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Le blog d'André Boyer

UKRAINE: LA PARTIE EST DÉJA JOUÉE.

19 Juin 2023 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

UKRAINE: LA PARTIE EST DÉJA JOUÉE.

Je ne vous ai pas accablé par mes billets sur l’Ukraine : le dernier date du 8 février dernier, l'avant dernier du 30 juillet 2022. Ce n'est pas que le sujet ne me passionne pas, mais je me retiens d'écrire pour ne pas heurter la majorité de mes lecteurs, endoctrinés par la doxa qui a cours dans le (petit) monde occidental.

 

Mais le silence ne peut être qu'une attitude provisoire, le temps que les circonstances deviennent plus propices à l'écoute qu'à l'époque où l'on expliquait la guerre ukrainienne par la folie de Poutine et auparavant la guerre de Syrie par la méchanceté d'Assad, celle de Libye par la violence de Khadafi, celle d'Irak par les armes de destruction massive de Saddam Hussein ou celle d'Afghanistan par les tours de Manhattan. 

Il est possible désormais de comprendre que la guerre d'Ukraine, qu'a déclenché Poutine, trouve ses racines dans la volonté des Américains d'étendre le périmètre de l'OTAN jusqu'en Ukraine, ce qui s'est traduit par le coup d'État de 2014. À cette volonté américaine s'opposent les Russes qui n’acceptent pas de laisser s'installer des lanceurs d'ogives nucléaires à quelques minutes de Moscou, comme les Américains s'étaient autrefois opposés à l'installation de missiles russes à Cuba.

Il en résulte que, compte tenu de l’enjeu atomique, les Russes ne céderont pas. On peut imaginer toutes sortes de scénarios, depuis l'assassinat de Poutine jusqu'à un coup d'état ou une révolution en Russie, mais c’est méconnaitre que le choix russe relève de la géostratégie mondiale et pas de l’humeur, du caractère ou de l’équilibre psychique du Président.

Donc s'affrontent d'un côté les Russes qui ne veulent pas céder et de l'autre les Américains qui voudraient bien les écraser pour faire exploser l'entité russe et se retrouver seuls face aux Chinois.

Les États-Unis ont déjà atteint leur objectif stratégique à court terme, qui était de séparer les Européens des Russes. Sur le plan militaire, c’est plus douteux, car les Ukrainiens souffrent face aux fortifications et à la préparation d'une relative petite armée russe de deux cent mille hommes disposés sur un front d'un millier de kilomètres.

La suite? Voici, en résumé, ce que j'écrivais en février dernier et que je maintiens: il est possible que l'envoi de matériel supplémentaire ne permette pas aux Ukrainiens de contre-attaquer. Que fait-on, alors ? Soit on négocie, soit il faudra envoyer d’autres matériels, comme les avions demandés par Zelensky. Si les avions ne suffisent pas, il faudra envoyer des troupes constituées, ce qui équivaudrait à une déclaration de guerre officielle, à laquelle aspirent les Polonais mais pas les Américains qui ne veulent pas flirter avec une guerre nucléaire.

Le plus vraisemblable est qu'il ne se passera rien. On fera semblant d'envoyer des armes supplémentaires, on formera des pilotes, on enverra des volontaires pour suppléer un contingent ukrainien qui a fortement tendance à préférer vivre sur la Côte d'Azur que mourir aux frontières du Donbass. On peut les comprendre.

Passez donc un été tranquille, braves gens, pas de guerre généralisée en vue. Les Américains ayant atteint leur premier objectif stratégique qui était de séparer les Russes et les Européens, sont sans doute prêts à se contenter de l’établissement d’une DMZ qui sauverait la face de tous les protagonistes. Une DMZ (Demilitarized Zone) de deux cent cinquante kilomètres existe déjà entre les Corée du Nord et du Sud sur une bande de terre de quatre kilomètres. Elle subsiste depuis l'armistice de Panmunjeom dont on fêtera le soixante-dixième anniversaire le 27 juillet prochain, ceci pour vous faire comprendre qu’une DMZ peut durer.

En Ukraine, il faudrait installer une DMZ quatre fois plus longue et on ne sera pas à l'abri de divers incidents, centrales nucléaires menacées, avancées russes pour protéger Belgorod ou sabotages organisés en Russie, mais rien qui mette en danger la paix du monde. Cette DMZ pourrait bien émerger vers le printemps 2024, lorsque les Russes et les Américains, et non les Ukrainiens qui n'ont pas leur mot à dire sauf comme porte-voix de la coalition, se mettront d'accord pour un cessez le feu provisoire sur la ligne de front. Et on passera à autre chose, jusqu’à ce que la situation bouge à nouveau au plan militaire.

Pendant ce temps, largement occulté par des médias habitués à voir les pays s'effondrer sous le poids des sanctions occidentales, un évènement économique est en train d'émerger qui met sérieusement à mal ce que l'on appelle poliment l'unilatéralisme des États-Unis.

En effet, les quatre autres pays des BRICS, Brésil, Inde, Chine et Afrique du Sud, ont refusé de sanctionner le cinquième, la Russie, et ils ont été suivis par de très nombreux pays, de la Turquie, pourtant dans l'Otan, à l'Arabie Saoudite, bien qu'elle soit largement dotée de bases américaines qui la "protège", en passant par la quasi-totalité de l'Afrique, une bonne partie de l'Asie (sauf le Japon) et, mezzo voce, de l'Amérique du Sud. Mais l'évènement le plus spectaculaire de cette révolte contre "l'unilatéralisme" a été l'accord Iran-Arabie Saoudite sous l'égide de la Chine.

Tout à coup, le couple États-Unis-Europe, même renforcé par le Japon, le Canada et l'Australie, s'est retrouvé isolé face à un fait stratégique massif : les autres pays ne veulent pas que la Russie perde, parce que ce serait une victoire de l'unilatéralisme, qu'ils rejettent. Du coup, les sanctions occidentales, autrefois imparables, sont devenues des chiffons de papier.

Dès lors, la victoire économique des Occidentaux sur la Russie semble hors de portée et l'Europe est bien imprudente de jouer les supplétifs de l'unilatéralisme, alors qu'elle en est la première victime. Pensez à la position de l'Allemagne qui a parié sur un approvisionnement énergétique peu coûteux en gaz russe pour s'en trouver désormais privée et sur des dépenses militaires quasi nulles pour se retrouver obligée de réarmer à grands frais pendant que ses Léopards se font détruire sur le front.

 

La situation en ce mois de juin 2023 voit le succès stratégique à court terme des États-Unis parce qu’ils ont obtenu de séparer l'Europe de la Russie au prix de dizaines voire de centaines de milliers de morts ukrainiens dont ils se soucient comme d'une guigne et de l’affaiblissement économique de l’Europe dont ils se nourrissent, mais à long terme, le multilatéralisme des BRICS sortira vainqueur de ce coup de poker un peu désespéré des Occidentaux.   

 

À SUIVRE, NATURELLEMENT

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PROPAGANDE ET FÉROCITÉ

10 Juin 2023 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LES MASSACRES DE LYON ORDONNÉS PAR COLLOT D'HERBOIS

LES MASSACRES DE LYON ORDONNÉS PAR COLLOT D'HERBOIS

En ce printemps 1793, la France profonde est en ébullition. Charlotte Corday a assassiné Marat. Robespierre et Saint Just ont à peine un an à vivre : la machine infernale de la Terreur tourne à plein régime.

 

On se tromperait cependant en imaginant les dirigeants du Comité de Salut Public et de la Montagne, encerclés, angoissés, étouffés par tant d’obstacles et d’ennemis. Ce Comité, après son épuration du 10 juillet 1793, comprend onze membres sans cesse réélus jusqu’au neuf thermidor de l’An II (27 juillet 1794) qui voit la chute de Robespierre. Trois de ses membres sont à droite, Carnot, Prieur de la Côte d’Or et Lindet. Cinq sont à gauche, Robespierre Saint-Just, Couthon, Prieur de la Marne et Jean Bon Saint-André. Deux sont à l’extrême-gauche hébertiste, Billaud-Varenne et Collot d’Herbois, et deux peuvent être classés comme opportunistes, Hérault de Séchelles et Barrére.

Au contraire, ces dirigeants sont à l’offensive, ivres de pouvoir et convaincus qu'ils détiennent la vérité. Autour d'eux, des petites gens, compromies par leurs assassinats et leurs actes de pillage, qui se savent condamnés à vaincre ou à mourir. Plus tard, ils seront bien heureux de laisser la responsabilité du pouvoir à l’un des leurs, Bonaparte, à charge pour ce dernier de les protéger. 

Le Comité de Salut Public affronte les Girondins et les Royalistes à l’intérieur et les armées étrangères en périphérie de la République.

Les résistants de l’intérieur, largement majoritaires, n’ont ni la cohérence de pensée, ni l’organisation commune, ni la détermination désespérée de leurs adversaires qui savent que le moindre recul signerait leur perte. Les armées étrangères souffrent de leur côté de tous les maux des coalitions : l’insuffisance de coordination face à une France qui est un tel géant démographique qu’avec la levée en masse, elle rassemble plus de troupes que l’ensemble des coalisés. 

Dans cette atmosphère de lutte pour la vie, la Convention s’offre le luxe d’élaborer une nouvelle Constitution. Un premier projet est présenté par Condorcet, qui cherche à éviter qu'une faction usurpe la volonté générale. Il paiera sa naïveté de sa vie, en se suicidant dans sa cellule de Bourg-la-Reine le 28 mars 1794. 

Une nouvelle Commission se brisa sur le conflit qui opposait les Girondins et les Montagnards. Les premiers soutenaient que le droit de propriété primait sur les droits sociaux, tandis que la Montagne se donnait le beau rôle en avançant que « La société est obligée de pourvoir à la subsistance de tous ses membres, soit en leur procurant du travail, soit en assurant des moyens de subsistance à ceux qui sont hors d'état de travailler ».

Ayant éliminé les Girondins, les Montagnards bâclèrent une Constitution qui fut adoptée par la Convention le 24 juin 1793 puis soumise à un referendum national qui fut adopté par un quart du corps électoral. Saint Just l'enterra dès le 10 octobre 1793, en déclarant que « dans les circonstances où se trouve la République, la Constitution ne peut être établie ; on l'immolerait par elle-même, elle deviendrait la garantie des attentats contre la liberté parce qu'elle manquerait de la violence nécessaire pour les réprimer. »

On manquerait de la violence nécessaire !

On plaça le parchemin dans une châsse au beau milieu de la salle conventionnelle, un tombeau bien choisi pour une constitution mort-née. 

La violence, la Convention la pratiquait : elle entreprit, avec la plus extrême férocité, d’éliminer les foyers fédéralistes qui étaient répartis sur le territoire français, Caen à l'ouest, Bordeaux au sud-ouest, Marseille et Toulon au sud-est, Lyon au centre et la Franche-Comté à l'est. 

Le 13 juillet 1793, à Pacis-sur-Eure, les bataillons fédéralistes de Puisaye marchant sur Paris sont attaqués et défaits par les gardes nationaux fidèles à la Convention. Puis le 16 octobre 1793, Bordeaux sera pris par l’ « armée » de Brune, "sept cent misérables, appuyés par deux canons" comme l'écrit la marquise de La Tour du Pin. 

À Lyon, la ville avait organisé un gouvernement de salut public et levé une armée de 10.000 hommes commandée par un ancien émigré royaliste, le Comte de Précy. La Convention décida d'assiéger la ville le 9 août. Les troupes républicaines entrèrent dans la ville après deux mois de siège. Sur la base d’un rapport de Barère, la Convention vota la destruction de Lyon et la répression fut atroce : sur ordre de Collot d'Herbois, six mille personnes périrent en une journée par le canon chargé à mitraille et par le fer, puis furent jetées dans le Rhône.

Marseille fut reprise aux fédéralistes le 25 août, où Barras organisa un tribunal révolutionnaire. C’est alors que, de peur, Toulon se donna aux Anglais et qu’il faudra attendre l'arrivée de Bonaparte pour qu’elle soit reconquise le 19 décembre. Ce jour-là, les Toulonnais furent convoqués au Champ de Mars, où se déroulèrent les exécutions sommaires d’un millier de personnes, tandis que la ville, rebaptisée Port-la-Montagne, était en partie détruite et ne gardait que le quart de ses habitants.

 

La répression s’avérant plus difficile en Vendée, la Convention hissa la sauvagerie de la répression à un niveau inégalé dans l’histoire de la France.

 

À SUIVRE

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