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Le blog d'André Boyer

LE DÉFI DE LA BIOÉTHIQUE

17 Décembre 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

LE DÉFI DE LA BIOÉTHIQUE

La bioéthique s’impose au travers de comités éthiques dotés de procédures de décision unanimistes. 

 

On s’accorde par exemple sur l’interdiction de la transgénèse (les OGM), sans qu’il y ait d’entente sur les raisons de cet accord, car cette interdiction peut aussi bien être formulée par respect de l’ordre naturel, par crainte pour la biodiversité, par compassion à l’égard des souffrances infligées au vivant, parce que le consommateur ne sera pas assez informé ou par crainte des monopoles. 

La biomédecine n’a cessé de développer des capacités d’intervention sur l’être humain, de la conception à la mort, du génome au cerveau. Du coup, elle intéresse un nombre de plus en plus important d’actes médicaux ou para médicaux comme la procréation médicalement assistée, les tests et analyses génétiques (assurances, employeurs, police), l’usage des psychotropes, la médecine transsexuelle, à la numérisation des dossiers ou à la télémédecine.

Du coup, la réflexion bioéthique a généré une multitude de principes qui sont supposer la guider : la dignité, la vulnérabilité, la précaution, la confidentialité, l’égalité, la solidarité, la balance des risques et bénéfices, la protection des générations futures, la sacralité de la vie, la non commercialisation du corps, l’intégrité, la sécurité… 

Malheureusement tous ces principes ne peuvent être respectés, car ils ne sont pas toujours compatibles entre eux. Il a fallu user de casuistique pour interpréter ces principes en fonction des circonstances dans lesquels ils sont appliqués et faire appel à divers principes philosophiques pour justifier des choix contradictoires.

Ainsi, Aristote a été appelé à la rescousse en ce qui concerne la prudence ou  Kant a permis de justifier des impératifs éthiques universels et catégoriques, tandis que deux philosophes contemporains, Jonas (1979) et Engelhardt (1986) proposaient des principes opposés.

En effet,la responsabilité première et universelle selon Jonas est de préserver sur Terre une vie authentiquement humaine, qui postule le respect absolu du principe de précautionet qui est fondée sur l’existence d’une nature humaine, produit de l’évolution naturelle. Engelhardt, au contraire, laisse ouvert le futur de l’espèce humaine en lui octroyant le droit d’intervenir dans son évolution.

Or les avancées scientifiques modifient sans cesse les termes du débat. En 2012, une nouvelle technologie d’intervention dans le génome dénommée CRISPR, permet de modifier les caractères structurels et fonctionnels des organismes vivants. Cette technologie apporte avec elle la problématique de l’eugénisme. Face à cette avancée scientifique, certains s’opposent à tout usage non thérapeutique de la biomédecine au nom du respect de lanature, et d’autres, au nom du respect de la liberté individuelle d’améliorationtranshumaniste rejettent la croyance en une nature humaine intangible.

 

Ainsi, malgré les grands principes de la bioéthique, le débat reste ouvert entre ceux qui estiment que la nature humaine  doit être préservée et ceux qui pensent que l’être humain peut être modifié. La tendance actuelle de la société me parait telle que la seconde option devrait l’emporter, malgré les risques.

FIN

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