LES ROBOTS, LE TRAVAIL, L'ÉNERGIE
Si, en raison de l’introduction des robots dans le processus de production l'emploi s’effondre, il faut donc rechercher des solutions sociales, professionnelles, politiques et éducatives :
- Une première solution au chômage technologique consiste tout simplement à s’adresser aux entreprises pour qu’elles gardent leurs employés malgré l'automatisation des tâches, ce qui est assez illusoire dans la mesure où les entreprises introduisent des robots pour réduire leurs coûts de production.
- Aussi a t-il paru plus réaliste de faire appel à la solidarité collective en versant des allocations pour assurer un niveau de vie suffisant aux personnes privées d’emploi du fait du chômage technologique, même si la réflexion autour de l’opportunité d’une telle mesure sociale reste ouvert.
- Il a paru aussi que travailler avec les robots était un moyen logique de maintenir les gens au travail (Brynjolfsson et McAfee, 2011). Selon ces derniers auteurs, la vitesse excessive avec laquelle les êtres humains organisent la croissance de la robotisation explique la montée du chômage technologique. Il s’agirait, plutôt que de remplacer les travailleurs par des robots, de trouver la combinaison appropriée de robots et d'employés pour optimiser la production en mettant en place une organisation adaptée. Cette solution fait encore appel à la bénévolence qui est loin d’être assurée sur un marché concurrentiel dans lequel la recherche du profit s’impose souvent, face à toutes les velléités de se comporter de manière socialement responsable.
- Une solution collective, destinée à lutter contre des robots de plus en plus perfectionnés, consiste à investir dans les compétences humaines, en permettant aux employés d’acquérir de nouvelles connaissances et savoir-faire. Mais on découvre désormais que les robots menacent même les emplois des employés les mieux formés et les plus compétents (Ford 2015).
- Enfin, pour avantager les employés par rapport aux robots, lesdécideurs politiques peuvent utiliser l’arme de la subvention aux emplois et l’impôt sur la robotisation, mais de telles mesures sont de nature à ralentir le processus de la robotisation plus que de le modifier
L’ensemble des solutions précédentes s’appuie sur une comparaison entre l’efficience des hommes et des robots, qui ne prend pas en compte le facteur écologique et notamment le coût de l’énergie, ce dernier étant pourtant déterminant pour évaluer le coût des robots.
Or les croissances démographique et économique engendrent une pression croissante sur la production d’énergie.
À l’horizon d’un demi-siècle, la population devrait augmenter de 40%, selon une hypothèse moyenne. Dés lors, se pose la question de la capacité de charge de la planète sur le plan environnemental. Ainsi, en 2012, l'empreinte écologique de l'humanité atteignait 20,1 milliards d'hags (hectares globaux), alors que la bio capacité de la Terre n'était que de 12,2 milliards d'hags, le nombre de hags nécessaires pour fournir les ressources indispensables à la population mondiale et pour absorber les déchets qu’elles génèrent, compte tenu des techniques et de la gestion des ressources disponibles (World Population History, 2016). La croissance prévue de la population mondiale ne peut qu’accroitre sans cesse son empreinte écologique, de plus en plus forte par rapport à la bio capacité de la Terre.
Encore faut-il y ajouter la croissance économique de l’humanité, alors que l’on prévoit que « la croissance annuelle moyenne du PIB par habitant dans l'OCDE jusqu'en 2060 serait du même ordre que le taux de 1,5% observé pendant la période précédant immédiatement la crise de 2008. » (OCDE, 2014, p 242). Un rapport publié par leséconomistes du cabinet de conseil et d’audit PwCest encore plus « optimiste » en ce qui concerne la croissance économique mondiale jusqu’en 2050, prévoyant que le volume de production mondiale doublera entre 2017 et 2042(PWC, 2017).
Si l’on fait l’hypothèse que cette croissance pourrait durer jusqu’en 2070, l’indice de la production passerait de 100 à 220 pendant cette période tandis que l’indice de la population passerait, selon la moyenne des prévisions, de l’indice 100 à l’indice 140 pendant la même période. Au total, la croissance de la consommation mondiale proviendrait pour un tiers de la croissance démographique et pour deux tiers de la croissance de la consommation individuelle.
Ces facteurs, démographiques et économiques, entrainent tous deux un accroissement de la consommation énergétique mondiale.
l’International Energy Agencyprévoit que les besoins énergétiques de la population mondiale augmenteront de 30% entre 2017 et 2040 (WEO, 2017, p 3), tout en tenant compte d’une efficacité croissante de l’usage de l’énergie. Il faudra donc trouver de nouvelles ressources énergétiques, renouvelables en partie, mais qui devront aussi faire appel au gaz naturel et à de nouvelles centrales nucléaires, ou même au charbon, même si on cherche à en limiter l’usage en raison de la pollution que son usage engendre.
L’humanité se trouvera donc, pour le demi siècle à venir, contrainte d’accroitre sa consommation d’énergie, ce qui contribuera encore à augmenter son empreinte écologique, dépassant toujours plus la capacité de charge de la planète au plan environnemental.
Références :
Brynjolfsson, E., & McAfee, A. (2011). Race against the machine: How the digital revolution is accelerating innovation, driving productivity, and irreversibly transforming employment and the economy. Digital Frontier Press, Lexington, Massachusetts.
Ford, M. (2015), Rise of the Robots: Technology and the Threat of a Jobless Future. Basic Books:New York.
OCDE (2014), Perspectives Économiques de l’OCDE, Volume 2014/1, chapitre 4, Paris, retrieved from http://www.oecd-ilibrary.org/fr/economics/perspectives-economiques-de-l-ocde-volume-2014-numero-2_eco_outlook-v2014-2-fr
PWC (2017), The Long View, How will the global economic order change by 2050, retrieved from:
https://www.pwc.com/gx/en/world-2050/assets/pwc-world-in-2050-summary-report-feb-2017.pdf
WEO (2017), World Energy Outlook 2017, Executive Summary, retrieved from https://www.iea.org/Textbase/npsum/weo2017SUM.pdf
World population History (2016), retrieved from
http://worldpopulationhistory.org/carrying-capacity/
À SUIVRE