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Le blog d'André Boyer

LE POUVOIR QUITTE LA PERSONNE DU ROI

29 Septembre 2022 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LE POUVOIR QUITTE LA PERSONNE DU ROI
Le 14 juillet 1789, tandis que la cour sur la défensive concentre des troupes autour de Versailles, des émeutiers à la recherche d’armes prennent la Bastille.

 

La municipalité parisienne est de facto le nouveau maître.  Commence la dictature de l’émeute, qui est paradoxalement célébrée comme une victoire sur la tyrannie.  C’est en effet sous la protection du Faubourg Saint-Antoine que l’Assemblée Constituante peut écrire sereinement la première constitution de l’histoire du pays.

Sereinement ? l’émeute gronde en province. Les paysans sont agités par la « Grande Peur ». Ils croient que les nobles vont lâcher sur eux des nuées de brigands pour se venger de leur perte de pouvoir. Pour anticiper cette réaction inventée, ils brûlent les châteaux, ils tuent. Après le roi, c’est l’Assemblée qui cède sous la pression en supprimant les privilèges, les inégalités fiscales et les droits féodaux. Puis, dans un grand élan de foi en l’humanité, elle produit l’immortelle « Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen », le credo de la France nouvelle et le catéchisme de tous les hommes, de tous les temps et de tous les pays !

Aussi est-il vraiment étonnant que la date du 26 août 1789, celle de la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen, n’ait pas été retenue comme celle de la fête nationale. C’est pourtant au nom de cette déclaration que nos gouvernants se croient autorisés à faire la leçon aux dirigeants politiques de tous les pays du monde. On ne peut pas croire, à moins d’être un esprit très cynique, qu’il s’agisse de faire comprendre aux citoyens français, de manière subliminale, que la République a choisi le 14 juillet comme fête nationale afin de célébrer l’émeute en tant que procédé politique, de préférence au respect des règles démocratiques.

En août 1789, la Déclaration a pour premier effet de renverser le fondement du pouvoir en France, puisqu’elle remplace l’onction du sacre de Reims qui faisait du roi de France « le lieutenant de Dieu sur terre » par la « Nation ». Désormais, le roi n’était comptable du pouvoir de l’État non pas devant Dieu, mais devant la Nation qui le chargeait de faire respecter la Déclaration des Droits de l’Homme.

Puis l’automne 1789 voit le pouvoir échapper concrètement au roi, lorsque l’émeute vient le quérir dans son palais de Versailles pour le forcer à s’installer à Paris. Le roi otage est désormais contraint d’entériner les actes fondateurs de sa dépossession, sous la menace permanente des groupes d’insurgés actionnés par les clubs.

Dans une ambiance constamment agitée, l’Assemblée qui a rejoint Paris, légifère, modifie la fiscalité, l’armée, les régions. Elle crée quatre-vingt-trois départements qui deviennent le nouveau cadre administratif du pays. Elle définit un corps électoral, la Nation, qui exclut les femmes, les domestiques et les pauvres. Puis elle s’attaque à l’Église par la confiscation de ses biens. C’était logique puisqu’il fallait détruire les fondations de la croyance au roi de droit divin et faire disparaître le contre-pouvoir susceptible de s’opposer au règne de la raison, que l’Assemblée Constituante prétendait incarner.

C’est un long combat qui s’amorçait, un combat qui contribua à affaiblir les cadres moraux de la Nation et qui n’était pas de nature à plaire au roi.

En conséquence, le roi tenta, sans succès, de quitter la France avec sa famille, ce qui fit voler en éclats l’unité de façade de la Révolution.

Lorsque, le 23 juin 1791 au matin, la berline royale reprit le chemin de Paris où elle entra le 25 juin dans un silence funèbre, le roi fut reconduit au palais des Tuileries où il se retrouva placé sous la « surveillance du peuple» et provisoirement suspendu de ses pouvoirs. Pour maintenir la souveraineté symbolique du roi sur un peuple qu’il avait essayé de fuir, l'Assemblée se résolut à qualifier la péripétie de Varennes « d'enlèvement ».

Il n’est pas étonnant dans ces circonstances qu’au Club des Cordeliers, Danton et Marat aient lancé une pétition pour la déchéance du roi, pétition déposée au Champ de Mars accompagnée par les habituels manifestants des faubourgs.

L'assemblée réagit en proclamant la loi martiale. La garde nationale, sous les ordres de La Fayette, fit feu sur les pétitionnaires, provoquant des dizaines de morts. Danton et Marat s'enfuirent provisoirement en Angleterre pour en revenir sans encombre, apprenant ainsi que l’on pouvait être émeutier sans en mourir.

Mais au Club des Jacobins, la majorité des députés, y compris Robespierre, souhaitait maintenir la monarchie par stratégie, afin d’éviter que la déchéance de Louis XVI n'entraîna la France dans une guerre contre les autres monarchies européennes, dans laquelle la Révolution aurait pu se perdre.

Une partie d’entre eux, qui, comme La Fayette, souhaitaient que les pouvoirs du roi soient accrus dans la future Constitution de manière à restaurer un minimum de confiance entre le roi et la Révolution, se séparèrent du Club des Jacobins pour former le Club des Feuillants.

 

Quelques semaines après la fuite avortée du roi, le 3 septembre 1791, l’Assemblée parvenait à produire une Constitution pour le Royaume, à laquelle le roi voulut bien prêter serment.

 

À SUIVRE

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MAIS OÙ SONT-ILS TOUS?

24 Septembre 2022 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

LE PILIER DE LA VOIE LACTÉE SUR L'AIGOUAL

LE PILIER DE LA VOIE LACTÉE SUR L'AIGOUAL

Si on ne sait pas comment la vie, sous une seule forme, s’est installée sur la Terre, rien ne nous empêche de penser qu’une forme de vie, différente ou semblable à la nôtre, existe ailleurs dans l’Univers.

 

Pourquoi en effet la vie sur Terre serait-elle exceptionnelle, au point de constituer un phénomène unique dans l’Univers ? Le nombre d’étoiles dans notre Galaxie est très grand, on devrait donc y trouver d’autres espèces vivantes et même d’autres espèces intelligentes. Car les systèmes planétaires sont assez stables pour donner le temps à l’évolution de la vie d’aboutir à une civilisation avancée, capable de se déplacer dans la Galaxie ou de nous transmettre des signaux. Dans ces conditions, il parait plausible que des extraterrestres soient passés depuis longtemps sur Terre ou nous aient laissé des messages.

Car l’hypothèse qu'il existe des espèces extraterrestres est solide. La Voie Lactée a un rayon de 50000 années-lumière et elle s’est formée depuis 13 milliards d’années. Même lointaine, une civilisation aurait dû avoir le temps de nous rendre visite ou de communiquer avec nous.

Pourtant, il n’existe jusqu’ici aucune preuve de passage des extraterrestres sur Terre et nous n’avons reçu aucun message extraterrestre. Ce qui ne nous laisse que trois types d'hypothèses sur cette absence et sur ce silence des extraterrestres :   

  • L’apparition de la vie est si rare que nous sommes réellement seuls dans la Galaxie.
  • La vie apparait facilement, mais ne persiste jamais assez longtemps pour permettre à des civilisations avancées de parcourir le Cosmos ou de communiquer à travers la Galaxie.
  • Il existe un grand nombre de vies extraterrestres dans la Galaxie, mais aucune ne souhaite venir sur Terre ou nous informer de son existence par l’envoi de signaux.

La première hypothèse est combattue par les observations des télescopes récents qui ont détecté plus de 5000 exoplanètes dans plus de 3700 systèmes planétaires. Certaines exoplanètes ont des caractéristiques très proches de la Terre ou se trouvent dans une « zone habitable », où l’eau est susceptible de s’y trouver à l’état liquide. Mais cela ne garantit pas que d’autres caractéristiques, comme le rayonnement, la composition de l’atmosphère ou la pression atmosphérique n’entravent par ailleurs l’émergence de la vie.

Pour comprendre comment la vie est apparue sur Terre et donc comment elle pourrait apparaitre ailleurs, on s’est interrogé sur les conditions chimiques que remplissait la Terre avant que la vie ne s'y impose. Alexandre Oparine (1924) a formulé l’hypothèse que l'on y trouvait des réactions prébiotiques nécessaires à l’apparition de la vie, mais on ignore toujours si ces réactions prébiotiques se produisent facilement ou non dans l'Univers. En définitive on ne sait pas si la vie peut éclore facilement ou non dans l'Univers.

Même si la probabilité de l’émergence de la vie est élevée, on peut se référer à notre deuxième hypothèse pour expliquer l’absence de contacts avec d’autres formes de vie. Il s’agit de considérer que les différentes formes de vie sont trop fragiles pour leur laisser le temps de disposer d’atteindre un niveau technique suffisant pour entreprendre un voyage spatial ou procéder à des communications interstellaires.

Il est vrai que l’on peut trouver avec David Kipping (le paradoxe du ciel rouge, 2021) de nombreux facteurs qui s'opposent, sinon à l'apparition de la vie, du moins à son développement. Tout d’abord les bombardements de météorites sont nombreux, comme en témoigne sans doute la disparition des dinosaures sur Terre il y a 66 millions d’années. Il s’y ajoute les sursauts gamma (Tsvi Piran, 2015), qui sont des explosions stellaires capables de détruire la vie dans un rayon de plusieurs années-lumière. Or la fréquence des sursauts gamma semble élevée dans la Voie Lactée, ce qui ne laisserait que de faibles chances à une forme de vie de se développer et de s’étendre dans la Galaxie.

Sauf la vie sur Terre ? Pour combien de temps ? Car l’observation du développement des êtres vivants semble quasi fatalement générer des « pièges cosmiques » qui les font disparaitre. Observant l’humanité, on voit bien qu’en développant des bombes atomiques, des armes bactériologiques ou en provoquant des dérèglements climatiques, elle fabrique des pièges cosmiques qui pourraient bien provoquer sa perte.

En conclusion de cette deuxième hypothèse, les formes de vie peuvent être assez éphémères, d'autant plus que, lorsqu'elle atteint un stade avancé, elle risque fort de s’autodétruire en tombant dans des pièges cosmiques. Aussi la probabilité que deux formes avancées d’êtres vivants soient contemporaines l’une de l’autre serait très faible.

Enfin, si l’on fait l’hypothèse que la vie est fréquente dans l’Univers, résiliente et capable d’éviter les pièges cosmiques, peut-on trouver une raison pour qu’elle ne voyage pas jusqu’à nous et s’abstienne de communiquer avec nous ?

Plusieurs pistes ont été évoquées pour justifier la discrétion de ces éventuelles formes de vie dans l’Univers.

Tout d’abord la peur (Liu Cixin, 2017) : ces formes de vie pourraient avoir adopté le précepte « Pour vivre heureux, vivons caché ».

Ensuite, une éthique écologique, dite hypothèse du zoo (John Ball, 1973) qui ferait qu’une civilisation avancée prendrait bien soin de ne pas perturber une autre vie qui se développe, en l’occurrence la nôtre.

Enfin, une civilisation avancée choisira d’économiser ses forces, évitant de partir à la conquête de la Galaxie en dépensant une énorme quantité d’énergie (Rolf Landauer, 1996).

On peut ajouter une quatrième hypothèse aux trois précédentes, celle de l’incommunicabilité. Il est bien possible que la vie existe ailleurs, et peut-être même partout dans la Galaxie, mais qu’elle est tout simplement si différente de notre forme de vie ou qu'elle utilise des moyens de communication non perceptibles pour nous, si bien que nous sommes incapables de la rencontrer ou de percevoir ses signaux.

 

Tant que nous n’aurons perçu aucun signe de vie dans l’Univers, le doute que la vie puisse exister ailleurs restera en question. Or, selon que l’on retienne l’hypothèse d’une vie présente partout dans l’Univers ou uniquement sur Terre, notre regard change du tout au tout, sur l’humanité comme sur l’Univers.  

PS: on reliera utilement le précédent billet consacré à la vie. 

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LA VIE

15 Septembre 2022 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

LA VIE

Sur Gaïa, notre planétoïde, sur cette mince croûte couverte d’êtres vivants qui s’évertuent à la façonner et à la ronger, nous observons les cataclysmes et nous saisissons bien ce que serait la Terre sans la vie, cette vie qui résiste à presque tout.

 

En 1883, l’éruption du Krakatoa a fait disparaître tout signe de vie sur les deux tiers de l’île, qui n’était plus que poussière. Puis, fécondée par la vie venue de la mer avec la complicité du vent, il a suffi d’un siècle pour que l’île Krakatoa retrouve son épais manteau végétal.

C’est que la vie est têtue, elle sait s’imposer face aux forces de la nature dans les conditions les plus inhospitalières et ceci depuis des milliards d’années, même si chaque forme de vie est très délicate.

Cela ne s’est pas produit sans délais. Car si l’âge de la Terre est de 4,6 milliards d’années, il a fallu attendre un milliard et demi d’années pour qu’apparaissent des structures microscopiques dotées d’une organisation cellulaire complexe. On peut donc penser que des formes de vie plus simples ont existé encore plus tôt, même si les premières manifestations de la vie furent si fugaces qu’aucun fossile n’en a conservé la trace. 

Mais aujourd’hui encore, l’origine de la vie sur notre planète reste mystérieuse, d’autant plus qu’aucun autre signe de vie n’a jamais été détecté dans l’Univers, n’en déplaise aux auteurs de science-fiction. D’où la question paradoxale d’Enrico Fermi : « Mais où sont-ils tous ? »*

L’origine de la vie n’est nullement mystérieuse. Il s’agit d’une simple réaction chimique qui engendre des molécules organiques assez complexes pour avoir la capacité de se reproduire. En outre, toutes les formes vivantes ont la propriété de transférer leurs caractères héréditaires d’une génération à une autre grâce à une molécule particulière, l’acide désoxyribonucléique ou ADN. Cette configuration commune conduit à penser que tous les êtres vivants, microbes, plantes, animaux ont la même origine, l’ADN se chargeant de transmettre ses instructions à ses successeurs à partir de ce qu’il a retenu du passé.

Non seulement tous les êtres vivants viennent de la même origine, mais ils dépendent tous des autres organismes vivants pour leur survie et plus l’organisme se situe à un niveau élevé de l’échelle de l’évolution, plus il est dépendant du réseau complexe des autres êtres vivants. 

Une des tendances de l’évolution est donc d’engendrer des écosystèmes de plus en plus interdépendants, tandis que, o paradoxe, plus l’organisme vivant est évolué et plus il acquiert d’autonomie individuelle vis-à-vis de son environnement. La liberté des animaux à sang chaud dans la forêt est incomparablement plus forte que celle des molécules vivantes contenues dans une gelée protoplasmique.

C’est ainsi que l’homme, dont la pérennité de son organisation collective de plus en plus sophistiquée est menacée par la moindre modification de climat, est en même temps capable en tant qu’individu de survivre dans les conditions les plus extrêmes, y compris dans l’espace.

Mais revenons à l’origine de la vie, si simple, si évidente, quoique jamais aucun scientifique ne soit parvenu à créer la vie à partir de la matière inerte. De nombreux scientifiques semblent considérer comme « raisonnable » que la vie puisse exister dans l’Univers ailleurs que sur notre planète, compte tenu du nombre quasiment illimité de planètes et donc de la probabilité élevée d’y trouver des environnements analogues à ceux qui prévalent sur la Terre.

Pourtant, dans la partie de l’Univers que les hommes ont observé, écouté et analysé, aucune observation n’a jamais révélé ailleurs que sur Terre la présence de la moindre forme de vie.

Les scientifiques peuvent naturellement invoquer l’insuffisance de leurs moyens techniques pour laisser planer l’espoir de découvertes qui corroboreraient un jour prochain leurs hypothèses précédentes, mais tant qu’ils n’auront pas apporté la preuve du contraire, c’est pure conjecture.

 

Jusqu’ici, deux faits fondamentaux restent irréfutables : l’homme n’est jamais parvenu à créer la vie à partir de la matière inerte et la vie ne semble exister que sur Terre et sous une seule forme.

 

*Célèbre paradoxe posé par Enrico Fermi, Prix Nobel, lors d’un repas qui réunissait quatre grands physiciens en 1950 à Los Alamos.  

À SUIVRE

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LE VENT L'EMPORTERA

11 Septembre 2022 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

LE VENT L'EMPORTERA

Les puissants nous impressionnent, parce qu'ils sont puissants et qu'il doit bien y avoir une raison pour qu'ils le soient.

 

Aussi, lorsqu'ils prennent une décision, à la tête d'un pays aussi important que l'Allemagne, l'une des toutes premières puissances du monde, on ne peut s'empêcher de croire qu'ils ont des raisons de la prendre, raison profonde, raison à long terme, dont les conséquences ont dû être longuement réfléchies et dont les fondements nous échappent, pauvres mortels. Il nous est presque impossible de croire qu'ils agissent pour des raisons contingentes et à court terme, tant les conséquences de leurs décisions pour les humains dont ils ont la charge sont lourdes.

Si nous sommes bien d'accord avec ce préambule, pouvez vous m'expliquer, rationnellement s'entend, pourquoi Madame Angela Merkel a décidé, en 2011, suivie par tout son gouvernement, son parlement, ses médias et son opinion publique, de mettre fin à la production d'énergie nucléaire en Allemagne?

Le 30 mai 2011, le ministre de l’Environnement, Norbert Röttgen a indiqué fièrement que l'Allemagne sera la première puissance industrielle à renoncer à l'atome en 2022, en fermant progressivement ses 17 réacteurs nucléaires. Elle a bien précisé qu'il s'agissait d'une décision irréversible prise par la coalition gouvernementale de la chancelière Angela Merkel, une décision qui allait à l'encontre, et même à l'inverse de la décision précédente prise six mois auparavant par la même chancelière de prolonger de 12 ans la durée d'exploitation des réacteurs du pays.

Nous connaissons les fondements de cette décision : le 11 mars 2011, la catastrophe de Fukushima au Japon est survenue, conséquence d'un séisme qui a beaucoup ému l'opinion mondiale en général et l'opinion allemande en particulier.

Pourtant, personne au Japon n'a directement subi les conséquences des radiations nucléaires provoquées par l'accident, ni parmi le personnel, ni parmi la population locale vivant dans un rayon de 200 kilomètres de la centrale. Depuis, le Japon a même décidé de relancer sept nouveaux réacteurs nucléaires en plus des dix autres déjà remis en service.

Pourtant, en Allemagne, un accident semblable à celui de Fukushima aurait eu fort peu de risque de se produire, car les risques sismologiques y sont très faibles.

Pourtant, ses centrales nucléaires lui permettaient de satisfaire 22% de ses besoins en électricité.

Mais Angela Merkel avait déclaré à la presse le 30 mai 2011 : « Notre système énergétique doit être changé de façon fondamentale et peut l'être. Nous voulons pour l'avenir une énergie plus sûre, et en même temps fiable et économique ». Elle se souvenait que, lorsqu'elle avait décidé à la fin 2010 de prolonger la durée de vie des plus anciennes centrales du pays, elle avait provoqué une flambée du sentiment anti-nucléaire en Allemagne, qui s'était traduit par des manifestations massives. Et, le 27 mars 2011, son parti avait subi une cuisante défaite contre les Verts lors d'un scrutin régional dans le Bade-Wurtemberg, fief électoral des conservateurs. Elle en avait conclu qu'il valait mieux, électoralement parlant, avoir tort avec les Verts plutôt qu'avoir raison contre eux.

Vingt ans plus tard, le 31 décembre 2021, juste avant le déclenchement de l'opération russe en Ukraine, la moitié de la capacité nucléaire allemande restante, trois réacteurs nucléaires sur six encore en activité, a été mise hors circuit, soit l'équivalent d'un millier d'éoliennes, malgré la crise énergétique qui sévissait déjà en Europe. Les Allemands persistaient toujours dans leur décision. Ils prévoyaient de fermer, fin 2022, les trois dernières centrales du pays et déjà, fin 2021, ils provoquaient, en raison de cette fermeture, une forte hausse du prix du gaz en Europe et donc de celui de l'électricité, du fait du système pervers qui relie l'un à l'autre sur le marché européen.

Cette décision, fin 2021, entrainait aussi un accroissement des émissions de CO2 d'environ 40 millions de tonnes par an, aux antipodes des objectifs écologiques affichés.

L'Allemagne persistait dans son combat énergétique contre la France, cherchant à l'empêcher d'investir dans le nucléaire. Puis, du fait de la guerre en Ukraine, l'Union Européenne, suivie par son Parlement a classé en juillet 2022 le nucléaire et le gaz (sic)  parmi les énergies « vertes ». Le soutien au gaz est destiné à faire contrepoids au nucléaire pour que l'Allemagne ne perde pas la face et puisse reprendre plus tard son combat obstiné contre le nucléaire.

Mais les conséquences du renoncement au nucléaire tournent désormais à l'absurde, à moins que Madame Merkel pensait au charbon en mentionnant "une énergie plus sûre, et en même temps fiable et économique" : en attendant que l'énergie du  vent vienne à la rescousse, le gouvernement allemand s'ingénie à polluer le plus possible l'atmosphère européenne en mettant en service 27 centrales à charbon supplémentaires jusqu'en mars 2024, alors que la production fabriquée à partir de charbon en Allemagne a bondi de 40 % depuis janvier 2022, date à laquelle la part du charbon dans l’électricité allemande était déjà estimée à 27,4 %.

Remplacer l'énergie nucléaire par le charbon, que voilà une belle perspective, pleine de poussières et de gaz à effet de serre !

Merci encore de vos décisions, Madame Merkel, vous qui êtes presque unanimement reconnue comme une remarquable dirigeante. Mais, même si la fusion nucléaire devait remplacer plus tard les réacteurs à fission nucléaire, forcément, je dois me tromper, compte tenu de votre importance et de ma petitesse.

Car vous avez raison, Madame Merkel, à terme, il faudra tout simplement utiliser de moins en moins d'énergie, qu'elle provienne du charbon, du gaz, du pétrole, des réactions nucléaires ou même du vent, si l'on ne veut pas que l'humanité disparaisse et l'Allemagne avec, englouties par le réchauffement qu'engendre l'utilisation de toute énergie. Ce jour-là, et seulement ce jour-là, votre décision électoraliste se révèlera une décision prémonitoire.

 

Mais à quel terme, Madame Merkel ?

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LOUIS XVI LAISSE LE POUVOIR LUI ÉCHAPPER

9 Septembre 2022 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LOUIS XVI LAISSE LE POUVOIR LUI ÉCHAPPER

Plus personne ne croyait, en 1789, à l’origine divine du pouvoir du roi de France. Il fallait en trouver une autre, que l’on garde ou non le roi en devanture.

 

Ce fut une nouvelle abstraction, forgée par les têtes pensantes du tiers-état afin de justifier leur future mainmise sur le pouvoir royal : la Nation. Dans son article 3, la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen proclame, dès le 26 août 1789 : « Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément ».

C’est ainsi que le pouvoir central royal, à bout de souffle, a passé le flambeau à la République, porteuse de l’idéologie qui a  pour mission de garder intact le vrai trésor, la concentration du pouvoir au sommet de l’État, une idéologie aujourd’hui contestée en France.

Il reste à traiter du rôle de Louis XVI. Deux thèses opposées peuvent être avancées à son égard : soit il a pris le pouvoir au mauvais moment et Leviathan s’est empressé de le broyer et de le dévorer. En d’autres termes, quels que soient ces actes, il n’aurait pas résisté à la Révolution, c’est juste pas de chance pour lui et les siens. Soit ses actes l’ont condamné. Je retiendrai plutôt cette seconde thèse, même si la force du mouvement des Lumières ne peut pas être sous-estimée.

Louis XVI a été en effet l’un des principaux acteurs de la Révolution, sinon le principal. Dès son avènement en 1774, il cède face aux Parlements en les rétablissant dans les pouvoirs que Louis XV avait rognés. Il en résulta que les Parlements s’opposèrent par la suite à la suppression des corvées et des corporations, y voyant l’annonce de la fin de la société d’Ordres. Ils s‘opposèrent de même à Necker lorsqu’il tenta de mettre en place un système de régie pour la perception des impôts, y voyant une atteinte aux pouvoirs que Louis XVI venait de leur redonner. Renvoyant Necker pour appeler Calonne qui tenta pour la troisième fois d’équilibrer les finances de l’État, Louis XVI se heurta encore aux élites traditionnelles qui firent chuter Calonne en 1787. Car les dettes accumulées dans la guerre américaine plombaient les finances du Royaume.

La guerre américaine : Louis XVI a aidé de manière déterminante les Insurgents en Amérique contre les Anglais, mais il n’en a tiré rien d’autre que la diffusion des idées libérales et des dettes. En soutenant la guerre d’indépendance des colonies d’Amérique, Louis XVI s’est en effet engagé dans un traquenard idéologique où il s’agissait de délier des sujets de leur obéissance envers un souverain européen au nom de principes universels. Et il n’a en contrepartie pratiquement obtenu aucun avantage territorial qui aurait pu justifier l’endettement considérable du Royaume.

Il ne restait plus qu’à engager une bataille frontale contre les Parlements qui représentaient les privilégiés ou à remettre son sort entre les mains des États Généraux. Fuyant ses responsabilités, il choisit la seconde solution, s’enferrant dans l’engrenage naissant de la Révolution, alors qu’il est en même temps privé du soutien des « privilégiés » et déconsidéré aux yeux des « patriotes ».

La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, ruina tous ses efforts pour contrôler le jeu politique. Dès octobre 1789, Il fut pris en otage par la foule parisienne qui l’obligea à accepter les décrets d’août 1789 et à s’installer à Paris avec sa famille. La situation lui échappa ensuite jusqu’au 21 juin 1791, date à laquelle la famille royale tenta de quitter Paris dans l’espoir de passer sous la protection de l’empereur d’Autriche. Ramené de force à Paris, il soutint, dans un dernier effort de résistance, un affrontement armé entre l’aile radicale de la Révolution et les défenseurs du roi, qui tourna à son désavantage et marqua la fin de la monarchie, puis son exécution le 21 janvier 1793.

La monarchie succombait provisoirement, avant de réapparaître pour un petit tiers de siècle en 1814. Mais l’État centralisé, qui était l’apport fondamental de la monarchie française depuis Philippe le Bel ne disparaissait pas pour autant, au contraire.

Tombant des mains débiles de Louis XVI, le pouvoir échut à des maîtres autrement plus énergiques, qui le sanctifièrent au nom de principes supposés universels, à la manière de la monarchie qui s’était adossée à l’onction divine. Pour plus de sûreté, à l’aide de vigoureux massacres à l’intérieur et de la guerre révolutionnaire portée à l’extérieur du pays, les nouveaux détenteurs du merveilleux pouvoir centralisé français firent savoir urbis et orbis qu’ils ne s’en laisseraient pas déposséder facilement.

 

Le Royaume de France était mort, la République Française venait de naitre, affirmant de la sorte la permanence de la France.

 

À SUIVRE  

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DIRECTEUR DE L'IECS

3 Septembre 2022 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

DIRECTEUR DE L'IECS

Au printemps 1991, j’étais donc sollicité, par l’intermédiaire de Sabine Urban, pour diriger l'IECS à Strasbourg.

 

Je rencontrais alors Henri Lachmann, PDG de Strafor-Facom, une marque de meubles de bureau et une marque d'outillage bien connues, parce qu'il était également le Président de la Fondation IECS-EME, qui était destinée, comme son nom l'indique, à financer l'IECS pour son programme phare de l'EME, l'École de Management Européenne.

Henri Lachmann me reçu dans son bureau de PDG, au siège de Strafor Facom, dans laquelle trônait une immense photo de De Gaulle, signifiant clairement l'engagement politique du patron et sa volonté de lier affaires et politique. Il affectionnait la franchise la plus nette, ou, comme je le découvris rapidement, un langage brutal et des jugements aussi abrupts que péremptoires.

J'appris, avant même d'être recruté qu'il faudrait me méfier de mon prédécesseur, Sabine Urban, dont le bureau devait être, selon lui,  éloigné de la direction, et qu'il existait au sein de l'IECS un ennemi à neutraliser en priorité, Kostas Nanopoulos. Il me conseillait auparavant de visiter les locaux de l'IECS pour me faire une idée de l'École et de ses équipes, ce que je fis. Je découvris un bâtiment un peu ancien mais de bonne facture au 47 avenue de la Forêt Noire à Strasbourg qui abritait, outre l'IECS, l'Institut de Sciences Politiques et l'IAE de Strasbourg.

Au cours de cette visite, j’échangeais avec le personnel présent qui ne savait pas officiellement, sauf Sabine Urban, que j’étais candidat à la direction de l’école. Je rencontrais notamment son secrétaire général Jean-Pierre Kennel, mais aussi Kostas Nanopoulos.

Lors de cette visite, sans utiliser beaucoup de mots, Kostas et moi sympathisèrent rapidement, si bien qu’il devint par la suite mon adjoint et le conseiller dont j’appréciais la loyauté et la profondeur de vues. Aussi, lorsque je décidais quatre ans plus tard de quitter la direction de l’école, je soutins sa candidature à cette même direction, au grand dam d’Henri Lachmann. Aujourd'hui, 31 ans plus tard, Kostas reste mon ami.

Je visitais aussi mon futur bureau, une pièce plus immense que confortable et fis la connaissance de ma future secrétaire, Sophie, dont j’ai pu apprécier par la suite la grande bonne volonté.

J’acceptais donc le poste de directeur de l’IECS, tout en sachant que cette fonction aurait des conséquences négatives sur ma vie privée, du fait de la mobilisation permanente qu’elle impliquait. Mais plusieurs facteurs jouaient en faveur de mon acceptation: au plan psychologique, il s’agissait d’une revanche sur le refus d’une partie de mes collègues à l’Université de Nice de me confier la direction de l’IUT de Nice.

Plus profondément, j’avais du mal à accepter que le fait de mener une carrière atypique, en étant à la fois professeur-chercheur tout en créant de nouvelles organisations, comme l’Université du Troisième Age ou plus tard des formations à la gestion dans divers pays, n’était pas vu comme la démonstration de mes qualités, mais plutôt comme un danger pour leurs propres projets : j’étais naïf.

Au plan matériel, j’y voyais bien sûr la possibilité de nouveaux moyens d’action et une rémunération complémentaire.

Au final, j’y voyais la reconnaissance de mes qualités par mes recruteurs, une extension de mon ego et de nouvelles opportunités d’action.

 

J’acceptai donc et je pris le poste au printemps 1991, devenant non seulement directeur de l'UFR "IECS" par décret ministériel pour cinq ans, parce que cet UFR était dérogatoire à l'instar de nombre d'IAE, mais aussi directeur de la Fondation IECS-EME et même directeur de DISTECH qui était une formation à la grande distribution dispensée sur plusieurs sites.

À SUIVRE

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