Sus à la Russie !
27 Juillet 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE
POUR CONTRER LES AMBITIONS RUSSES CONTRE LA TURQUIE, TOUS CONTRE LA RUSSIE
Napoléon III ne se contenta malheureusement pas de moderniser le pays. Dés le mois de février, lui qui proclamait que « l’Empire, c’est la paix », offrait son alliance à une Angleterre désireuse de s’opposer à l’expansionnisme russe.
Les Anglais avaient en effet tout intérêt à freiner l’Empire Russe qui risquait de déboucher sur leur propre zone d’influence située au sud de la Russie, de l’Inde à l’Égypte, en passant par tout le Moyen-Orient, l’Iran et l’Afghanistan. C’est ce que Rudyard Kipling appelait « Le Grand Jeu ». Bientôt l’importance de cette riche zone pétrolière s’imposerait à tous les grands joueurs stratégiques du monde.
De son côté, Napoléon III y voyait le moyen de se réintroduire dans le jeu stratégique européen afin de remettre en cause le traité de Vienne qui l’obsédait. Pourtant, avec la guerre de Crimée, il inaugurait une politique étrangère agressive qui conduirait l’Empire à sa perte.
La construction idéologique de sa politique consistait à proclamer que la France était le défenseur « naturel » des opprimés, des peuples injustement agressés, des nationalités dans la droite ligne des proclamations de la Convention et de la Terreur. Cette posture est encore à l’ordre du jour de la France du XXIe siècle, ce qui la conduit à la même agressivité vis à vis de la Russie pour complaire aux anglo-saxons.
Dés le début du règne de Napoléon III, les conséquences de son idéologie seront particulièrement négatives en termes de coûts humains et de relations internationales. Car* la seule guerre de Crimée fera cent vingt mille morts alliés, dont quatre-vingt-quinze mille français, comme si la France avait été la principale instigatrice et bénéficiaire de cette guerre !
Nicolas Ier cherchait à profiter de la faiblesse de la Turquie pour gagner à Constantinople une porte sur la Méditerranée, alors que l’Angleterre était décidée à maintenir le statut des Détroits pour contenir la Russie. Napoléon III, tout en invoquant le prétexte de la protection des catholiques contre les empiétements orthodoxes dans les Lieux saints, voulait, comme il le déclara en Conseil des ministres, profiter des ambitions moscovites pour séparer l’Autriche de la Russie et contracter sa première alliance avec l’Angleterre.
Le 22 juin 1853, les armées russes envahissaient les provinces roumaines de Moldavie et de Valachie. Le 4 octobre, l'empire ottoman, fort du soutien de la France et de l'Angleterre, déclarait la guerre à la Russie. L'armée turque remportait une victoire à Oltenitza mais sa flotte était détruite à Sinope. Le 3 janvier 1854, les flottes françaises et anglaises pénétraient dans la mer Noire pour protéger les côtes turques. Le 12 mars, les deux pays s'alliaient officiellement à la Turquie et déclaraient la guerre à la Russie le 27 mars. Un corps expéditionnaire était déployé le 30 mai à Varna en Bulgarie mais il subissait de lourdes pertes en raison d'une épidémie de choléra.
Enfin, après avoir signé une alliance défensive avec la Prusse, l'Autriche concentrait une armée de 50.000 hommes dans ses provinces frontalières avec la Russie, puis, avec l'autorisation de l'empire ottoman, pénétrait dans ses principautés du Danube pour les protéger.
Tous contre la Russie, la Turquie et la Grande-Bretagne, soutenues par l’Autriche et surtout par la France !