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Le blog d'André Boyer

GEORGE WASHINGTON OUVRE LE BAL PAR UN ASSASSINAT

6 Septembre 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

 

 

ASSASSINAT DE JUMONVILLE SUR L'ORDRE DE WASHINGTON

ASSASSINAT DE JUMONVILLE SUR L'ORDRE DE WASHINGTON

Les colonies britanniques d’Amérique du Nord étaient bloquées dans leur expansion par la Nouvelle France, ce qui était logiquement générateur de conflit et même de combat à mort, car les deux volontés d'expansion, anglo-saxonne et françaises étaient inconciliables.  

 

Le conflit couvait dès la guerre de Succession d’Espagne, qui s’était conclue en 1713 par le traité d’Utrecht qui avait permis à la Grande-Bretagne de se saisir d’une partie de l’Acadie à l’exception de l’île du Cap-Breton, des territoires de la Baie d'Hudson et de Terre-Neuve et au protectorat britannique du territoire iroquois qui recoupait celui de la vallée de l'Ohio. 

Au début de la guerre franco-anglaise en Amérique du Nord qui commença vers 1754, les Français disposaient de trois mille troupes de marine qui défendaient la Nouvelle-France avec l’aide occasionnelle de milices locales. Du côté britannique, seule la Virginie possédait des troupes régulières, les autres colonies n’utilisant que des miliciens locaux.

Les constantes incursions anglaises sur le territoire de la Nouvelle-France furent à l’origine du conflit de l’Ohio. En juin 1747, le gouverneur de la Nouvelle France, Roland-Michel Barrin de La Galissonière charge Pierre-Joseph Céloron de conduire une expédition de deux cent hommes pour réaffirmer les droits du Roi Louis XV depuis les lacs Ontario et Érié jusqu’au confluent des rivières de l’Ohio et de Miami. Ce faisant, il alarma les colons britanniques qui se sentirent menacés par la démonstration de force française, d’autant plus qu’ils comptaient bien s’installer dans l’Ohio.

En 1749, le gouvernement britannique donna des terres à cent familles regroupées dans l’Ohio Company of Virginia qui entreprirent de finirent par construire en 1752 une enceinte fortifiée au débouché de la rivière Monongahela, sur le site de l’actuel Pittsburgh, alors qu’au même moment trois cent hommes des troupes de marine française attaquaient le comptoir de Pickawillany, coupable de commercer avec les Anglais.

Puis au printemps 1753, sous les ordres de Paul Marin de la Malgue, deux mille hommes rassemblant des troupes de marine et des indiens furent chargés de protéger la vallée de l’Ohio des incursions anglaises. Les Français construisirent une série de forts, Fort Presque Isle sur le lac Erie, Fort Le Boeuf, actuellement Waterford (Pennsylvanie).

Ces troupes, en descendant vers le sud, capturèrent et chassèrent des commerçants anglais, inquiétant le Gouverneur de Virginie, Robert Dinwiddie, qui craignait de perdre de l’argent en tant qu'investisseurs de l'Ohio Company si les Français tenaient l’Ohio. En octobre 1753, il envoya le jeune Washington, âgé de 21 ans, rencontrer les Français pour leur demander de se retirer de l’Ohio, au prétexte qu’il le considérait comme un territoire appartenant à la Virginie.

Le 12 décembre 1753, Les troupes de Washington rallièrent Fort Le Boeuf où ils furent reçu à diner par Jacques Legardeur de Saint-Pierre, le commandant en titre des forces françaises qui expliqua que les droits français sur la vallée de l’Ohio étaient supérieurs à ceux des Anglais, du fait de la découverte de la région par René-Robert Cavelier, Sieur de La Salle un siècle plus tôt.  Washington ne put que retourner en Virginie déconfit et inquiet des progrès des Français vers le Sud de l’Ohio.

De son côté, sans attendre le retour de Washington, le Gouverneur de Virginie, Robert Dinwiddie, avait envoyé début 1754 une compagnie de 40 hommes construire un fort sous le commandement de William Trent. Les Français arrivèrent en force, permirent à la petite compagnie de se retirer et leur rachetèrent leurs outils pour achever eux-mêmes ce qui devint Fort Duquesne.

Entretemps George Washington avait recu l’ordre de renforcer Trent, ce qui provoqua le triste épisode de Jumonville Glen le 28 mai 1854, à partir de laquelle on peut dater le prologue sinon le début de la guerre franco-anglaise qui aboutit à la perte des possessions françaises en Amérique du Nord, même s'il s'agit d'un incident mineur.

Washington monta une embuscade contre un détachement français dirigé par Coulon de Jumonville qui avait pour mission de reconnaître si le territoire réclamé par la France avait été envahi, afin de délivrer le cas échéant une sommation de retrait des terres du roi Louis XV aux Anglais qu'ils rencontreraient.

Dans cette embuscade, neuf soldats français furent tués, vingt et un capturés et Coulon de Jumonville fut exécuté par les hommes de Washington dans des conditions troubles. Tandis que Washington se retirait, un soldat français rescapé parvint à prévenir de l’embuscade le commandant du Fort Duquesne, Claude-Pierre Pécaudy de Contrecoeur, qui envoya un détachement de cinq cents hommes dont il confia le commandement au propre frère de Jumonville, Louis Coulon de Villiers, avec pour mission de capturer Washington.

Les poursuivants trouvèrent les cadavres des soldats français livrés aux loups, avant de se lancer à la poursuite de Washington qu’ils rejoignirent là où il venait d’élever un nouveau fort, le Fort Necessity. Washington fut vaincu et capturé par les troupes françaises à la bataille de Great Meadows, le 3 juillet 1754, mais il parvint non seulement à éviter l’exécution pour meurtre grâce à des aveux signés où il s’accusait être l'assassin de l'officier français, et à être remis en liberté.

Si un milicien français avait assassiné un officier de l’armée britannique, il aurait été sans aucun doute exécuté. Ici, la « générosité » française révéla indéniablement une faiblesse dans la conduite de la guerre. Cette affaire fit du bruit en Europe.

Voltaire, tout anglophile qu’il était, s’indigna : « Je ne suis plus Anglais depuis que les Anglais sont pirates sur mer et assassinent nos officiers en Nouvelle-France ». En Angleterre, le politicien Horace Walpole décrivit ainsi l’affaire : « The volley fired by a young Virginian in the backwoods of America set the world on fire. ».

 

C’est en effet  par cette traiteuse embuscade et cet assassinat que George Washington entra dans l’histoire en écrivant une page du prologue de  la guerre de Sept Ans (1756-1763) qui verra le siège de Québec, la conquête de la Nouvelle France par la Grande-Bretagne et la substitution de la prépondérance française sur le monde par l’anglaise. 

 

À SUIVRE

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