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Le blog d'André Boyer

APRÉS YORKTOWN

28 Avril 2021 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

REDDITION DE CORNWALLIS

REDDITION DE CORNWALLIS

Le blocus reprend aussitôt après le départ de la flotte anglaise. Grasse débarque deux mille cinq cents marins pour renforcer les trois mille deux cents hommes de Saint-Simon. Le 9 septembre, arrive Barras de Saint-Laurent avec ses douze vaisseaux et frégates accompagnés des dix-huit transports chargés de l’artillerie et des munitions pour le siège.

 

À New York, Clinton reste sans réaction, car il ne comprend pas la destination prise par Rochambeau et Washington. Lorsqu'il se décidera enfin un mois plus tard, le 17 octobre, à envoyer sept mille hommes en renfort vers le sud, il sera trop tard.

Cornwallis, qui n’a plus rien à̀ espérer de la mer, se retranche au bout de la presqu’ile, dans la petite bourgade de Yorktown. Le 29 septembre, les coalisés, onze mille Français et seulement trois mille six cents  Américains et commencent le siège. Washington doit laisser le commandement effectif aux Français. La place forte anglaise ne résiste pas au feu conjugué de l’artillerie terrestre et des pièces de marine et Cornwallis, qui n’a pratiquement plus de munitions et de vivres capitule sans conditions le 19 octobre 1781. Cette éclatante victoire laisse aux Franco-Américains deux-cent-quatorze canons, vingt-deux étendards et huit mille prisonniers.  

Pour être au plus près de l’histoire, La bataille de Yorktown n’est ni une victoire américaine obtenue par Washington, ni une victoire terrestre obtenue par Rochambeau, mais une victoire navale française remportée par l’amiral De Grasse.  Elle se traduit par la prise de deux-cent-quatorze canons, vingt-deux étendards et huit mille prisonniers.  

Une fois la victoire acquise, Grasse rembarque ses troupes et lève l’ancre pour les Antilles le 4 novembre, pour les Antilles. Le 26 novembre, Bouillé débarque sur l’île de Saint-Eustache, territoire néerlandais, force la garnison anglaise à la capitulation et restitue aux Néerlandais trois millions du butin accumulé par  Rodney.  

Par ailleurs, dans l’Atlantique,  Suffren a surpris le 16 avril au Cap-Vert, les forces de Johnstone au mouillage et leur a infligé de sérieux dégâts, ce qui lui permet d’arriver le premier au Cap, en juin 1781, d’y débarquer des troupes, de sauver la colonie néerlandaise de l’invasion anglaise et de maintenir ouverte la route des Indes.

En Méditerranée, la flotte française a également manœuvré avec succès au profit de l’Espagne comme après la prise de la Floride. Le 19 août, une flotte de vingt vaisseaux français sous les ordres de Guichen, rejointe par cinquante-et-un navires de transports de troupes espagnols et leurs dix-huit vaisseaux d’escorte, deux vaisseaux de bombardement et plus de vingt navires auxiliaires a débarqué́ une forte armée pour s’emparer de la base anglaise de Minorque. L’opération a parfaitement réussie, s’accompagnant de la saisie de plusieurs frégates, encore que la citadelle, assiégée par le duc de Crillon, tiendra jusqu’en janvier 1782.

Si 1781 apparaît comme une année de victoire, la flotte française atteint cette année-là les limites de ses possibilités, en raison des progrès techniques de la Royal Navy qui introduit l’utilisation du cuivre pour doubler les carènes dés 1775, ce qui lui permet  d’accélérer la vitesse des navires et de les protéger des algues, des coquillages et des vers. Il s’y ajoute la nouveauté de la caronade, apparue  en 1774 aux forges Caron, en Ecosse. Son feu déverse un torrent de boulets de tout calibre ou de mitraille qui balaye le pont adverse et pénètre jusque dans les entrailles du navire. L’arme a été adoptée par la Navy en 1779 sans que les Français ne réagissent.

Aux limites techniques de la Marine Royale en retard par rapport à la Royal Navy, s'joutent des limites financières. Louis XVI accorde à la flotte et au financement de ce conflit des crédits presque illimités. Le budget de la Marine passe de 17,7 millions de livres en 1774 à 189 millions de livres en 1782, bien au-dessus du budget de l’armée de terre.

Lors de la troisième année de guerre, la gestion de Sartine est discutée et les rapports avec Necker, le ministre des Finances, tournent peu à peu à l’aigre. La crise ministérielle éclate en septembre 1780 lorsque le trésorier payeur général de la Marine est mis en cause pour des emprunts émis sans accord du Ministère des Finances. Sartine est renvoyé le 13 octobre 1780, remplacé par De Castries qui va conduire la guerre à son terme victorieux.

Le financement du conflit se pose dans les mêmes termes au Royaume Uni et en France. Les deux pays ont recours à l’emprunt, mais les Anglais le finance en partie par l’augmentation de la fiscalité, tandis que les seconds y renoncent, sachant que cette augmentation ne serait pas acceptée alors que la Noblesse et le Clergé y échappent. Un rapport remis au roi en mars 1782 estime le coût des cinq années de guerre à un milliard deux cents millions de livres tournois, financés par des emprunts quasiment impossibles à rembourser et  qui seront l’une des grandes causes de la Révolution française.

 

La victoire de Yorktown ne signe donc pas la fin des hostilités. Le conflit va se poursuivre avec une haute intensité pendant toute l’année 1782 et au-delà̀ avec une Marine Royale qui va souffrir. 

À SUIVRE

 

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