LE COMMERCIAL, LA SECRÉTAIRE ET LE MALADROIT
Donc l’objectif synthétique de l’IECS Strasbourg consistait à faire embaucher nos étudiants le plus rapidement possible. Cet objectif était justifié, je le répète, par une conjoncture momentanément défavorable à l’embauche.
Pour agir clairement dans cette direction, il fallait prendre des décisions significatives. La plus importante d’entre elles, sans modifier les structures de l’École, a consisté à embaucher un excellent vendeur pour renforcer les relations entre l’IECS Strasbourg et le tissu économique alsacien. Par l’entremise de la Fondation IECS, j’étais mis en relation avec un commercial, Didier Kahn. Son salaire, payé par la Fondation IECS, était pharamineux puisqu'il représentait deux fois et demi le montant de mon propre salaire de Directeur. Je m’attendais donc à des résultats d’embauche tout aussi pharamineux et, Ô surprise, Didier Kahn se révéla à la hauteur.
Une mécanique implacable se mit en place. Il effectuait systématiquement des visites d’entreprises dans toute l’Alsace et la Moselle, en débordant même sur l’Allemagne Rhénane. Le lundi matin, il en tirait des synthèses et des recommandations, le plus souvent très sévères à mon égard, parce qu’il me reprochait de ne pas visiter assez les entreprises. J’écoutais le récit de ses actions et la litanie de ses reproches le lundi après-midi entre 14 heures et 14 heures 30. Les embauches de nos étudiants étaient relevées et publiées mois par mois: elles se trouvèrent si fortement accélérées par ce travail de contact et de prospection systématique que 90% de nos étudiants étaient embauchés dans les trois mois qui suivaient leur diplomation.
Autour de l’effort relationnel avec les entreprises, toute une pratique s'édifia qui consistait à juger de la pertinence d’un cours, d’un programme ou d’un projet en fonction de ses effets directs, indirects ou nuls sur la future embauche des étudiants. Pour l'illustrer, voici une anecdote qui me semble significative de l’imprégnation des esprits à l’École sur le thème de l’embauche :
Un soir, vers 19 heures, une femme de ménage est venue cogner à la porte de mon bureau pour me signaler que le grand amphi était sale. Puis elle a ajouté « vous comprenez, Monsieur Pflimlin vient présenter son entreprise (Le Crédit Mutuel) ; si c’est sale, il aura une mauvaise impression de notre école et les étudiants ne seront pas embauchés ».
Je me suis dit que si même la femme de ménage avait compris que son travail était relié à l’embauche des étudiants, la bataille était gagnée en termes de motivation du personnel.
Néanmoins, tout n’allait pas pour le meilleur des mondes à l’IECS, notamment du fait de mes maladresses. Un soir, sortant vers 20 heures de l’École (oui, un Directeur d’École est obligé de travailler tard, car il passe sa journée à rencontrer le personnel, les étudiants et les partenaires), je rencontrais des étudiants qui sortaient de nos salles de cours. Le lendemain, je demandais des explications sur cet emploi du temps tardif. On m’expliqua que les six programmes de langue combinés à la multiplicité des choix effectués par des étudiants qui devaient apprendre trois langues en sus des cours de gestion, obligeaient à élargir exagérément le champ de l’emploi du temps des étudiants, qui s’étalait de 8 heures à 20 heures.
Je demandais de fournir un effort d’organisation de l’emploi du temps pour passer de 8 heures à 18 heures. Le Secrétaire Général, Jean-Pierre Kennel, mit en place une commission pour faire avancer la réorganisation de l’emploi du temps. Hélas, et ce ne fut pas la faute de J-P Kennel, comme toutes les commissions, elle s’endormit sur le sujet jusqu’à ce que je m’en inquiète auprès de l’une des secrétaires chargées de l’emploi du temps qui m’affirma tout de go, que, si elle avait été consultée, elle aurait fait savoir comment résoudre le problème de l’étalement excessif des cours.
Interloqué, je la chargeais aussitôt de proposer une nouvelle organisation de l’emploi du temps, qui s’avéra en effet bien meilleure que celle que nous utilisions.
C’est alors que je fus maladroit, en termes de management. Enthousiasmé par ce résultat, je décidais d’augmenter le salaire de la secrétaire à l’origine de cette amélioration et aussitôt je provoquais une protestation générale sur le thème "nous aussi nous menons des actions extraordinaires ; nous aussi nous avons droit à une augmentation !"
En distinguant par une augmentation cette secrétaire qui méritait effectivement une récompense, j'avais commis une erreur. J'avais suscité un sentiment de jalousie et provoqué une frustration, les deux bien naturels. De ma part c'était sans malice, c'était même sans assez de malice.
Je fus donc contraint d'octroyer, au grand dam du conseil d'administration de la Fondation IECS, des avantages nouveaux au personnel, tout en me promettant de ne plus me laisser entrainer dans le rôle du Père Noël ou du Bon Samaritain qui m'avait déjà conduit à quelques déconvenues inattendues dans le passé...
À SUIVRE
LE COUP D'ÉTAT QUI TERRASSA LE ROYAUME DE FRANCE
Dés que la Constitution fut mise en œuvre en octobre 1791, une fois les députés élus, il fut tout de suite patent que le couple formé par l’Assemblée législative et le roi Louis XVI fonctionnait mal.
L’Assemblée rêvait d’un roi constitutionnel qui accepterait volontiers l’amputation permanente de son pouvoir. Or, Louis XVI s’y refusait depuis le début de la Révolution, exactement depuis le 9 juillet 1789, date à laquelle les États Généraux s’étaient déclarés Assemblée Constituante.
Contraint par la rue et l’Assemblée, ramené de force aux Tuileries après la fuite à Varennes, il faisait une sorte de résistance passive. Puisque la Constitution lui avait octroyé un droit de veto, il se mit tout de suite à en user largement, à renvoyer les ministres, pendant que l’Assemblée de son côté prenait sans cesse des mesures contre le clergé ou les immigrés, poussée qu’elle était à la surenchère par la pression qu’exerçait sur elle une foule parisienne manipulée par des agitateurs.
Puis l’Assemblée prit l’initiative, invoquant l’appui que l’empereur Léopold II apportait aux immigrés, de déclarer le 20 avril 1792 la guerre au « roi de Bohême et de Hongrie », ouvrant vingt-trois années de guerres européennes presque ininterrompues.
Dès lors, la tension ne cessa de croître entre le roi qui s’opposait aux décrets sur la déportation des prêtres réfractaires et les militants des faubourgs parisiens, conduits notamment par le riche brasseur Santerre, celui-là même qui mènera le 10 août 1792 l’assaut contre les Tuileries. Ces militants envahirent donc une première fois les Tuileries pour lui demander de retirer son veto. Ce roi réputé faible ne céda pas, pas plus que l’Assemblée. Une pétition circula le lendemain pour demander la punition des émeutiers tandis que le Roi publiait une proclamation pour condamner cette intrusion et passait fermement en revue un bataillon de la garde nationale.
Après ce grave incident, l’Assemblée fut accablée par les membres du Club des Jacobins de demandes de déchéance du Roi auxquelles elle avait de plus en plus de mal à résister.
Le pouvoir était à prendre.
Il fut pris.
Lorsque la cloche des Cordeliers se mit à carillonner, à minuit moins le quart le 9 août 1792, donnant le signal aux sections de la Commune insurrectionnelle pilotée par Danton de l’occupation de l’Hôtel de Ville, nul ne savait encore qu’elle sonnait le glas d’un millénaire de royauté.
Nul ne se doutait non plus que les nouveaux dirigeants, qui allaient, par la force, facilement s’emparer des commandes de l’État le 10 aout 1792, allaient déchainer pendant les deux années suivantes la tempête politique la plus violente qu’ait jamais connu la France dans toute son histoire, sous le nom tout à fait approprié de Terreur.
Comment s’étaient organisés ces hommes ? Députés, avocats, comploteurs aguerris, ils avaient formé hors de l’Assemblée un comité destiné à préparer une insurrection. Ils commencèrent par le plus facile, la prise de l’Hôtel de Ville de Paris. Puis, le bâtiment occupé, ils y convoquèrent le chef de la garde nationale, le marquis de Mandat qu’ils abattirent immédiatement afin de désorganiser la garde. Puis ils marchèrent sur les Tuileries qui étaient protégées à la fois par les gardes suisses et les gardes nationaux qui firent en partie défection, désorientés qu’ils étaient par la mort de leur chef.
Au matin du 10 août, le jardin des Tuileries fut investi. Les Suisses barricadés dans le palais déclenchent une fusillade qui mit hors de combat une centaine d'assaillants, mais ils ne parvinrent pas à rompre l’encerclement conduit par les émeutiers du faubourg Saint-Antoine. Sur l’insistance des députés, le Roi signa un billet donnant l'ordre aux Suisses d'arrêter le combat et de se rendre. Mal leur en prit d’obéir, puisqu’ils furent presque tous, huit cent soldats au total, massacrés par les émeutiers qui en profitèrent pour piller les Tuileries, tandis que le Roi et sa famille cherchaient refuge à l'Assemblée.
Mais l’Assemblée ne constituait qu’un refuge tout relatif, le Roi n’étant protégé que par les députés qui l'entouraient, lui et sa famille. De fait, ils se retrouvèrent rapidement à la merci des émeutiers qui, après l’Hôtel de Ville et les Tuileries, ne s’arrêtèrent pas en chemin et envahirent les bâtiments de l’Assemblée. Ils contraignirent les députés qui n’avaient pas encore fui à prononcer la suspension du Roi et à mettre fin immédiatement au mandat de l’Assemblée qui courait jusqu’au 30 septembre 1793.
Les comploteurs avaient en effet décidé que l’Assemblée serait remplacée par une Convention dont le but affiché serait d’élaborer une nouvelle constitution. En attendant, la commune insurrectionnelle de Paris fit prisonniers Louis XVI et sa famille.
C’était un vrai coup d’État, qui inspirera par la suite Lénine.
Ce coup d'État fit disparaître le Royaume de France, sa constitution et la légitimité de ceux qui s'emparèrent du pouvoir, mais malheureusement aussi de tous leurs successeurs, d'où le nombre élevé de constitutions de 1789 à nos jours.
À SUIVRE
LE VOILE ÉCOLOGIQUE DEVANT LA CHUTE DÉMOGRAPHIQUE
Tous les regards sont aujourd’hui tournés vers l’écologie, observant à quel point l’environnement se détériore, les gaz à effet de serre augmentent et avec eux les dérèglements climatiques. Entre autres catastrophes annoncées, on ajoute que de nombreuses espèces vivantes sont en voie de disparition, en oubliant simplement d’y inclure l’espèce humaine.
L’angoisse écologique n’est pas appelée à durer. Elle sera remplacée, peut-être d’ici une génération à peine, par l’angoisse démographique.
Cette proposition est difficile à accepter alors que des militants écologiques se livrent en toute bonne conscience à des agressions contre des personnes, des œuvres d’art ou des organisations que l’on ne tolérerait d’aucun autre groupe. Personne, ou presque, ne se risque à déclarer que la cause de ces activistes écologiques pourrait être mauvaise, dépassée, ou même menacée d’obsolescence. Or cette obsolescence de la cause écologique est certaine, d’ici une génération au moins à trois générations au plus, le temps que la population humaine commence à décroitre.
En d’autres termes, chacun d’entre nous est convaincu qu’il doit tout faire pour freiner la détérioration de son environnement pendant que notre société s’organise pour nous faire disparaitre, nous les humains.
Voici les données à l’appui de cette proposition. L'Onu, fondant ses prévisions sur des moyennes statistiques destinées à ne faire peur à personne, nous annonce un ralentissement de la croissance démographique qui ne serait vraiment sensible qu’à la fin du XXIe siècle. Ces prévisions démographiques nous laissent en effet le temps de souffler, en restant concentrés sur les limites écologiques du développement de l’humanité.
Plus précisément, si les prévisions moyennes de l’Onu* sont vérifiées, la population mondiale atteindrait à la fin du XXIe siècle environ 11 milliards de personnes alors qu’elle va dépasser 8 milliards ces prochains jours.
Si nous prenons l’hypothèse de l’Onu au sérieux, alors le problème central de l’humanité devrait, pour les trois prochaines générations, consister à fournir suffisamment de biens à une population humaine en nombre croissant, tout en limitant les effets de l’augmentation de la production sur son environnement.
Or ce problème relève manifestement de la quadrature du cercle : il implique l’organisation de la pénurie au moyen du mécanisme des prix ou de la réglementation bureaucratique, nonobstant toutes les résistances locales et individuelles que la pénurie implique pour des sociétés habituées à l’abondance ou aspirant à cette abondance.
Prenons par exemple l’enjeu de l’automobile. Selon la logique de l’économie de marché, il faut fournir à toutes les personnes solvables les véhicules individuels qu’elles demandent, tout en limitant la pollution que ces véhicules engendrent et la consommation de matières premières qu’elles exigent. Les progrès technologiques, comme les véhicules mus par l’électricité, devraient y contribuer, mais les exigences contradictoires précédentes impliquent implicitement que le nombre de ces véhicules soit limité.
In fine, il faudra choisir entre la frustration des personnes qui en seront privées et l’accentuation de la destruction de l’environnement. Voilà le genre de conflit dans lequel les prévisions de l’Onu nous projettent dans ce siècle.
Mais l’hypothèse de l’Onu manque de solidité, en raison de sa dimension politique. D’autres projections décrivent une réduction plus rapide de la natalité que ne l’indiquent les prévisions de l’Onu. Une décroissance de la natalité a déjà été annoncée en 2019 par Darrell Bricker et John Ibbitson, dans leur ouvrage « Empty Planet : the shock of global population decline ». En 2020, Stein E. Vollset & all** ont livrés des projections en ce sens et James Pomeroy s’inscrit dans leurs projections, selon un rapport*** qu’il a publié chez HSBC au mois de juillet 2022.
D’après ces auteurs, au rythme actuel de baisse du taux de fécondité, la population mondiale pourrait être réduite de moitié à la fin du siècle avec un peu plus de 4 milliards d'habitants, au lieu des 11 milliards projetés par l’Onu, tandis que le pic de population serait atteint aux alentours de 2043.
Ce ne sont pas les mêmes perspectives du tout !
L’an 2043, c’est dans 21 ans, à peine le temps d’une génération : c’est demain et cette perspective change tout. Est-elle sérieuse ?
Or, tout le raisonnement de ces auteurs repose sur l’évolution du taux de fécondité. Déjà, en juillet 2022, même l’Onu constatait qu'en 2021, la fécondité moyenne de la population mondiale était de 2,3 naissances par femme contre 5 naissances dans les années 1950. Tout laisse croire que cette fécondité va continuer à baisser, toute la question étant de prévoir à quel rythme se produira cette décroissance, chacun sachant que le signal d’une réduction de la population intervient lorsque le nombre de naissances par femme passe au-dessous de 2,1.
On peut trouver toutes sortes de belles et bonnes raisons pour expliquer la baisse de la natalité comme l'intégration des femmes dans le marché de l'emploi qui retarde l'âge auquel elles ont leur premier enfant, la hausse des prix de l’immobilier qui rend difficile la vie d'une famille nombreuse ou le meilleur accès aux soins et aux pratiques contraceptives, mais il ne s’agit que de réponses partielles.
La réponse globale à la question du taux de natalité se révèle mieux dans l’interrogation suivante : demandez-vous simplement quel est l’argument qui vous permettrait de convaincre une femme d’avoir plus de deux enfants, si elle n’en a pas envie elle-même et vous aurez la réponse : il n’en existe aucun, si vous vous situez au niveau individuel.
Et comme la pression directe des sociétés sur le comportement des femmes tend partout à se réduire tandis que les conditions de vie découragent la natalité sur tous les continents, la question du taux de natalité se ramène progressivement à l’envie individuelle des femmes d’avoir plus de deux enfants, et même, plus radicalement, d’avoir des enfants.
Il y a déjà bien des sociétés ou cette envie d’avoir des enfants s’est fortement réduite, aujourd’hui, en 2022 : la Corée du Sud avec 1 enfant par femme, la Chine et le Mexique avec 1,2, l’Italie avec 1,3, l’Allemagne et le Royaume Uni avec 1,5, le Brésil avec 1,6, les États-Unis avec 1,7, la France avec 1,8. Même l’Inde avec 2 enfants par femme est en voie de dépopulation. Tous ces pays devraient placer en tête de leurs préoccupations les équilibres actuels et futurs de leurs populations en voie de décroissance, mais peu le font à l’exception de l’Italie, de la Suède, du Japon et de la Corée.
Or, au rythme où va aujourd’hui la baisse de la natalité, la population européenne, hors immigration, aura diminué de moitié avant 2070.
Si la baisse de la natalité se poursuit alors que tous les indicateurs sont aujourd’hui orientés en ce sens, il va pourtant falloir organiser la vie collective d’une société mondiale avec moins d’habitants, avec peu d’enfants et une proportion croissante de personnes âgées. Il s’y ajoute les déséquilibres entre régions du monde, l’Afrique continuant un certain temps à avoir une croissance démographique supérieure à d’autres régions du monde, entrainant émigration et conflits.
Tous les arrangements pour vivre ensemble seront mis en cause. Par exemple, des écoles de moins en moins nombreuses, des personnes âgées qui réduisent le niveau de vie des personnes actives et dont on aura tendance à encourager la disparition. Imagine-t-on la vie dans une ville dont la moitié des logements seront vides, où la moitié des véhicules seront abandonnés et la plupart des équipements surdimensionnés ? Mais l’on se trouve ici dans le domaine de la science-fiction, puisque rien n’est prévu, collectivement, pour y faire face.
Dans le passé, l’humanité a essentiellement vécu dans un monde où la peur de la nature, de la maladie et de la famine déterminait les réflexes de survie, de la natalité à l’accumulation des biens.
Aujourd’hui, avec une partie de sa population repue et l’autre visant à l’être, l’humanité prétend trouver un équilibre entre toujours plus de consommation et toujours moins d’impact négatif sur son environnement tout en feignant d'ignorer que les femmes ont silencieusement tranché ce nœud gordien en réduisant la natalité.
Il est curieux en effet, les yeux rivés sur l’environnement, que l’humanité fasse semblant de ne pas s’en apercevoir.
*UN, Department of Economic and Social Affairs, Population Division, World population prospects 2019: volume I: comprehensive tables. United Nations, New York 2019
** Stein E. Vollset & al., Fertility, mortality, migration and population scenarios for 195 countries and territories from 2017 to 2100: a forecasting analysis for the Global Burden of Disease Study», The Lancet, vol 396, issue 10258, pp 1285-1306, 17 october 17 2020.
***Voir le rapport de James Pomeroy : https://www.research.hsbc.com/C/1/1/320/cjGpNND.
LA CONQUÊTE SPATIALE
Lorsque nous observons ce démiurge, Elon Musk, lancer des chapelets de satellites, envoyer des touristes dans l’espace proche, intervenir en Ukraine ou en Iran, énoncer des projets fous, Il serait avisé de nous intéresser à l'économie de l'espace qui contrôle déjà une bonne partie d'internet, notre GPS, nos prévisions météorologiques et bientôt nos communications téléphoniques.
L'espace, qu'est ce à dire au juste? Il se situe environ cent kilomètres au-dessus de nos têtes, lorsque l’atmosphère terrestre a quasiment disparu et que l'on ne peut plus compter sur la portance aérodynamique mais uniquement sur la vitesse pour se maintenir en orbite.
Environ cent kilomètres... Cet "environ" pose un problème juridique. Au-dessous de cette limite, nous nous trouvons dans l'espace aérien de chaque pays, au-dessus l'espace appartient à tout le monde.
À tout le monde, mais pas n'importe comment. Pour gérer internationalement l'espace, un traité a été signé en 1967, le Traité sur les principes régissant les activités des États en matière d’exploration et d’utilisation de l’espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes. Il s'y est ajouté en 1968, un accord sur le retour et le sauvetage des astronautes et sur la restitution des objets lancés dans l’espace extra-atmosphérique, puis en 1972, une convention sur la responsabilité internationale des États pour les dommages causés par des objets spatiaux suivie, respectivement en 1975 et 1979, par une convention sur l’immatriculation des objets lancés dans l’espace et par un accord sur les activités des États sur la Lune et sur les autres corps célestes.
Ces accords gênent aujourd'hui les États-Unis dans leur ambition de développer dans l'espace une économie sans entraves. Car la situation a bien évolué depuis les premiers accords qui ont eux-mêmes suivi d'une décennie la première incursion humaine dans l'espace conduite par l'URSS.
En effet, le 4 octobre 1957 exactement, l'URSS a lancé le tout premier satellite, Spoutnik, sur une orbite qui se situait entre 225 kms et 947 kms au-dessus de la Terre.
Après les spoutniks soviétiques et la chienne Laïka, le premier être vivant satellisé qui n'a pas résisté bien longtemps à l'espace, les Américains rejoignaient les Soviétiques dans la course à l'espace avec le premier satellite américain, Explorer-1 en 1958. L'étape des satellites franchie, la compétition se déplaçait vers la Lune dés l'année suivante avec l’envoi du satellite russe Luna en dehors de l’orbite terrestre, puis de Luna-3 qui dévoilait des images de la face cachée de la Lune.
À partir de 1961, la course à l'espace s’intensifiait ; les Soviétiques envoyaient le premier homme dans l’espace, Yuri Gagarine, tandis que les Américains se donnaient pour objectif d’envoyer un homme sur la Lune avant la fin des années soixante, objectif atteint de justesse le 21 juillet 1969 par l’alunissage de Neil Armstrong et Edwin Aldrin.
C'est à partir des années 1970 que la conquête spatiale s'élargira de la Lune à l'ensemble des planètes du système solaire. Dés 1970, les Soviétiques parviennent à envoyer une sonde, Venera 7 sur Vénus, tandis qu'en 1976 les sondes américaines Viking se posent sur Mars, et en 1977, deux autres sondes américaines survolent les planètes Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune ainsi que quarante-huit de leurs lunes.
Entre 1986 et 2001, la station spatiale russe Mir devient la première station permettant le vol spatial habité à long terme, et en avril 1990, le télescope spatial Hubble, développé par la NASA, est mis en orbite et permet de faire des découvertes de grande portée dans le domaine de l’astrophysique.
La fin de la Guerre froide en 1990 ne mettait pas fin à cette conquête spatiale conduite par l'URSS et les États-Unis en compétition. Mieux, en 1998, une coopération internationale se mettait en place avec la construction de la Station spatiale internationale (ISS), qui est habitée de manière continue depuis octobre 2000.
À SUIVRE
CONNAITRE, COMPRENDRE , ORIENTER L'IECS STRASBOURG
Une École, comme toute organisation, a besoin d'un objectif clair, connu et accepté. L'aphorisme de Sénèque*, "Il n'est pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va.", s'y applique parfaitement, mais l'art est tout d'exécution.
* Lettres à Lucilius, LXXI
À SUIVRE