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Le blog d'André Boyer

HORREUR! MÊME MES TARTINES ONT UNE EMPREINTE CARBONE!

21 Avril 2022 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

HORREUR! MÊME MES TARTINES ONT UNE EMPREINTE CARBONE!

Le réchauffement climatique, les gaz à effet de serre, la hausse du prix des céréales, les mesures à prendre. Dans un demi-sommeil, je me souviens de mes tartines du petit-déjeuner.

 

Une grosse tranche de pain achetée chez l'un des trois boulangers du village ; j’aimais qu’elle soit dotée d’une croûte bien croquante, assez large. J’y ajoutais une épaisse couche de beurre qui embaumait les verts pâturages des Alpes. Elle n’était pas complète sans une bonne dose de confiture qui couvrait tout le beurre. Puis, encore somnolent, je trempais la grosse tranche d’un geste automatique dans mon café au lait, avec la conviction que le mélange de pain, de beurre, de confiture, de café et de lait me fournirait l’énergie nécessaire pour supporter l’école jusqu’à la récréation. À ce moment-là, j’avais bien l’intention de dévorer quelques biscuits. 

C’était autrefois.

Aujourd’hui, je veux du pain bio cuit dans un four solaire, j’ai remplacé le beurre par un produit sans cholestérol ; je m’assure que la confiture a été fabriquée dans des conditions sanitaires irréprochables sans trop de sucre ajouté, et qu’elle est conservée dans un bocal recyclable que j’utilise pour y ranger des stylos avant de le jeter dans une poubelle verte. Je lis les étiquettes.

Désormais, je me soucie de l’empreinte carbone de ma tartine du matin et il n’est plus question que j’écoute mes désirs, car ils conduisent à la catastrophe. En effet, un rien, un tout petit rien dans mes comportements peut  provoquer la hausse du niveau des mers ! Je pense sans cesse aux îles du Pacifique et à la survie des populations, d’autant plus que les médias se chargent de me le rappeler à chaque bulletin d’information.

Il n’est plus question que je fasse confiance à la nature. Certes, autrefois elle était hostile, mais on pouvait s’y fier, c'était du solide. Quantité de choses échappaient à mon contrôle. Mon destin n’était qu’un destin. Ce qui restait entre mes mains me paraissait léger. J’essayais d’avoir des opinions personnelles d'autant plus que j’étais sûr qu’elles n’auraient pas d’effet désastreux. Je ne craignais pas mes faiblesses, personne ne m’en ferait le procès. Je vivais avec des gens qui étaient mes pareils à ceci près qu’ils n’avaient ni les mêmes habitudes ni les mêmes désirs que moi. Certains aimaient les grosses voitures, d’autres le hockey sur gazon et même quelques-uns adoraient l’eau minérale. Je me fixais des objectifs à ma mesure. Je ne portais pas le poids du monde. Il y avait Dieu, la raison, la morale, et il existait ailleurs d’autres formes de sagesse. J’avais des marges de manœuvre que personne ne venait me contester.

Aujourd’hui, je suis effrayé comme tout le monde par la guerre, par le réchauffement climatique, par les virus, par le déficit alimentaire et par les biotechnologies ; j'ai des décisions à prendre tous les jours afin de préserver l’avenir. Je redoute les informations télévisées, WhatsApp et Twitter qui me disent ce que je devrais faire alors que je ne le fais pas. Je me méfie de tout, à commencer par mon égoïsme. Je ne sais plus quoi exiger des gouvernements, des religions et du patronat puisque je suis comptable avec eux de ce qui va survenir. Ma mauvaise conscience en hausse, je révise sans arrêt mon programme à la baisse.

 

Il vaut mieux que je me rendorme. Car il ne reste plus que mes rêves pour me retrouver dans le paradis désormais perdu de mon insouciance et de mon irresponsabilité passées…

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P
C'est pour cela que je fais de longues siestes maintenant !
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A
Bonne excuse, feignant! <br /> Amitiés, <br /> André