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Le blog d'André Boyer

LA RESPONSABILITÉ DES POLITIQUES

16 Novembre 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LA RESPONSABILITÉ DES POLITIQUES

ÉMILE OLLIVIER, L'HOMME QUI FAISAIT LA GUERRE "D'UN COEUR LÉGER"

 

Pour excuser les actions des femmes et des hommes politiques, on dit souvent qu’un peuple n’a que les politiques qu’il mérite.

 

Cet aphorisme ne contient qu’une part de vérité. Les politiques ne dépendent qu’assez faiblement du peuple, même si les électeurs sont responsables de leur choix, parmi ceux qui leur sont proposés.

Car ce choix est limité, comme celui qui s’offrait aux dernières élections présidentielles. Le plus que pouvaient faire les électeurs pour changer le cours des évènements, presque rien bien entendu, était de changer la tête de l’exécutif et ils l’ont fait.

On peut aussi objecter que les politiques agissent en fonction de leur future réélection, donc des attentes des électeurs. Mais ces attentes, les politiques s’arrangent pour les orienter vers ce qu’ils ont à offrir et ils disposent pour ce faire de l’outil médiatique, d’autant plus prêt à les épauler que l’existence des journaux,  des chaines de télévision et des radios en dépend totalement.

Si les politiciens agissent en gardant en lisière un peuple impuissant à orienter leurs choix, comme dans la Grèce de Tsipras, ils se trouvent en revanche investis d’une responsabilité qui dépasse un simple mandat du peuple lorsqu’ils décident d’altérer la vie des gens jusqu’à les faire tuer pour des causes qu’ils leur imposent.

En se cantonnant à la France, on peut citer nombre d’exemples historiques de décisions prises par les politiciens qui ont eu des conséquences énormes sur le peuple français et sur d’autres peuples qui en ont été les victimes collatérales:

Ainsi Charles de Gaulle porte la responsabilité d’avoir remis le pouvoir en Algérie au FLN.

Philippe Pétain et les députés qui lui ont donné les pleins pouvoirs portent la responsabilité de l’institution du régime de Vichy qui a collaboré avec le régime nazi.

Georges Clemenceau porte une part importante de responsabilité dans la deuxième guerre mondiale, en ayant été le principal acteur en 1919 du traité de Versailles considéré par le peuple allemand comme injustement vexatoire.

Raymond Poincaré porte la responsabilité, côté français, du déclenchement de la guerre de 1914 en ayant fait pression sur les Russes pour qu’ils mobilisent.

Emile Ollivier, chef du gouvernement de Napoléon III, porte la responsabilité directe de la désastreuse guerre de 1870 et ainsi de suite en remontant dans la chronologie de l’histoire de France, les décisions de Napoléon III, Napoléon 1er, Louis XIV…

Car on peut aujourd’hui encore s’interroger à juste titre sur le degré d’approbation par la population des décisions prises par les responsables politiques que je viens de citer:

Le peuple français était-il prêt en 1870 à faire la guerre à l’Allemagne pour tenter de l’empêcher de s’unir ?

Le peuple français était-il prêt à sacrifier un million quatre cent mille  de ces jeunes hommes pour briser provisoirement la puissance de l’Allemagne, alors que, dans les urnes, il s’était prononcé pour la paix trois mois auparavant ?

Le peuple français, obnubilé par la « Der des der », voulait-il à ce point humilier le peuple allemand que ce dernier en devienne obsédé par l’annulation du traité de Versailles, de gré ou de force?

Le peuple français voulait-il, après une défaite militaire majeure et deux cent mille morts, collaborer avec l’Allemagne d’Hitler ?

Le peuple français voulait la paix en Algérie. Mais voulait-il la torture et la mort de cent à deux cent mille harkis ? Le départ précipité d’un million et demi de pieds noirs ? La rupture entre l’Algérie et la France ?

 

Ces quelques exemples  mettent en lumière l’autonomie des politiques face au peuple dans leur prise de décision, car il est très difficile de les  empêcher d’agir comme l’a tenté Jean Jaurès qui l’a payé de sa vie, qu’ils ont tous les moyens d’influencer la population et qu’ils peuvent, dans une certaine mesure, ignorer ses desiderata comme Sarkozy l’a montré  avec le referendum sur la Constitution Européenne.

Au fond, les politiciens ont la maitrise du court terme tandis que le peuple en subit les conséquence sur le long terme, si bien que les hommes politiques ne se hissent à la hauteur des hommes d’États que lorsqu’ils sont capables de relier court terme et long terme.

 

Il me semble bien qu’aujourd’hui la société française est à la recherche de quelqu’un qui ressemble à un homme d’État. 

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M
PEUT ETRE QUE J'AI OUBLIE DE VALIDER MON COMMENTAIRE. <br /> LA DEMOCRATIE REPRESENTATIVE EST BIEN IMPERFECTE ET NOUS SOMMES DANS LES MAINS DES POLITICIENS. LE REVE D'UNE SOCIETE ANARCISTE EST BIEN LOUEN: ELLE EST COMME L'HORIZONT QUI EST VISIBLE MAIS IL EST IMPOSSIBLE LE TOUCHER
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B
Mario, je ne plaide pas pour une société anarchiste mais pour un meilleur système de sélection des politiciens qui décident à notre place. Amitiés
A
Mario, je ne plaide pas pour une société anarchiste mais pour un meilleur système de sélection des politiciens qui décident à notre place. Amitiés
B
ILes erreurs passées sont celles des dirigeants, nous devons apprendre à remettre en question de manière plus énergique ceux qui nous dirigent aujourd'hui.
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C
....merci cher Andre de cette analyse si perspicace de la triste réalité....hélas les erreurs passées ne nous ont pas appris grand chose...et nous voila plongés à nouveau dans ces memes erreurs et toujours dans l'attente d'un divin messie...
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B
Les erreurs passées sont celles des dirigeants, nous devons apprendre à remettre en question de manière plus énergique ceux qui nous dirigent aujourd'hui.
P
Et si la justice populaire pouvait s'exprimer contre les choix délétères des élus baratineurs et irresponsables ??? Et si les proches des victimes donnaient leur avis à froid ??? Et si on avait tous une k ???
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B
Il faut donner la parole aux témoins et ne pas donner de quitus à nos dirigeants. Ils disposent de nos impôts pour nous protéger et les faits montrent qu'ils ont failli. <br /> Amitiés
B
Il faut donner la parole aux témoins et ne pas donner de quitus à nos dirigeants. Ils disposent de nos impôts pour nous protéger et les faits montrent qu'ils ont failli. <br /> Amitiés
A
Il faut donner la parole aux témoins et ne pas donner de quitus à nos dirigeants. Ils disposent de nos impôts pour nous protéger et les faits montrent qu'ils ont failli. <br /> Amitiés
Z
Brillante analyse, comme d'habitude... que méritons-nous, et qu'essaies-tu de faire comprendre? Hollande, ou une dictature pour mettre tout le monde d'accord? au secours! André président!!!
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B
Chère Danielle, <br /> j'essaie de faire comprendre que nos dirigeants sont responsables des décisions qu'ils prennent et que nous dépendons d'eux sans avoir de grandes possibilités de choisir les meilleurs. Ce n'est pas très rassurant comme l'histoire le montre, mais il vaut mieux être lucide que se raconter des histoires. Il reste quand même à mettre en place un meilleur système de sélection des responsables politiques qu'aujourd'hui où la promotion Voltaire de l'ENA dirige le pays. Bises
J
Excellente analyse, que je partage, André! Je cherche avec désespérance ces hommes d'état potentiels avant d'être providentiels; hélas! Avec leurs prises de positions démagogiques je ne distingue à ce jour que des hommes des tas (promesses, fariboles, privilèges, copains à caser ...)
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A
Oui, Jean-Pierre, nous devons veiller à sélectionner le moins mal possible nos dirigeants, non seulement en votant mais aussi en remettant en cause leur processus de sélection.<br /> Amitiés
T
Bravo!!!! Merci. Tony
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B
Merci de ta fidèle amitié, Tony
A
Merci de ta fidèle amitié, Tony.