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Le blog d'André Boyer

Le secret d'une vie

28 Juillet 2010 Publié dans #INTERLUDE

Nous avons quitté Lady Slane juste avant son mariage, alors qu’elle se sentait piégée par Henry lorsqu’elle lui déclarait souhaiter faire sérieusement de la peinture. Ce dernier avait pris sa déclaration à la légère et ajouté, qu’à son avis, elle aurait bien d’autres activités pour occuper son temps. Lady Slane avait aussitôt  compris que c’était lui signifier qu’un rôle lui était assigné dans sa vie, qui avait peu de choses à voir avec ses désirs, ses aspirations ou sa volonté personnelle.

1829362369_small_1.jpgQuand elle regardait sa vie au moment où elle s’achevait, elle comprenait bien que son rôle avait été d’être l’épouse d’Henry. S’était-il vraiment occupé d’elle ? Certes, elle devait bien reconnaître qu’elle avait mené une vie protégée. Mais Henri ne compensait-il pas ainsi ce qu’il lui avait imposé, le renoncement à sa liberté ? Ce qui la poussait à s’interroger, avec un détachement qui l’effrayait, sur la véritable nature de leur entente à tous deux ?

Le terme qui lui venait à l’esprit était celui de « confusion ». Pourtant, ses proches jugeaient que son mariage avait été une réussite parfaite et sa vie, une belle vie, qu’elle avait eu une vie heureuse. Heureuse ? qui pouvait vraiment affirmer qu’elle l’avait été ! Heureuse ! C’est un terme qui ne veut rien dire parce qu’il n’exprime en rien la complexité, la variété, la subtilité d’une vie !

Pour commencer, pouvait-elle affirmer qu’elle avait vraiment aimé son mari ? Ce n’était pas si simple à exprimer. En pensant à cet amour, elle voyait une longue ligne droite traversant sa vie, qui l’avait souvent blessée mais dont elle ne s’était tout simplement jamais sentie capable de s’éloigner. Elle avait tout abandonné pour lui, ses ambitions, sa vie personnelle, et, pour cette raison, elle pouvait bien en conclure qu’elle l’avait aimé, sans l’ombre d’un doute. Par contre, Ils avaient été comme deux versants d’une même colline, Henry l’homme d’action et elle, la contemplative. Or Henry l’avait privée de sa vraie vie pour vivre complètement la sienne et elle s’y était soumise à contrecoeur. Certes, il lui avait offert une autre vie, plus vaste. Certes, elle devait bien convenir qu’une part au moins de son être l’avait accepté puisqu’elle s’était donnée à ses enfants comme s’ils comptaient plus qu’elle-même. Mais au total elle n’avait jamais pu vivre sa propre existence, à laquelle s’était substituée celle qu’Henri et leurs enfants lui avaient imposée, à elle !

 

L’été avait pris fin. Au lieu de séjourner dans le jardin, Lady Slane effectuait de petites promenades sur Hampstead Heath, magnifié par ses arbres brunis et son horizon bleuté. Les visiteurs pour Lady Slane étaient rares ainsi qu’elle l’avait souhaité ; somme toute elle menait une existence agréable, faite de routines et de petites douleurs. La vie se limitait à de tout petits événements, un coup de sonnette, un colis de livres, des muffins pour le thé. Elle avait oublié que jusqu’à son terme, la vie réserve des surprises.

Cette dernière vint de l’irruption inattendue d’un certain FitzGeorge, qui lui rendit un jour visite en se présentant comme l’ami de l’un de ses fils et qui lui expliqua qu’il l’avait autrefois rencontré en Inde. Apparemment, avec un certain sans gêne, comme en jugea Lady Slane, il tenait à lui en rappeler les circonstances. C’était il y a bien longtemps et Monsieur FitzGeorge était alors un tout jeune homme. Doté d’une lettre d’introduction auprès du gouverneur, qui n’était autre que l’époux de Lady Slane, il n’avait reçu qu’une vague invitation à dîner. C’est alors qu’il l’avait rencontré et il gardait encore le souvenir d’une vive et ardente jeune femme. Lady Slane l’écoutait, surprise, ne sachant quoi penser, tandis que FitzGeorge ne pouvait s’empêcher d’être aujourd’hui encore fasciné par la beauté de Lady Slane, son raffinement, sa fragilité, sa svelte silhouette blottie dans son fauteuil. Il lui lança tout à trac : 

« Lady Slane, je ne suis pas sûr que vous étiez vraiment heureuse d’être vice-reine?». Devant son air un peu interloqué, il poursuivit :

« J’ai été vraiment choqué de vous voir au milieu de tous ces pantins. Bien sûr, vous teniez fort bien votre rôle, mais en même temps il me semblait que vous étiez en train de renier votre nature profonde »

C’est alors que Lady Slane se souvint de la scène qu’évoquait FitzGeorge. Elle se revit sur la terrasse de la ville indienne  de Fatihur Sikhri, au Cachemire, avec ce jeune homme qui se tenait à ses côtés. Un vol de perruches bleu les avait frôlés et FitzGeorge, elle s’en souvenait maintenant, lui avait fait remarquer l’harmonie de leur plumage. Il avait ensuite observé ce qu’il considérait comme une étrangeté, toutes ces mosquées, ces cours, ces palais où ne vivaient que des oiseaux et d’autres animaux. Maintenant, elle se rappelait qu’elle lui avait rétorqué qu’il n’était qu’un romantique, le regard qu’il lui avait alors lancé qui lui avait donné la  sensation physique qu’il lisait au travers elle. Ce n’est qu’après son départ du palais pour un voyage qui devait le conduire à constituer une extraordinaire collection d’œuvres d’art, qu’elle avait eu l’impression qu’une charge de dynamite venait littéralement d’exploser dans les profondeurs de son être.

Comment pouvait-il se faire qu’un simple regard ait suffi à révéler d’un coup le secret de son être, un secret qu’elle avait toujours voulu préserver?

 

 

 

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mon blog le plus court

22 Juillet 2010 Publié dans #INTERLUDE

RainJoan.jpgEn plus d'être le plus court, on peut dire aussi que ce blog est le plus sexiste de ceux que j'ai publié, parce que la lecture que je recommande ne s'adresse vraiment qu'aux hommes. Ces derniers sont priés de se précipiter sur la nouvelle de Somerset Maugham intitulée "LE FLEAU DE DIEU". Ceux qui ne se font pas, ou plus, d'illusion sur leur capacité à résister à la rouerie féminine, seront littéralement pliés de rire en lisant les aventures de Ted le Rouquin. Du moins, il y a longtemps qu'une lecture n'avait provoqué chez moi des larmes de rire! 

Quant aux dames, la lecture peut aussi leur être recommandée, à condition d'accepter de rire jaune... 

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Le droit de vivre comme on l'entend?

19 Juillet 2010 Publié dans #INTERLUDE

Pour Lady Slane, le temps était enfin venu de faire le bilan de sa vie.

chevaux013-1-.jpgElle se rappela donc le jour lointain de ses fiançailles avec Henry. Le moment où elle avait suivi son futur époux dans le jardin, l’instant où il s’était assis à ses côtés prés du lac et  celui où il s’était penchée vers elle en lui parlant tout d’un coup d’un ton grave pour lui demander de devenir sa femme. Soudainement, il s’était situé dans un autre monde, celui des gens qui se marient, conçoivent, portent et élèvent des enfants, donnent des ordres aux domestiques, payent leurs impôts, jonglent avec les dividendes. Et il voulait l’entrainer dans ce monde !

C’était impossible qu’elle accepte ! c’était ridicule ! Elle lui avait lancé un regard apeuré qu’il interpréta dans vergogne comme une approbation. Du coup, il la prit dans ses bras et l’embrassa sur les lèvres ! Avant d’avoir vraiment réalisée ce qui lui arrivait, elle vit sa mère sourire avec des  larmes dans les yeux, son père poser la main sur l’épaule d’Henri, ses sœurs lui demander d’être ses demoiselles d’honneur et Henri la regarder avec un air de propriétaire. Un sentiment de panique l’envahit qui lui enleva tous ses moyens. Qui était donc cette Deborah que l’on venait de demander en mariage?

À 88 ans, elle pouvait enfin s’offrir ce luxe suprême de contempler sa vie sans aucune retenue.

Elle revit la jeune fille qu’elle était, marchant à pas lents, songeuse, les yeux baissés. Fraiche comme la rosée, fragile, impatiente. Elle revit sa peau tendre, ses courbes délicates, son regard profond et brillant. Elle ressentit sa jeunesse d’autrefois, pleine d’espoirs immenses. Ses rêves de fuite, de déguisements, sa vocation de peintre qu’elle sentait encore aujourd’hui vibrer en elle. Elle pensait toujours que la vie de créateur était la seule qui valait la peine d’être vécue, la vie de quelqu’un qui saurait pénétrer au cœur des choses. Elle se rappela les mois pendant lesquels elle avait secrètement vécu sa passion, préparant avec soin la réalisation de son projet. Pour que la lumière l’inonde à nouveau lorsqu’elle se sentait faiblir, il lui suffisait d’imaginer à quel point sa vie serait vide sans la peinture. Elle se remémora le soin extrême qu’elle avait mis à cacher son projet, l’image docile qu’elle s’efforçait de donner à son entourage.

C’est cette Deborah qui se sentit brutalement écrasée par les principes établis, au nom desquels on lui demandait de se marier pour vouer toute son existence à son futur époux. Sur ces principes, l’unanimité était totale, au point qu’elle en était presque convaincue elle-même. Elle sentait une sorte de toile d’araignée se tisser autour d’elle, en elle. Lorsque Henry revint avec  une bague et que sa mère lui remit, brodé par des D et H entrelacés, suffisamment de linge pour gréer un voilier, elle se sentit définitivement perdue. Elle devint alors indifférente à toute l’agitation faite autour de son mariage. Et surtout elle ne comprenait toujours pas pourquoi elle devait renoncer à sa vie personnelle. Une timide tentative de dialogue avec Henry finit de l’édifier. Verrait-il un inconvénient à ce qu’elle fasse de la peinture ? Mais non, mais non ! il n’y voyait aucune objection ! Mais lorsqu’elle lui avoua qu’elle songeait à quelque chose de plus sérieux qu’un simple passe-temps, il se mit à sourire et lui déclara avec tendresse et un petit air supérieur, qu’à son avis, elle aurait bien d’autres activités pour occuper son temps !

Elle se sentit alors totalement piégée, et le détesta pour sa suffisance et la tranquille assurance avec laquelle il prenait la tête de la conspiration générale qui visait à l’empêcher de vivre comme elle l’entendait.

Elle avait bien compris que cette conversation marquait la fissure profonde qui venait de s’ouvrir entre le monde et elle. Ce qu’on lui signifiait, c’est qu’elle avait un rôle à jouer dans la vie et qu’elle n’avait qu’à s’y conformer, et avec grâce si possible. 

 

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Quel choix est le bon?

16 Juillet 2010 Publié dans #INTERLUDE

Le texte ci-après est inspiré d’un livre de Vita Sackville-West, « Toute passion abolie ». Il raconte l’histoire d’une vieille dame de 87 ans qui nous pose à tous, jeunes et vieux, la question du sens de notre vie.

Vita-Sackville-West-copie-1.jpgDans la vie, quel choix est le bon ? faut-il faire le choix que tous attendent autour de nous, parents, amis, opinion ? Ou faut-il prendre la voie qui est celle de notre intime conviction? Naturellement, nous sommes  tenté de penser que la seconde solution est la bonne, mais quel courage elle suppose, quel égoïsme elle nécessite, quelle solitude elle engendre ! Tandis que la première solution, nourrie de conformisme et de lâcheté, permet de nous évader de nous-mêmes en faisant ce que les autres nous demandent et en nous consacrant à eux. C’est la question que nous pose lady Slane, quel choix est le bon, celui de notre inclinaison ou le poids des convenances ?

À la mort de son mari, le comte de Slane, un homme fort important, les enfants de la vieille dame, désormais veuve et âgée de 87 ans, confèrent sur le sort de leur mère, qu’ils n’imaginent pas avoir des idées personnelles. Pour eux, il faut vendre la maison devenue trop lourde pour elle et l’héberger à tour de rôle. Devant le corps à peine froid de leur père, leur réalisme fait plaisir à voir, on sent qu’ils ont pensé à tout cela depuis fort longtemps.

La surprise vient de Lady Slane qui, tout en acceptant de vendre et de donner tout ce que l’on voudra, déclare tout de go qu’elle ira vivre seule à Hampstead, dans une maison qu’elle a vue et aimée du premier coup d’œil il y a trente ans. Tout en étant inquiets pour la santé mentale de la vieille dame finissante, ses enfants n’osent pas s’y opposer. Car ses motifs ne sont pas si stupides : après tout, elle s’est trop longtemps  préoccupée de l’opinion des autres pour ne pas prendre enfin le temps de vivre. Elle souhaite se comporter désormais comme une égoïste.

Contre toute attente, la maison que vise Lady Slane est à louer et cette dernière s’y installe en compagnie de sa servante ; le propriétaire des lieux se révèle charmant, à l’instar de son homme à tout faire. C’est que ce propriétaire, Monsieur Buckrout, fut autrefois un implacable et respecté homme d’affaire (« plus vous êtes implacable, Lady Slane, plus on vous respecte ! »). Il sait que ni la douceur, ni la modestie, ni la gentillesse ne payent dans ce monde construit sur la compétition, tant et si bien que seuls les poètes et les personnes très âgées peuvent encore s’opposer au modèle qui gouverne le monde. Or qui peut dire si cette fameuse compétition n’est pas une simple convention plutôt qu’une réelle nécessité, une simple illusion plutôt qu’une loi naturelle ? Qui sait si un jour les hypothèses qui fondent la compétition n’apparaîtront pas délirantes ?

Du coup, en la seule compagnie de ces deux vieux messieurs et de sa servante, Lady Slane se sent bien, sans doute pour la première fois de sa vie. Pour sa part, elle n’a jamais remis en question les lois qui gouvernent le monde, les partis politiques, les conflits internationaux, l’industrie ou la naissance. Elle a toujours cru que c’était un jeu nécessaire puisque les gens qui semblaient intelligents s’en nourrissaient, mais en même temps elle avait toujours eu l’impression de vivre  dans une humanité immergée dans les illusions, embarquée dans des rêves dérisoires. Elle observait avec tristesse que ses propres enfants, nourris malgré elle de cette philosophie, vivaient dans un univers stérile basé sur l’effort et la compétition. Ils ne pouvaient jamais se contenter d’être, d’être tout simplement !

 

C’est alors qu’elle se rappela cette nuée de papillons jaunes et  blancs qui voletaient autour de la voiture dans le désert persan, dansant autour d’eux. Dansant dans la lumière, ils personnalisaient ses pensées les plus insolentes, ses rêves les plus fous. 

 

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Que faire?

8 Juillet 2010 Publié dans #PHILOSOPHIE

Que faire ?

Dans l’article du 26 juin dernier, intitulé «  Qui est ce sage qui prétend décider pour moi ? », j’observais que j’avais beaucoup de mal à distinguer un sage, dans la foule des insensés, des ignorants et des escrocs qui dirigent les sociétés humaines. De plus, s’il est vrai que je suis sûr de presque rien, je sais au moins qu’il est inimaginable que j’abandonne à qui que ce soit la responsabilité de ma vie, car ce serait en complète contradiction avec le sens même de la condition humaine.

Laurent Terzieff Photo J VAUCLAIRCar l’homme, depuis qu’il a superposé la conscience à l’instinct, se trouve par définition contraint de prendre ses responsabilités. Alors, que faire ? La conscience que nous avons de notre condition humaine nous répond : il n’y a pas de guide, nous avons l’entière liberté et la totale responsabilité de nos pensées et de nos actes.

Lorsque nos affaires prospèrent, nous reconnaissons volontiers que c’est grâce à notre intelligence, notre activité, notre chance. Seuls les vrais philosophes vont bien parce que le soleil se lève à l’horizon, et que les oiseaux gazouillent. Lorsque nous allons mal, c’est la faute de la science, de l’argent, de la société ou de notre prochain. Ce n’est pas parce que nous avons mal agi. Il nous faut résoudre cette attitude schizophrène qui nous écartèle, accepter de reconnaître que le mal, notre mal existe.

Puisque nous sommes irrémédiablement seuls, orphelins perdus dans l’Univers, notre guide reste encore et toujours la conscience de notre condition, qui nous oblige à donner un sens à notre vie. Nous avons impérieusement besoin de lui donner une valeur qui la transcende. Ni les développements merveilleux de la technique, ni les querelles de la vie en société, ni même les fulgurances de l’art ne nous permettent d’échapper à cette nécessité.

Encore et toujours, il nous reste l’entière et lourde charge de donner un sens à notre vie. Sur quelles fondations ?

En raison de sa conscience aiguë d’être vivant, l’homme est pris entre deux feux. D’un côté, il a sans cesse l’obsession de perfectionner ses outils, de contrôler au mieux sa biosphère, et d’un autre côté il lui insupporte de ne pas être le créateur de ce monde.  Il en conçoit une angoisse devant la mort, l’infini et l’incompréhensible, qui le conduit notamment à sacrifier aux vertiges de la consommation pour oublier toutes ces horreurs.

Pourtant, une sorte de force s’impose à lui, selon une logique qui le dépasse et qui emporte les sociétés qu’il a fabriquées au fil du temps. C’est cette logique autonome qui l’a contraint malgré lui à dépasser l’ère de la chasse, et toutes les ères suivantes. Il a avancé de la sorte, en élaborant des systèmes de plus en plus complexes qui ont pour vertu de libérer les individus des contingences physiques, au point de leur permettre de vivre dans l’espace et pour vice de rendre ces systèmes de plus en plus dépendants de l’écosystème.

On commence à entrevoir le moment ou l’interférence entre la technologie et la nature deviendra si prégnante qu’elle menacera la survie de l’humanité tout entière. On peut pourtant se rassurer sur ce point, qui inquiète tant nos sociétés, en observant qu’il s’agit du risque qui menace tout système en expansion, un risque que l’homme est fort capable de maîtriser en inventant de nouvelles techniques orientées vers le maintien de sa biosphère. Mais de mon point de vue, le danger principal qui guette l’espèce humaine réside dans le fétichisme pour les outils intellectuels forgés par les hommes dans le passé.

Ce fétichisme les empêche de modifier leur vision d’un monde, un monde qui a changé, précisément sous l’influence de ces outils qui sont aujourd’hui dépassés. 

 

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La vie de ses rêves

30 Juin 2010 Publié dans #INTERLUDE

L’autre jour, j’ai découvert quelque part ces réflexions sur la vie et sa part de rêve que je vous soumets :

186500323Chacun se demande s’il va réussir, s’il est en train de réussir ou s’il a réussi sa vie. Encore faut-il se mettre d’accord sur ce que c’est une vie réussie. Je vous en propose une définition, à discuter : une vie réussie est une vie menée selon ses souhaits, conduite en accord avec ses valeurs, et dans laquelle on ne s’est pas égaré à faire n’importe quoi. Pour se rendre compte à quel point l’on fait souvent n’importe quoi de sa vie, un bon exercice consiste à se demander ce que l’on ferait ou ne ferait pas si l’on savait que l’on n’a plus qu’une semaine à vivre. En d’autres termes, si l’on essayait de vivre en ne faisant que l’essentiel et l’on découvrira probablement que la majeure partie de nos actes n’ont aucune valeur aucun intérêt aucun objectif, juste des habitudes, des réflexes, des fuites.

C’est que nous avons généralement un problème, c’est celui de choisir ce que l’on veut faire dans la vie. Très souvent, nous arguons que nous n’avons pas le choix, que nous sommes obligés d’agir comme nous le faisons, alors que si nous avions vraiment le choix, nous procéderions tout autrement. Mais c’est naturellement faux, car nous savons bien que nous avons toujours le choix. Si nous avons l‘impression que ce sont les autres qui choisissent pour nous, cela signifie simplement que nous choisissons de les laisser décider pour nous.

Choisir signifie que nous nous donnons la liberté de rester maître de son destin, et cette liberté est indispensable pour se sentir heureux, car c’est tout à fait impossible lorsqu’on a le sentiment d’être victime des événements ou des autres.

Ce problème du choix se situe dans notre peur, celle de se lancer dans l’inconnu  parce que l’on croit à quelque chose : imaginez un instant que vous changiez de vie, de travail, d’amis, de relations, mais que vous soyez contraint de le faire pour des raisons professionnelles : ce sera pénible, mais vous parviendrez probablement à reconstruire une nouvelle vie tout en vous félicitant de votre capacité d’adaptation. Mais si vous prenez la même décision sans contrainte, sans justification extérieure, on vous traitera de fou ou de folle, vous aurez le plus grand mal à vous justifier  et vous vous sentirez mal à l’aise, car nous sommes sans cesse influencés par la manière  dont les autres nous voient, qui détermine en grande partie la façon dont nous nous voyons nous-mêmes. Ce regard des autres implique que la réalisation de nos aspirations dépend fortement du soutien apporté par ceux qui nous entourent qui ont donc en partie la capacité de réduire nos rêves à néant.

Afin de remettre en question ses actes quotidiens, il est nécessaire d’échapper de temps en temps à tous ces déterminismes, en s’offrant une part de rêve : celui d’appartenir à un monde où tout est possible, celui de faire comme si l’on était un être parfait, doté de toutes les qualités imaginables et penser alors à ce que serait notre métier, nos relations, notre vie tout entière. Et du coup, nous pouvons prendre conscience que ce sont nos peurs et notre refus de choisir la vie que nous souhaitons qui font obstacle à la réalisation de nos rêves.

Or, même si nous ne devons pas oublier que nos décisions peuvent nuire aux autres, il reste que chacun de nous est fondamentalement libre de vivre sa vie. C’est pourquoi d’une part nous ne devons pas confier nos projets aux gens qui cherchent à nous décourager pour répondre à leurs besoins psychologiques,   et d’autre part avoir auprès de soi quelqu’un qui croit en vous, en vos qualités, en vos capacités. Mais même dans ce cas, il reste un dernier obstacle pour réaliser ses rêves, celui d’avoir la force de faire un choix qui coûte et donc de renoncer à quelque chose, autrement dit de faire des sacrifices pour avancer sur sa voie. Sur cette base, l’on peut véritablement commencer une nouvelle vie, fruit de ses décisions, de ses choix, de sa volonté.

Et l’on peut alors laisser de côté les doutes, les hésitations, la peur d’être mal-jugé, de ne pas être capable, de ne pas être aimé et les difficultés deviennent des épreuves à passer, des moyens pour évoluer et la vie devient une aventure que l’on construit et non un châtiment que l’on subit…

 

 

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