L'HISTOIRE DU DUC DE LÉVIS
François Lévis, duc de Lévis, né le 20 août 1719 au château d’Ajac, près de Limoux et décédé le 26 novembre 1787 à Arras, membre pauvre d’une des plus vieilles familles de la noblesse française, entre comme cadet dans l’armée à l’âge de 16 ans.
Il était pauvre, mais il était cependant le cousin du duc de Lévis-Mirepoix, futur maréchal de France, ce qui lui permet d’obtenir, le 25 mars 1735, une commission de lieutenant en second dans le régiment de la Marine. Il sert ensuite comme lieutenant alors pendant la guerre de la Succession de Pologne et, à l’âge de 17 ans, il est élevé au grade de capitaine.
En 1741, il servit dans le corps auxiliaire français au sein de l’armée bavaroise qui envahit la Bohême pendant la guerre de la Succession d’Autriche, participa à la prise puis à la défense de Prague et à la désastreuse retraite de 1742.
C’est ainsi que, le 19 février 1743, il traversa le Rhin pour rentrer en France avec 73 hommes, restes de quatre régiments en lambeaux, libérés au cours d’un échange de prisonniers. La même année, il se battait déjà en Allemagne.
En 1746, son régiment rallia l’armée d’Italie, dans laquelle il servit, avec le grade d’aide-major général des logis au sein du corps commandé par son cousin. Comme officier, Lévis s’était fait une solide réputation de bravoure et de compétence, mais il ne disposait pas des ressources financières qui lui eussent permis d’avoir son propre régiment. Aussi, quand on décida, en 1756, d’envoyer des renforts et un nouvel état-major, sous les ordres du marquis de Montcalm à l’armée du Canada, Lévis accepta-t-il le poste de commandant en second des troupes régulières françaises avec le grade de brigadier. Il était le numéro trois dans l’ordre hiérarchique, après Vaudreuil et Montcalm.
Il arriva à Québec, venant de Brest, le 31 mai 1756. Pendant que Vaudreuil et Montcalm préparaient la campagne d’Oswego, Lévis prit le commandement à la frontière du lac George, où il prit les dispositions nécessaires pour repousser une attaque contre le fort Carillon. Il passa l’été à envoyer des partis, formés d’Indiens et de Canadiens, ravager les établissements frontaliers américains, de façon à les obliger à y laisser des effectifs et à faire des prisonniers afin de connaitre les intentions de l’ennemi.
À l’été de 1757, Lévis organisa le train d’artillerie de siège et les transports par eau en vue de l’attaque du fort William Henry. Il prit ensuite le commandement de l’avant-garde. À l’arrivée de Montcalm à la tête du lac Saint-Sacrement, avec l’artillerie de siège, Lévis et ses 3 000 hommes avaient déjà investi le fort. Après neuf jours de siège, la garnison se rendit.
Alors que l’année 1758 vit l’arrivée de grands renforts de soldats réguliers venus de Grande-Bretagne, qui allaient attaquer Louisbourg, l’île Royale puis Québec, les forts français des lacs Champlain et Ontario ainsi que le fort Duquesne sur l’Ohio, Vaudreuil tenta de briser cette stratégie. Il donna à Lévis le commandement de trois mille hommes, dont quatre cent des meilleures troupes régulières françaises, quatre cent hommes des troupes de la Marine et le reste formé de miliciens canadiens et d’alliés indiens.
Lévis reçut l’ordre d’avancer jusqu’au pays des Agniers et de les forcer, si possible, à se joindre à lui dans une expédition contre les établissements britanniques de la Mohawk et de l’Hudson. Forcer les Agniers, la nation iroquoise la plus favorable aux Britanniques, à combattre du côté des Français eût été un dur coup porté aux Anglo-Américains. Il s’agissait aussi d’empêcher la reconstruction et le réarmement de Chouaguen et du réseau des forts qui servaient à son approvisionnement. En outre, une poussée en direction de Schenectady et d’Albany eût anéanti les projets ennemis contre les positions françaises sur le lac Champlain et permis à Montcalm de manœuvrer, avec le gros des troupes françaises, contre les Anglo-Américains du lac Saint-Sacrement.
Ce plan hardi ne put être mis à exécution, car l’on apprit que les Britanniques et les Américains préparaient une attaque contre le fort Carillon avec une armée évaluée, dans un premier temps à vingt-cinq mille hommes. Lévis et quatre cent de ses hommes d’élite prirent les devants et se dirigèrent en hâte sur Carillon. Ils y arrivèrent le 7 juillet, pour trouver la garnison française, trois mille cinq cent hommes, en train de terminer un retranchement de troncs d’arbre et des abattis au sommet de la pente, en avant du fort.
Quand les Britanniques, sous les ordres de James Abercromby, attaquèrent, le lendemain, Lévis commandait le flanc droit, qui était à découvert. Heureusement pour les Français, les Britanniques ne tentèrent pas de le contourner, mais la bataille fit rage jusqu’au coucher du soleil. Les colonnes britanniques subirent des pertes écrasantes, mais continuèrent à se reformer et à attaquer encore et encore. Après cette victoire, le ressentiment de Montcalm à l’endroit de Vaudreuil éclata en un conflit ouvert et Vaudreuil adressa au ministre de la Marine un plaidoyer pour que la demande de rappel faite par Montcalm fût acceptée et pour que Lévis fût nommé pour lui succéder au commandement des troupes régulières françaises.
Malheureusement pour le Canada, cette requête fut rejetée, mais Lévis fut promu maréchal de camp et il se retira dans ses quartiers d’hiver, à Montréal.
Au milieu de mai 1759, on s’attendait à une nouvelle attaque de la part des Britanniques. Lévis exprima encore la confiance qu’il avait que les Français s’en tireraient, pourvu qu’ils fissent une guerre de manœuvres et ne s’enfermassent point dans les postes fortifiés, contrairement à l’avis de Montcalm. Heureusement, les plans de Lévis furent adoptés autour de Québec. La rive de Beauport fut fortifiée, de la rivière Saint-Charles à la rivière Montmorency, et les lignes de défense furent poussées vers le haut de cette dernière, quand on découvrit qu’elle pouvait être passée à gué au-dessus de la chute et les positions françaises prises à revers.
Lévis reçut le commandement de ce flanc gauche, et quand, le 31 juillet, Wolfe lança une attaque de grande envergure à la Montmorency, il fut repoussé avec de lourdes pertes.
À la suite de la prise du fort Niagara à la fin du mois de juillet 1759, il apparut clairement que les Britanniques risquaient de pousser vers Montréal à partir du lac Ontario, Lévis et 800 hommes furent envoyés de Québec pour parer à cette menace. Lévis quitta Québec le 9 août.
S’il avait été présent à Québec, Levis se serait surement opposé à l’attaque en colonne, organisée par Montcalm de manière irréfléchie le 13 septembre, contre les lignes britanniques disposées sur les plaines d’Abraham
Dès qu’il apprit la mort de Montcalm, Lévis brisa les scellés de ses ordres secrets pour prendre le commandement de troupes de la Nouvelle-France.