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Le blog d'André Boyer

LE POUVOIR ROYAL FACE AU PROTESTANTISME

5 Mars 2022 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

EN 1565, LE SAC DE LYON PAR LES CALVINISTES

EN 1565, LE SAC DE LYON PAR LES CALVINISTES

Contrairement à ce que l’on retient généralement de François 1er, à savoir sa magnificence et la fameuse bataille gagnée de Marignan en 1515, François 1er fut un roi assez catastrophique pour la France et les Français.

 

Jugez en : défait à Pavie en 1525 et prisonnier de Charles Quint, il signe le traité de paix de Madrid le 14 janvier 1526 au prix de la vente d’une partie du Trésor du Royaume, du doublement de la taille, du renoncement à ses ambitions territoriales et de la livraison en otage de ses deux garçons aînés, âgés de 9 et 7 ans, qui se morfondront plusieurs années dans une forteresse.

Et à peine est-il libéré qu’il relance la guerre contre Charles-Quint en s’alliant avec lesProtestants allemands et le sultan Soliman le Magnifique !

Son décès, en 1547, n’arrange guère les affaires de la France, au contraire. C’est l’époque de l’avènement du protestantisme et du combat qu’engagent les rois de France pour contenir et expurger de leur royaume, les tenants de la nouvelle religion. 

De 1547 à 1610 règnent successivement cinq rois, Henri II, François II, Charles IX, Henri III et Henri IV. Fils de François Ier, Henri II hérite du plus puissant et du plus riche royaume européen. Il en profite pour continuer la guerre contre Charles-Quint jusqu'à ce que les troupes françaises subissent l’écrasante défaite de Saint-Quentin qui le contraint à signer le traité de Cateau-Cambrésis (1559) qui ferme la porte à l’hégémonie du Royaume de France sur l’Europe pour un siècle.

Or, les dépenses militaires ont entraîné la multiplication des impôts et des emprunts onéreux. Le protestantisme accroît son influence. Il a fait son apparition politique en France sous le règne de François Ier avec l’affaire dites des placards : dans la nuit du 17 octobre 1534, de petites affiches, des « placards » contre la messe catholique furent apposés en plusieurs endroits, y compris sur la porte de la chambre du Roi au château d’Amboise, ce qui entraina la colère du Roi qui y vit un crime de lèse-majesté.

À sa suite, les rois de France successifs sentent que le protestantisme met leur pouvoir en danger car les Protestants contestent les fondements religieux du pouvoir royal, exigent plus de libertés locales et instillent dans les esprits le dangereux ferment de la liberté des consciences.

Vers 1560, la France comptait environ dix pour cent de protestants que l’on retrouvait plutôt chez les artisans, les bourgeois et les nobles que chez les paysans. De  plus en plus de grandes familles aristocratiques se convertissaient au protestantisme. La tension entre les Catholiques et le pouvoir royal d’une part, les nobles et les bourgeois protestants d’autre part, atteignit son paroxysme en 1562 lorsque se produisit un soulèvement général des Protestants qui prirent le contrôle de nombreuses villes.

C’est le 18 août de la même année que fut déclenché le massacre de la Saint-Barthélemy dont Charles IX accepta officiellement la responsabilité. Ce faisant, il inaugurait le début des guerres de religion qui durèrent trente ans.

C’est alors que se développa la revendication d’un pouvoir local capable de faire front face à l’autorité du roi, que s’organisa une union des provinces protestantes du Midi, que fut publié le « Franco Gallia » de François Hotman qui contestait la « puissance absolue, excessive et infinie » des rois, et que la France basculait dans l’anarchie, partagée qu’elle était entre ligueurs catholiques et forces protestantes.

Finalement, lorsque tous les protagonistes du conflit furent suffisamment épuisés pour aspirer à la paix, Henri IV parvint à se faire sacrer roi en 1594 en abjurant la foi protestante.

Il entreprit la reprise en main du royaume en s’appuyant sur les trois forces politiques en présence, le parti protestant, les catholiques royalistes et les catholiques ligueurs qui étaient toutes trois convaincues que la paix devait revenir afin que les affaires reprennent et que seul Henri IV pouvait incarner ce consensus.

Le retour du pouvoir royal se traduisit aussitôt par l’alourdissement de son emprise sur les richesses du pays. L’administration du royaume envoya systématiquement des commissaires du roi, les ancêtres des intendants : la monarchie centralisatrice s’installa et les paysans furent écrasés de charges.

Tandis que le discours idéologique de l’époque distillait l’image du paysan trouvant chaque dimanche sa « poule au pot », l’ambassadeur anglais Carew écrivit en 1609 : « On tient les paysans de France dans une telle sujétion qu’on n’ose pas leur donner des armes [...]. On leur laisse à peine de quoi se nourrir. ».

Heureusement pour sa postérité, Henri IV finit par se faire assassiner le 14 mai 1610 au moment où il s’apprêtait à reprendre la guerre contre l’Espagne.

 

L’histoire officielle s’est servie de cet assassinat afin de lui octroyer l’image d’un roi consensuel et martyr plutôt que celle d’un roi guerroyeur et affameur, image qui lui correspondrait pourtant mieux que la précédente.

 

À SUIVRE

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M
Instructif.
Répondre
A
Merci<br /> Amitiés, <br /> André