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Le blog d'André Boyer

EXTERMINER LES INDIENS PAR LA VARIOLE

16 Mai 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

EXTERMINER LES INDIENS PAR LA VARIOLE

 

Tout le monde sait, plus ou moins confusément, que les Indiens d’Amérique ont été victimes de maladies importées par les Européens et on ne peut pas croire que ce fut en partie volontaire.

On se trompe.

 

À la fin de l’ère précolombienne, en l’absence de données fiables à l'exception du Codex Mendoza qui fournit la liste des tributs versés à l’Empereur des Aztèques en 1519, on évalue le nombre des Amérindiens pour l’ensemble de l’Amérique de quarante à cent millions et de sept à douze millions pour la seule Amérique du Nord.

Ces populations subissent à partir du XVIe siècle un choc viral d’une violence inouïe. Les épidémies de variole, de typhus, de grippe, de diphtérie, de rougeole, de peste, ainsi que des maladies telles que la coqueluche, la rougeole ou la variole auraient tué environ 80% de la population indigène. Aussi, on pourrait croire que seule la fatalité est en cause lorsque l’on apprend que cinq cent mille Amérindiens peuplaient le Nord Est de l’Amérique du Nord avant l’arrivée des colons britanniques mais qu’ils n’étaient plus que cent mille au début du XVIIIe siècle.

On aimerait le croire, mais lors de mon dernier billet, j’ai signalé le cas de Jeffrey Amherst, commandant en chef des troupes britanniques qui a fait distribuer aux Indiens des couvertures contaminées par la variole pour les éliminer. J’ai cherché des détails sur son comportement et voici ce que j’ai trouvé sur cette conspiration digne des nazis :

Henri Bouquet (1719-1765), un mercenaire suisse, est entré au service de l’armée britannique en 1756 avec le grade de lieutenant-colonel. À partir du mois de mai 1763, Pontiac, un chef de guerre des Outaouais, soulève les Amérindiens afin qu’ils ne soient pas chassés de leurs terres par les colons et s’empare de plusieurs forts tenus par les Anglais. Pour le combattre, Bouquet rassemble à la hâte cinq cent hommes, essentiellement des mercenaires écossais. Le 5 août 1763, il bat les Indiens à la bataille de Bushy Run, puis libère Fort Pitt.

À la suite de cette victoire, il est nommé commandant de Fort Pitt. Le général en chef britannique Amherst lui ordonne alors de «répandre la variole parmi la vermine», la «vermine» étant les Indiens pour Armherst, à quoi son subordonné, le colonel Henry Bouquet répondit qu’il l’avait fait au moyen de couvertures contaminées provenant de l'hôpital du fort. Et ca marche ! On constate en effet qu’une épidémie de variole s’est effectivement répandue au voisinage de Fort Pitt parmi les Amérindiens en 1764.

Voici le ton des lettres de Bouquet échangées avec Armherst, qui témoignent de la volonté d'exterminer la population amérindienne:

Bouquet à Amherst, le 25 juin 1764 : « I would rather chose the liberty to kill any Savage... »

Amherst au Sire William Johnson, Superintendent of the Northern Indian Department, le 9 juillet 1764 : « ...Measures to be taken as would Bring about the Total Extirpation of those Indian Nation

Amherst à George Croghan, Deputy Agent for Indian Affairs, le 7 août 1764 : « ...their Total Extirpation is scarce sufficient Atonement... »

Amherst à Johnson, le 27 août 1764 : « ...put a most Effectual Stop to their very Being ».

Les couvertures infectées de variole ne furent pas le fait d’initiatives excessives de subordonnés pris dans le feu des combats, mais un outil d'une politique murement réfléchie et ordonnée au plus haut niveau de l’armée britannique : obtenir «the total extirpation of those Indian Nation », arracher, détruire, faire disparaître les nations indiennes…D’ailleurs, pour récompense de ses « exploits », Bouquet est promu l’année suivante général de brigade et placé à la tête de toutes les forces britanniques dans les colonies du Sud. Mais un châtiment divin l’atteint presque instantanément, puisqu’il meurt au sud de la Floride le 2 septembre 1765, victime de la fièvre jaune. Il aura eu ainsi une idée intime de ce qu’il avait fait subir aux Amérindiens.

Dommage pour les Indiens que les Français n’aient pas pu conserver le Canada, car ils leurs auraient permis d’échapper à la volonté exterminatrice des Britanniques qui ont utilisé la méthode des couvertures infectées lors d’autres conflits, comme en Nouvelle-Zélande.

Concernant les seuls Etats-Unis, l'anéantissement des Amérindiens, le bombardement sans merci des civils allemands en 1944-1945, la destruction par l’arme atomique de deux villes pleines de civils japonais en 1945, les sept millions de tonnes de bombes utilisées au Vietnam et ses trois millions de morts, les Irakiens tués par centaines de milliers sans compter les Syriens et les Libyens, Trump utilisant avec fierté une bombe géante en Afghanistan, l’idée est toujours la même : soyons pratique, si nous faisons la guerre, utilisons tous les moyens à notre disposition pour gagner au moindre coût, quel que soit le nombre de victimes chez l’adversaire. La sécurité des Etats-Unis, utilisée à tout propos, justifie même l’assassinat, à l’aide de drones, de supposés terroristes à dix mille kilomètres du pays qu’ils sont supposés « menacer ». Elle justifie aussi, bien sûr, les mensonges, l’espionnage et les génocides, avec la meilleure conscience du monde.

À partir de cette affaire de couvertures infectées de variole traitreusement remises aux Indiens, on détient la clé de la vision du monde par les Etats-Unis, qui ne date pas d'hier.

 

You can’t be too careful!

 

 

 

 

 

 

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D
Oui, il y a sûrement eu des contaminations volontaires, si l'homme est capable d'exterminer par les armes, il n'y a pas de raison qu'il ne puissent le faire par la contamination.<br /> Il y a certainement eu des périodes où les modes de contamination étaient méconnus, cependant, on voit que des méthodes telles la variolisation étaient connues de longue date. <br /> Et malgré l'invisibilité des microbes, l'homme à certainement été assez observateur pour déduire qu'après un contact, pouvait survenir la maladie. <br /> De la même façon qu'un poison peut passer inaperçu.<br /> La plaie de l'humanité, c'est quand l'homme ne sait se reconnaître dans l'autre.<br /> Au point qu'il lui soit insignifiant.<br /> Je pense aussi que les peuples se trouvent parfois entraînés malgré-eux dans des conflits terribles cruels et absurdes dont le malentendu, la méconnaissance sont une racine.
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A
Cher Monsieur, <br /> Je partage entièrement votre point de vue quand vous écrivez que "La plaie de l'humanité, c'est quand l'homme ne sait se reconnaitre dans l'autre". L'homme qui avait la force ne s'est pas reconnu dans l'Indien. <br /> Amicalement, <br /> André Boyer
T
Merci pour cet article, qui m'attriste profondément.<br /> Au sujet des couvertures, il me revient en mémoire cette phrase de l'Eneide : "Timeo Danaos et dona ferentes" qui résume l'esprit de conquête occidental, dont les États-Unis sont comme le point d'orgue.
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A
Je partage à la fois votre tristesse et cette volonté de conquête destructrice que nous avons pu observer. <br /> Amicalement<br /> André Boyer
A
Que les anglais aient volontairement usé de cette stratégie au 18ème siècle ne signifie pas que les espagnols et portugais ont usé volontairement de cette stratégie les siècles précédents. Les espagnols et portugais se métissaient avec les indiens puis ensuite ils se sont métissé aussi avec les esclaves. Ce qui n'était pas du tout le cas des anglais qui avait une autre mentalité. <br /> En outre les siècles précédent on connaissait moins bien les modes de transmission.
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A
Lisez donc :Silence de l'histoire sur l'holocauste canadien de Kevin Annet .<br /> <br /> http://www.scribd.com/doc/102694989/Silence-de-l-Histoire-Sur-l-Holocauste-Canadien-Kevin-Annett
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A
Vous avez raison. <br /> On parle avec aisance du passé, mais avec beaucoup plus de gêne du présent, lorsque des enfants et des femmes amérindiennes sont éliminées avec une bonne conscience monstrueuse au Canada. On trouve des articles dans les journaux du Québec, peut-être mois ailleurs, mais j'ai le sentiment que moins on en parle, mieux on se porte au Canada, aux États-Unis et d'une façon générale dans le monde. <br /> Merci de votre message, <br /> André Boyer
E
Comment vous expliquez que le mode de transmission de la variole ne fut compris et un vaccin mis au point qu'a la fin du 18 ème début du 19 ème ? Accessoirement les blancs n’étaient pas protégés de cette maladie.Il va sans dire que le projet des colons était bel et bien de prendre la place des indiens, par la guerre la force et les massacres si nécessaire, mais de la a spéculer sur une guerre bactériologique sachant que personne ne savait ce qu’était un virus a cette époque.....
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A
Absolument d'accord avec ce commentaire. <br /> André Boyer
A
il me semble que au canada cela est officialisé par une lettre qu'on a retrouvé. <br /> Mais c'est la seule fois pour laquelle on a une source. Cela ne signifie pas que cela a été utilisé ailleurs.<br /> Et surtout pas en Amérique latine les siècles précédents. Le mode de transmission était encore moins bien connu avant le 18ème siècle et les espagnols et portugais se métissait avec les indigènes, ce qui n'était pas le cas des anglais qui avaient une tout autre mentalité.
A
Quand on remet en cadeau des couvertures contaminées, prise dans les hôpitaux où les gens meurent de la variole, vous appelez ça une guerre bactériologique ou plutôt une action humanitaire faite en toute ignorance des effets de la variole? <br /> Il y a des limites à la naïveté. <br /> Meilleures salutations<br /> André Boyer
A
À André Boyer :<br /> Elie j. Chazarenc pose une bonne question sur le fonctionnement technique de cette épidémie ; dommage que vous éludiez la question, car elle est intéressante (je suis justement tombé sur cette page en lui cherchant une réponse !).<br /> J’ai pour ma part lu que quand l’organisme est plongé dans un milieu étranger très différent, sa capacité à réagir est prise à rebrousse-poil ; il est donc possible que les substances sur les couvertures eussent été trop étrangères aux Amérindiens pour que leur corps réagisse sans dommage. Cette hypothèse expliquerait pourquoi les Blancs n’ont en revanche rien subi.<br /> <br /> * Pour ce qui est des prétendus virus pathogènes, je renvoie à Stefan Lanka, par exemple ceci :<br /> http://www.dietra.ch/dietra-vie/webetudes/lanka_01.pdf<br /> http://www.virusmyth.com/aids/hiv/mcinterviewsl.htm<br /> Et ceux qui veulent des éléments de déboulonnage de la théorie des germes du fraudeur avéré** Louis Pasteur peuvent aller voir par là :<br /> https://www.aimsib.org/2019/03/10/et-si-notre-organisme-netait-pas-du-tout-sterile-un-siecle-derreurs-scientifiques/<br /> Ou aussi et surtout, se renseigner sur le savant injustement méconnu Antoine Béchamp et les microzymas :<br /> https://amessi.org/IMG/pdf/les-microzymas-de-la-conception-evolutionniste-a-celle-de-l_a611-2.pdf<br /> https://www.youtube.com/watch?v=sG0U-1eIFYg<br /> <br /> ** On le sait via ses notes personnelles ; voir par exemple le livre de Geison.
A
Cher Monsieur, je vous remercie de votre commentaire. Il indique que je "spécule" sur une guerre bactériologique menée par les Anglo-Saxons contre les Indiens d'Amérique, mais pas seulement contre eux aussi contre les populations indigènes d'Australie et de Nouvelle Zélande. Spéculer veut dire que je conduis une réflexion abstraite, pour tout dire hasardeuse. <br /> Or, les faits montrent cette "spéculation", qui du coup n'en est pas une. Le général en chef anglais l'affirme par écrit et il passe à l'acte. Ce n'est pas par hasard qu'il distribue comme cadeaux aux Amérindiens des couvertures infectées par la variole, c'est évidemment parce qu'il sait que cela les tueras, parce que ces populations ne sont en rien immunisées contre la variole. Les Français le font-ils contre les Iroquois qui leur font la guerre? Non. Les Espagnols le font-ils? Non. <br /> C'est un fait que, même si cela ne vous plait pas, que les Anglo-Saxons ont inventé et appliqué la guerre bactériologique. Ils veulent se débarrasser des Indiens, et ils sont très réalistes, c'est leur grande qualité, il suffit de tuer à moindre frais les Indiens par la maladie. La société américaine a été construite au profit exclusif des colons d'origine et elle est toujours construite comme cela. C'est ce qu'on appelle une société d'exclusion, parce qu'elle exclut les autres, ceux qui ne font pas partis des élus. Elle préfère tuer cent mille japonais, vietnamiens ou irakiens qu'un seul américain. Une fois que vous aurez bien voulu reconnaître cela, libre à vous d'aimer ce type de société. Mais je sais aussi que, si vous aimez la société américaine, vous ferez tout pour nier ce fait, parce qu'évidemment, il n'est pas glorieux. À vous de décider si vous voulez ou non vous voiler la face.<br /> André Boyer
C
il suffit de sacrifier quelques personnes, comme les kamikazes japonnais, ce n'est pas nouveau.
G
Que dire les francais ont certaiment trouver que cette façon de faire était mieux. Leur besoin au détriments des peuples. Ils veulent à leur tour exterminé l'Africain.
Répondre
C
14 mai 1796 Édouard Jenner a découvert le vaccin de la variole, les scientifiques de l'époque connaissaient les maladies infectieuses même s'ils ne savaient encore les soigner.
A
La lecture de l'histoire est un très bon exercice pour celui qui est agité par le ressentiment qui l'aveugle
J
Excellent article et merci de le dire ouvertement ! <br /> J'espère que nous comprendrons enfin par qui nous sommes gouvernés aujourd'hui encore.....
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A
Merci Jean Paul !<br /> Avec mes amitiés