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Le blog d'André Boyer

L'ÉTERNELLE BATAILLE DE QUÉBEC

28 Août 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

L'ÉTERNELLE BATAILLE DE QUÉBEC

LES IMMENSES POSSESSIONS FRANÇAISES EN AMÉRIQUE DU NORD VERS 1750

Couramment appelée « La bataille des plaines d’Abraham », la bataille du 13 septembre 1759 reste un moment décisif pour l’identité des Québécois. Ce jour là, les troupes anglaises d’invasion du général Wolfe battent les troupes françaises dirigées par le marquis de Montcalm et occupent Québec.

 

La bataille ne s’est pas achevée avec la prise de Québec. Elle dure toujours.

Elle avait déjà commencé le 16 octobre 1690, lorsque les Anglais, ayant capturé Port Royal, tentèrent de prendre la ville de Québec par l’intermédiaire de la milice américaine et furent repoussé par les tirs de canon commandés par le comte de Frontenac depuis le haut de la falaise. 

Puis il y eut la guerre de Sept Ans (1756-1763), sous le règne de Louis XV. Cette guerre, la première que l’on puisse qualifier de « guerre mondiale », s’est déroulé sur plusieurs théâtres d’opération, l’Europe, l’Amérique du Nord, l’Inde et les Philippines, entre les royaumes de France et d’Espagne, les États des Habsbourg et l’Empire Russe contre le royaume de Grande-Bretagne et le royaume de Prusse.

Cette guerre de Sept ans provient d’une part de la volonté de la Prusse d’arracher la riche province de Silésie et d’autre part des visées de la Grande-Bretagne sur la Nouvelle-France qui inclut l'Acadie, le Canada et la Louisiane, les Antilles et l’Inde française.

En Europe, les manœuvres de Fréderic II, le roi de Prusse ont contraint la France à un renversement complet d’alliance qui la conduit à rallier l’Autriche en 1756 et s’adjoindre la Suède en 1757, contre la Prusse et la Grande-Bretagne qui sont les puissances émergentes du XVIIIe siècle.

Mais la France reste au XVIIIe siècle, comme aujourd’hui encore, la première puissance militaire d'Europe. Elle possède une énorme armée de quatre cent mille hommes et une marine de très bonne qualité, quoique inférieure à celle des Britanniques.

Le gouvernement français s’inquiète de la situation en Amérique du Nord car l’immigration française reste trop limitée en nombre, ce qui ne lui permet pas d’assurer une défense efficace de son empire colonial. Or elle détient alors plus de la moitié de l'Amérique du Nord, avec une partie du Québec actuel et la plus grande partie de l'actuel centre des États-Unis. Sa frontière s’étendait en effet, au Nord, de la limite de l'actuel Labrador, faisait une parabole passant au-dessous de la baie James pour aller contourner le lac Manitoba et le lac Winnipeg, au centre de l'actuel Manitoba et descendait jusqu'au golfe du Mexique, en suivant le fleuve Mississippi.

L’ensemble formait un croissant bordé par un chapelet de fortins et de postes, réunissant le Canada aux possessions du sud, qui encerclait les treize colonies britanniques de la Côte Atlantique concentrées dans une bande d’une centaine de kilomètres. Les Français étaient fortement concentrés le long du Saint Laurent et en Acadie, mais un petit nombre vivait à la Nouvelle Orléans, le long du Mississipi et dans l’Illinois. Les trappeurs et les commerçants voyageaient sur les eaux du Saint Laurent et du Mississipi.

À l’est, les colonies britanniques vingt fois plus peuplées aspiraient à s’étendre à l’ouest. Entre les deux, de larges territoires étaient contrôlés par des tribus indiennes, avec lesquelles les uns et les autres passaient des accords, nettement plus nombreux avec les Français qu’avec les Anglais. De son côté, dans l’Est de l’Amérique du Nord, l’Espagne ne revendiquait que la Floride peuplée d’à peine quelques centaines d’habitants. 

 

Les possessions britanniques se trouvaient donc isolées à l’est des Appalaches et les colons anglo-américains étaient bloqués dans leur progression vers l’ouest du continent par les possessions françaises.

 

À SUIVRE

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Victoire militaire et défaite diplomatique

21 Août 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

Victoire militaire et défaite diplomatique

LA PRISE DU FORT DE MALAKOFF EN SEPTEMBRE 1855, PAR HORACE VERNET

 

 

Le 8 septembre 1855, après deux mois de bombardements incessants et une préparation d'artillerie de trois jours, les Français et les Anglais reprenaient l'offensive à Sébastopol.

 

Après cinq heures de lutte corps à corps, les zouaves du général Mac-Mahon se distinguaient encore en s'emparant de haute lutte du fort de Malakoff. À cette occasion, Mac-Mahon répondit à la question d'un officier anglais par cette expression fameuse : « Dites à votre général que j'y suis et que j'y reste ».

La prise de Malakoff menaçant d’encerclement total la place forte, Gortchakov, tout en refusant de capituler, fit évacuer Sébastopol en passant de nuit sur un pont jeté sur la rade. Les magasins et les vaisseaux furent incendiés, les fortifications détruites et les troupes franco-anglaises firent leur entrée dans la place le 10 septembre 1855, ce qui permit aux Anglais, toujours pratiques, de raser systématiquement les ports, les docks, les bassins et les casernes de la place forte.

Les Russes s’étaient extraordinairement bien battus mais la prise de Sébastopol constituait un incontestable revers qui contraignit le Tsar Nicolas 1er à signer les conditions préliminaires de paix le 1er février 1856, dont la ratification finale se déroula lors du congrès de Paris, du 28 février au 30 mars 1856.

Cette guerre avait révélé la faiblesse de l’organisation logistique de l’armée française, car la flotte ne disposait pas des moyens nécessaires pour assurer le ravitaillement du corps expéditionnaire et parce que la situation sanitaire des troupes au sol s’était révélée catastrophique : sur les 95.615 morts de l’Armée française en Crimée, 10.240 tombèrent au combat, 10.000 moururent de leurs blessures dans les hôpitaux et les 75.000 autres succombèrent de maladies infectieuses, notamment du typhus et du cholera.

Pourtant, malgré cette impéritie, l’impact de la guerre de Crimée fut considéré comme positif par l'opinion française parce que l’armée française, ayant triomphé de l’armée russe, pouvait être qualifiée de première armée d’Europe! 

C’est pourquoi, le 29 décembre 1855, les quelques divisions revenues de Crimée furent acclamées à Paris. « Ils sont entrés en tenue de campagne, raconte Prosper Mérimée, avec leurs vieilles capotes déchirées, leurs drapeaux en loques et leurs blessés marchant en avant avec les vivandières. Il y a eu une nuée de larmes. Le général Canrobert pouvait à peine se tenir à cheval d’émotion. »

La guerre de Crimée se révéla néanmoins catastrophique pour la France, parce qu’elle était dénuée d’objectif stratégique et que le nombre de morts était très élevé. Les bénéficiaires de la guerre étaient l’Angleterre, la Turquie et l’Autriche, tandis que la France, en dehors de la gloire, n’y gagnait qu’une solide rancune de la part de la Russie, rancune qui la priverait de tout allié lors de la guerre de 1870.

Sur le coup, on se rengorgea de ce que Paris soit la ville du Congrès de la paix, on glosa sur la soi-disant « prépondérance » française en Europe. La France était la plus grande, la plus forte, la plus généreuse, elle seule pratiquait une « juste » politique des nationalités qui visait à donner à chaque peuple un territoire souverain. Ainsi, une fois encore, après la Révolution et l’Empire, la France s’érigeait en arbitre des peuples, alors qu’elle n’était que la servante du "Grand Jeu" britannique.

 

Aussi, la leçon la plus curieuse et la plus instructive de la Guerre de Crimée reste qu'elle n’a toujours pas été retenue par nos dirigeants, puisqu’ils pratiquent exactement la même politique vis à vis de la Russie, un siècle et demi plus tard...

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IMPUISSANCES

13 Août 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

IMPUISSANCES

LE DESTIN DES HOMMES N'ÉCHAPPE PAS AUX LOIS DE LA NATURE

J’ai lu ce matin un interview de Patrick Raynal, un auteur de roman policier niçois, qui déclare en conclusion : « Regardez ce qui se passe dans le monde, regardez l’histoire des refugiés : on a beau tenir des propos d’extrême droite, on ne les empêchera pas de déferler ». Et lorsqu’un immigré mal intégré provoque indirectement la mort de 85 personnes, il a ce commentaire lapidaire : « Je l’ai vécu horriblement mal, effroyablement mal… »

Le pauvre.

Puis j’ai écouté cette émission à succès de RMC, « Les Grandes Gueules ». Je les ai entendu traiter du problème de l’accès au porno pour les enfants et celui de l’accès à la drogue pour tous. De la discussion avec les auditeurs, il ressortait en gros que l’on ne pouvait rien faire.

Il y a quelques jours, j’ai entendu la « Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté » (jolie paraphrase pour ne pas dire « prisons »), Adeline Hazan, déclarer sur France Inter : « Je pense que plus on construira de places de prison, plus elles seront occupées  et que ça n'est pas une bonne solution, cette inflation carcérale d'année en année ou de décennie en décennie. » Donc, d’après cette bonne âme, il ne faut pas en construire.

Après le meurtre de masse de Nice, j’ai entendu le Président de la République et le Premier Ministre déclarer qu’ils étaient déterminés à lutter contre le terrorisme, mais exclusivement dans le cadre de l’État de Droit. Donc, s’ils sont impuissants à lutter contre le terrorisme sans outrepasser ou modifier l’État de Droit, ils renoncent à lutter contre, si j’ai bien compris ?

Auparavant, j’ai entendu que l’on ne pouvait rien faire contre la dégradation du système scolaire, rien contre le chômage (personne ne l’a dit officiellement depuis Mitterrand mais on peut l’observer sans peine), rien contre la désindustrialisation du pays, rien contre la destruction de notre agriculture, rien pour empêcher les travailleurs détachés de ne pas payer les droits en France et rien pour empêcher les géants du Net de ne pas payer leurs impôts en France, rien contre, rien pour, on ne pouvait rien de rien !

À cette liste modeste, vous pouvez rajouter à satiété une liste complémentaire de nos impuissances publiques en fonction de vos centres d’intérêt. D’ailleurs, elles s’étalent sans vergogne à longueur de medias, comme s’il s’agissait d’une sorte de gloire nationale de ne pouvoir rien faire ! J’ai même entendu un imbécile, pardonnez ce terme mais je n’en trouve pas de plus adapté à sa prestation, soi disant journaliste économique, expliquer sur France Inter que les Français avaient une maladie mentale bizarre qui les poussait à tout voir en noir !

Lui s’en étonnait, jugeant les Français stupides d’avoir une vision sombre de leur environnement. Au contraire, il faudrait s’inquiéter de la santé mentale des Français, si, face à tant d’impuissance tous azimuts étalée, ils voyaient l’avenir de leurs institutions et de leur société en rose !

Devant cette impuissance forcenée, je ne m’étonne pas que des jeunes des banlieues qui se sentent installés au cœur même de l’impuissance publique, non formés, sans espoir d’embauche, mis dans l’incapacité de croire en un système qui proclame quotidiennement qu’il ne peut rien faire, ni pour eux ni contre eux, puisqu’il les a en même temps abandonné au bord de la route tout en leur distribuant aveuglement allocations et aides pour les calmer, puisqu’il ne peut ni les empêcher de consommer et de vendre de la drogue, ni les emprisonner s’ils commettent des délits, puisqu’il leur fait savoir à la fois qu’ils doivent respecter la loi mais qu’il ne fera rien pour faire en sorte qu’ils la respectent, se tournent vers des autorités morales traditionnelles qui leur parlent de loi divine à révérer et qui les punissent avec détermination et cruauté s’ils enfreignent les règles qui en découlent. Enfin des règles, enfin une autorité, enfin un chemin à suivre, même s’ils les conduit pour les plus égarés d’entre eux au meurtre et au suicide !

Ces jeunes à la dérive ont au moins le « mérite » de nous montrer qu’ils n’ont fait que tirer les conséquences, même absurdes, d’une société qui s’est abandonnée à l’impuissance institutionnalisée. Et comme l’histoire nous apprend qu’une telle société n’a jamais pu durer et comme le bon sens nous dit qu’une société de l’impuissance est condamnée à l’implosion, il est facile de prévoir l’avenir du système inerte actuel, sans pouvoir anticiper toutefois le processus et la durée de l’implosion et la nature de la société qui lui succédera, sauf sur un point :

 

Notre future société sera autoritaire ou ne sera pas.

 

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Le douloureux siège de Sébastopol

10 Août 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

Le douloureux siège de Sébastopol

ÉPISODE DU SIÈGE DE SÉBASTOPOL

 

Devant la menace de la redoutable coalition qu’elle doit affronter, la Russie retire ses forces de Bulgarie et des principautés roumaines tout en continuant à refuser les propositions de paix faites le 8 août 1854 par la France, l'Angleterre, l'Autriche et la Prusse à Vienne.

 

Heureusement pour la Russie, l’Autriche se retire rapidement de la coalition parce qu’elle est lâchée par la Prusse qui fait rejeter sa proposition de mobilisation de la Confédération germanique contre la Russie.

Les alliés anglo-français se trouvent dés lors dans l’obligation d’assigner un objectif à leurs troupes concentrées à Varna. Il est tout trouvé pour les Anglais, désireux d’anéantir la puissance navale de la Russie dans la mer Noire : ils imposent celui de la destruction de l'arsenal de Sébastopol. Il est curieux que ce même Sébastopol, principale base navale russe, soit aujourd’hui encore contesté à la Russie par les diplomaties américaines et de l’UE, dans leur querelle au sujet de l’Ukraine.

Le 14 septembre 1854, 120 navires débarquent les 30000 Français, les 21500 Anglais et les 6000 Turcs qui forment les premières troupes du corps expéditionnaire à 50 Km au nord de Sébastopol. L'opération se déroule sans opposition car les Russes, croyant à une attaque sur Odessa, ne disposaient que de 51 000 hommes en Crimée.

Pour atteindre Sébastopol depuis leur point de débarquement, les assaillants devaient franchir la rivière Alma solidement tenue par les 37.000 hommes du maréchal Menchikov, retranchés sur les hauteurs.

Le 20 septembre au matin, les deux armées se font face.

Les Anglais, qui n'ont plus combattu depuis la bataille de Waterloo en 1815, s'avancent lentement au pas et subissent de lourdes pertes, tandis que les Zouaves des unités de l'Armée d'Afrique, plus aguerris, emportent la décision. D’où le nom donné au célèbre pont de l'Alma à Paris et sa statue de zouave, étalon des crues de la Seine.

Menchikov ordonne alors la retraite vers Sébastopol et ses puissantes fortifications, tandis que la flotte russe saborde une de ses escadres pour bloquer l'entrée de la rade et que les marins, leur artillerie et leurs réserves de munition et de vivres sont mis à terre pour défendre l’arsenal. Menchikov dispose de 38.000 hommes au début du mois d'octobre 1854, tandis que les assiégeants rassemblent plus de 100.000 hommes, ce qui se révéla malgré tout insuffisant pour investir complètement la place.

Le 17 octobre, les défenses russes renforcées par des travaux dirigés par l'excellent colonel du génie Franz Todleben sont testées en vain par les alliés et une semaine plus tard les Russes contrattaquent pour briser le siège. L'aile droite russe bouscule les Turcs mais vient buter sur la farouche résistance du 93rd Highlanders. Les Russes récidivent le 5 novembre en attaquant à nouveau sans succès le secteur britannique.

Les mois suivant, les assiégés subissent les rigueurs de l'hiver aggravées par les insuffisances du ravitaillement. Les effectifs français atteignent alors 90000 hommes et ceux des Turcs environ 50000, tandis que les Anglais n’ont plus que 11000 hommes valides. En face, la garnison russe compte désormais plus de 100.000 hommes qui procèdent les 22 février et 22 mars 1855 à deux violentes sorties.

Avec l'arrivée des beaux jours et le renfort de légions suisses, allemandes, polonaises et sardes, les assiégeants reprennent l'initiative avec plus de 140 000 combattants. Du 8 au 18 avril, la garnison russe subit de lourdes pertes sous le feu des canons alliés, tandis que les généraux français et anglais, Canrobert et lord Raglan, se disputent, ce qui entraine la démission de Canrobert remplacé par le général Pélissier.

 

Le 17 juin 1855, les alliés procèdent à une attaque de grande ampleur sur Sébastopol qui échoue encore, tandis que le général Menchikov est remplacé par le prince Gorchakov qui tente aussitôt, mais toujours sans succès, de briser l'encerclement allié.

 

 

 

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RETOUR DE TEHERAN BIS

6 Août 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

RETOUR  DE TEHERAN BIS

LE TRIPLE PONT PIETONNIER ENTRE DEUX PARCS DE LA VILLE DE TEHERAN

 

J’ai effectué deux voyages en Iran en une année. Une première fois, en août 2015, qui était un voyage de découverte. En une semaine, j’avais visité rapidement Téhéran, assisté à un mariage et fait le voyage d’Ispahan. Cette fois-ci, je suis resté dix jours et je n’ai pas bougé de Téhéran.

 

La question qui se pose immédiatement est celle de l’évolution de mes impressions du premier voyage à la lumière du second. Désolé de vous décevoir, mais je maintiens que ma première impression était la bonne.

Je maintiens en premier lieu que la population iranienne est toujours la très bonne surprise du voyage. À commencer par les policiers, chacun vous accueille avec le sourire et le désir de vous aider, le seul obstacle étant la langue. À Téhéran, on a le plaisir de ressentir la politesse intériorisée des Iraniens, sans être forcément capable d’en saisir les profonds ressorts culturels et éducatifs.  

Bien sûr, le fait d’être un étranger accroit la courtoisie d’interlocuteurs encore peu habitués à en rencontrer, mais j’ai pu observer le comportement des Iraniens entre eux, dans la rue, au volant ou dans le bazar, qui révèle beaucoup moins d’agressivité que parmi les peuplades de mon pays natal.

Je maintiens sans surprise qu’il fait chaud en été à Téhéran. En juillet, malgré l’altitude de la ville comprise en 1100 et 1700 mètres, la température rode autour de 400, une température sèche et éprouvante pour l’organisme. Cela n’incite pas franchement à se promener dans la journée, sauf dans les nombreux et accueillants parcs que l’on trouve partout à Téhéran. À cet égard, j’ai été à nouveau séduit par leur qualité ; ils sont bien aménagés, dotés de nombreux bancs, d’appareils d’exercices sportifs et de jeux pour les enfants. Ils sont largement équipés de fontaines pour se désaltérer et forts bien entretenus : pas un papier, pas un emballage ne traine dans les allées !

Je me permet donc de conseiller à nos édiles de s’inspirer des parcs de Téhéran pour améliorer ceux de nos villes parfois dotés d’équipements détériorés et décorés de papiers gras. Certes, la population n’a pas chez nous la même civilité qu’à Teheran, mais la police et le personnel y veillent en Iran, jour et nuit, car les parcs ne sont jamais fermés. Impossible en France ?

À propos des parcs, malgré le léger voile qui coiffe les Iraniennes et que nos touristes redoutent tellement de porter, j’y ai vu, plus que lors de mon dernier voyage, des couples qui ne semblaient guère craindre les foudres de la police des mœurs. Je ne sais pas si Téhéran se modernise, mais il n’y manque rien des symboles de la modernité, ni les gratte-ciels, ni le téléphone 3G, ni Internet dont la censure théorique est aisément contournée, ni les cafés ultra branchés, ni la musique, ni la prégnance de la sous-culture américaine, ni bien sûr les embouteillages et la pollution qui va avec.

Cependant, il y manque toujours la possibilité de payer avec une carte de crédit internationale, à cause du système de racket mis en place par la justice américaine qui consiste à punir quiconque commerce en dollars avec un pays dont les sanctions ont été levées mais pas encore tout à fait, et qui fait peur à nos banques échaudées par la scandaleuse amende de neuf milliards de $ infligée par les « justiciers » US à la BNP. C’est assez frustrant, alors que les banques et les distributeurs pullulent et que vous êtes contraint de payer en liquide, ce qui vous permet tout de même de constater avec satisfaction qu’un simple euro vaut 35000 rials sauf qu’avec cette somme impressionnante en chiffres, vous n’avez rien. Car le coût de la vie est assez élevé à Téhéran, proche de celui de la France, excepté pour le carburant qui s’achète au prix risible de 30 centimes d’euros le litre.

Finalement, qu’ai je donc fait à Téhéran qui mérite d’être écrit ? Avec mes hôtes, je me suis donc promené dans les parcs, j’ai pris des taxis, j’ai parlé, je me suis régalé de la nourriture iranienne, j’ai erré dans un Bazar aussi bondé qu’étonnamment frais grâce à son architecture, j’ai partagé le plaisir de la fraicheur nocturne et humidifiée des hauts de Téhéran, j’ai visité le magnifique Palais d’été du Shah, ses peintures, ses salles de réception et même son musée automobile, un Palais qui rassemble dans un immense parc de nombreux et impressionnants bâtiments parfaitement préservés par une Révolution respectueuse du passé.

J’ai aussi vu le passionnant musée du Tapis et surtout le musée national d’Iran (construit par un architecte français) où l’on comprend enfin d’où vient ce fascinant pays, cette culture magnifique, cet art omniprésent : de dix mille années de civilisation, souvent asservie à d’imbéciles conquérants comme Alexandre qui rasa la merveilleuse Persépolis ou comme le sanglant Gengis Khan qui massacra rageusement des peuples trop civilisés pour lui, mais envers et contre tous la civilisation perse a persisté, ce qui nous permet de la découvrir plus vivante que jamais, malgré les barbares de tous horizons qui s’épuisent à la nier.

 

Par conséquent, désolé, je persiste et signe : visitez l’Iran, sauf si le stock de vos idées reçues constitue votre bien le plus précieux!

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