent selon les scrutins et les lieux. Avec le temps, elle fut constamment décroissante. Globalement, on peut retenir, sans grande erreur, une participation moyenne de dix pour cent pour les élections en France pendant la Révolution.

Il faut lire par exemple l‘article de Maurice Genty, « les élections municipales à Paris sous le Directoire » (numéro 391 des Annales Historiques de la Révolution Française) pour comprendre l’absence totale d’ambiance démocratique qui présidait à ces élections et le découragement rageur des électeurs.

Car si les trois Directeurs avaient fait ce que l’armée et les faubourgs attendaient d’eux, la majorité des électeurs se voyaient une nouvelle fois floués. Il y eut des changements de personnel. Merlin et François remplacèrent Carnot et Barthélemy au Directoire et devancèrent les candidatures de Masséna et Augereau, ce qui fait que le Directoire crût nécessaire d’éloigner Augereau, sous couvert de le récompenser par le commandement de l'armée d’Allemagne. Sieyès prit la présidence du Conseil des généraux.

Le coup d'État de Fructidor confirmait qu’il était désormais normal et naturel pour les politiciens de ce nouveau régime politique instauré une fois de plus de force, de bafouer et de violer la Constitution, la Loi et la Souveraineté de la Nation. On voyait désormais des conseils délibérants sous la menace des soldats, des généraux appelés à se prononcer, des élus déportés, la presse supprimée.

Comme par hasard, le Directoire basculait dans la dictature alors qu’il penchait vers les Jacobins. L’un et l’autre allaient ensemble. Une nouvelle vague anti-royaliste, anti-émigrés et anticléricale se propageait. On procéda à des déportations massives de prêtres, et l’on s’essaya au « culte décadaire ». Quelque mille cinq cent prêtres français et huit mille prêtres belges furent touchés par cette répression. Certains furent déportés en Guyane, d'autres furent libérés par la flotte anglaise durant leur transfert, mais la grande majorité connut une effroyable captivité à l'île de Ré ou à Rochefort.

En outre, le 20 janvier 1798 le général Berthier occupait Rome et enlevait le Pape Pie VI pour le déporter à Florence, avant de le transférer à Valence où il mourut.

Pie VI avait eu en effet le courage de s’élever contre la condamnation et l’exécution de Louis XVI, et il paya de sa vie ce courage. Je ne résiste pas à la tentation de vous livrer un extrait du discours, un discours que l’on devrait faire connaître si l’on veut avoir un regard non partisan sur la Terreur et le Directoire, que le Pape avait prononcé à la suite de la décapitation (déjà !) du Roi Louis XVI :

« Les philosophes effrénés entreprennent de briser les liens qui unissent tous les hommes entre eux, qui les attachent aux Souverains et les contiennent dans le devoir. Ils disent et répètent jusqu’à satiété que l’homme naît libre et qu’il n’est soumis à l’autorité de personne. Ils représentent, en conséquence, la Société comme un amas d’idiots dont la stupidité se prosterne devant les prêtres et devant les rois qui les oppriment, de sorte que l’accord entre le Sacerdoce et l’Empire n’est autre chose qu’une barbare conjuration contre la liberté naturelle de l’homme. Ces avocats tant vantés du genre humain ont ajouté au mot fameux et trompeur de liberté cet autre nom d’égalité qui ne l’est pas moins. Comme si entre des hommes qui sont réunis en société et qui ont des dispositions intellectuelles si différentes, des goûts si opposés et une activité si déréglée, si dépendante de leur cupidité individuelle, il ne devait y avoir personne qui réunît la force et l’autorité nécessaires pour contraindre, réprimer, ramener au devoir ceux qui s’en écartent, afin que la Société, bouleversée par tant de passions diverses et désordonnées, ne soit précipitée dans l’anarchie et ne tombe pas en dissolution. »

 

La pensée de Pie VI peut encore s’appliquer à nos contemporains !

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