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Le blog d'André Boyer

L'IRAN FAIT FACE AUX ÉTATS-UNIS

7 Novembre 2021 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LE PRÉSIDENT ACTUEL DE L'IRAN, EBRAHIM RAÏSSI

LE PRÉSIDENT ACTUEL DE L'IRAN, EBRAHIM RAÏSSI

Après la mort de Khomeiny le 3 juin 1989, l’Assemblée des experts, un corps élu de religieux expérimentés,  a choisi le président sortant, l’ayatollah Ali Khamenei, comme Guide Suprême.

L’Iran se garda bien de participer à la Guerre du Golfe en 1991, tout en condamnant l’action des États-Unis et en permettant, sans rancune, à l’aviation irakienne de se poser en Iran et aux réfugiés irakiens de pénétrer sur son territoire.

Le président Hachemi Rafsandjani fut réélu en 1993 avec une majorité plus faible, qui fut attribuée par les observateurs au désenchantement engendré par une économie mal en point. C’est un religieux modéré, Mohammad Khatami, qui succède à Rafsandjani en 1997. Il a pour tâche d’entreprendre des réformes conduisant à une libéralisation modérée, sans trop mécontenter un clergé́ très conservateur. C’est une tâche classiquement difficile en Iran, qui aboutit à des protestations massives contre le gouvernement dans les rues de Téhéran en juillet 1999.

Malgré ces dernières, Khatami est réélu en juin 2001, mais les éléments conservateurs du gouvernement iranien œuvrent pour déstabiliser le mouvement réformateur, bannissant les journaux libéraux et disqualifiant les candidats aux élections parlementaires. Ce travail de sape entraine l’élection en 2005 du maire ultra-conservateur de Téhéran, Mahmoud Ahmadinejad. Son mandat se caractérise par des prises de position hostiles à l'égard d'Israël, l'arrêt des négociations sur le nucléaire et corrélativement des tensions croissantes avec les pays occidentaux.

À l’opposé de cette politique, Hassan Rohani, élu en juin 2013 à la présidence de la République iranienne, fait publiquement part de sa plus grande disposition à trouver un accord sur le nucléaire, alors que les sanctions prises par les pays occidentaux depuis plusieurs années sont de plus en plus difficiles à supporter.

Fin novembre 2013, un accord est trouvé́ entre Téhéran et le groupe 5 + 1 (États-Unis, Royaume-Uni, France, Chine, Russie + l'Allemagne), qui prévoit notamment que l'Iran n'enrichisse pas d'uranium à plus de 5 % pendant six mois, dilue la moitié de ses stocks actuels, suspende le fonctionnement de ses usines de Natanz, Fordow et Arak sans construire de nouveaux sites d'enrichissement et permette à l'AIEA d’avoir aura un accès quotidien et sans préavis à Natanz et Fordow.

En contrepartie, les Occidentaux s'engagent à̀ suspendre leurs sanctions économiques sur l'industrie, l'automobile, le commerce de l'or et surtout les exportations pétrochimiques, à ne pas essayer d'entraver la vente du pétrole iranien, encore que ces levées de sanction soient « limitées, temporaires et ciblées » et peuvent à tout moment être annulées en cas de non-respect de ses engagements par l’Iran.

Selon ces derniers termes, , un nouvel accord entre en application le 13 juillet 2015, après douze années de crise du nucléaire iranien. Puis le Président des États-Unis, Donald Trump remet en question cet accord en 2018, au grand dam des autres participants à l’accord, mais il parvient à  imposer de nouvelles sanctions qui frappent durement l’Iran au plan économique. L’Iran réplique par une guerre larvée, au Yémen par l’intermédiaire des Houthis, sous couvert desquels il frappe l’Arabie Saoudite. Le conflit touche aussi l’arc chiite, de l’Irak au Liban en passant par la Syrie, impliquant Israël.

La victoire en novembre 2020 d’un Président démocrate aux États-Unis, Joe Biden, ouvre la voie à une nouvelle négociation, mais l’élection, le 18 juin 2021 d’un nouveau Président iranien, conservateur cette fois-ci, Ebrahim Raïssi laisse entrevoir une plus grande rigidité des participants iraniens, encore que les 72% des votes obtenus par Raïssi occultent les 50% d’abstention qui le fragilise.

L’histoire de l’Iran, et de ses conflits, reste ouverte, encore qu’elle s’inscrive dans une continuité historique liée au voisinage conflictuel avec les Arabes, soumise qu’elle est au Grand Jeu entre les Anglo-saxons, les Russes et désormais les Chinois. Cette continuité est aussi déterminée par la volonté farouche des Iraniens, depuis des millénaires, à rester eux-mêmes et par conséquent à ne pas se soumettre à la domination de qui que ce soit.

 

C’est pourquoi les Américains, s’ils s’attendent à ce que les Iraniens finissent par capituler sous le poids des sanctions, se trompent, tout simplement.

 

                                                FIN

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