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Le blog d'André Boyer

LA DICTATURE GAUCHISTE DU DIRECTOIRE

26 Juin 2024 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LE PAPE PIE VI (1775-1799)

LE PAPE PIE VI (1775-1799)

LA DICTATURE GAUCHISTE DU DIRECTOIRE

 

Les trois Directeurs de gauche ont donc préparé un coup d’État contre les Conseils avec le soutien des généraux, qui étaient clairement opposés au retour du roi et avec celui des éternels Jacobins, toujours prêts à brandir la violence révolutionnaire.

 

Pour l’organiser, la majorité du Directoire fit d’abord appel à Hoche, puis à Augereau qui contrôla, le 4 septembre 1797 au matin, les abords des Tuileries, ferma les barrières de Paris et fit arrêter les Députés et Directeurs identifiés comme opposants.

Ils étaient soutenus d’une part par les Jacobins, qui « considéraient le régime légal comme une concession faite aux contre-révolutionnaires, et ne voulaient que vengeance et proscriptions », ainsi que par les armées « comblés d'honneurs, gorgés d'argent, repus de plaisirs » (Michelet).

Quant au général Bonaparte, « Ses premiers succès avaient tous été remportés contre la faction royaliste, soit devant Toulon, soit au 13 vendémiaire ». En outre, « Que pouvait faire un roi pour sa destinée ? » (Michelet). C'est pourquoi, il choisit l'anniversaire du 14 juillet pour s’agiter en faisant rédiger des adresses hostiles aux royalistes et en promettant des fonds pour aider à la réalisation du coup d'État. 

De leur côté, les royalistes pressaient Pichegru d’agir pour faire face au danger, mais ce dernier ne disposait d’aucun moyen significatif pour le faire.

Il ne restait plus au Directoire qu’à franchir le Rubicon, ce qu’il se décida à faire le 3 septembre 1796. La veille, Barras informa  Rewbell et La Révellière-Lépeaux, puis fit rédiger, imprimer et afficher sur les murs de Paris des proclamations annonçant qu'un grand complot avait été formé contre la République. Vers minuit, Augereau disposa toutes les troupes de la garnison, avec une artillerie nombreuse, autour du Palais Législatif.

Mais nombre de députés, quoique avertis, voulurent tout de même se rendre à leur poste le lendemain, en se présentant, leurs présidents en tête, aux portes du Palais Législatif. On leur en refusa l'entrée et ils furent dispersés. Un certain nombre d’entre eux furent arrêtés et conduits au Temple. Les députés restants délibérèrent sous la surveillance de l'armée. Sous la contrainte militaire, ils durent « corriger » les élections dans quarante-neuf départements, ce qui leur permit d’éliminer cent quarante députés. Les élections aux administrations locales furent cassées dans cinquante-trois départements et remplacées par des nominations. Quarante-deux journaux furent supprimés et les lois contre les immigrés et les prêtres réfractaires furent remises en vigueur.

En outre, soixante-cinq « fructidorisés » furent condamnés, sans jugement, à la déportation, parmi lesquels figuraient les Directeurs Carnot et Barthélemy, les généraux Pichegru et Miranda, onze membres des Cinq-Cents et quarante-deux des Anciens. Huit moururent en déportation, les autres s’échappèrent et rentrèrent, qui en France, comme Pichegru et Barthélemy, qui en Suisse comme Carnot.

Les places des députés destitués restèrent vacantes. Les émigrés qui étaient rentrés en France durent quitter le pays dans les quinze jours. Les lois qui rappelaient les prêtres déportés, qui les
 dispensaient du serment et les obligeaient à une simple déclaration, furent rapportées et on procéda à des déportations massives de prêtres. 

Tandis que les patriotes des faubourgs trouvaient la déportation trop douce pour les condamnés, la masse de la population, échaudée par les massacres qu’avaient engendré les révoltes précédentes, se soumit et se réfugia dans l’abstention qui caractérise toutes les élections depuis les toutes premières en 1791 qui connurent en moyenne une participation de dix pour cent.

Car si les trois Directeurs avaient fait ce que l’armée et les faubourgs attendaient d’eux, la majorité des électeurs se voyaient une nouvelle fois floués. Le coup d'État de Fructidor confirmait qu’il était désormais normal pour les politiciens de ce nouveau régime politique instauré une fois de plus de force, de violer la Constitution, la Loi et la Souveraineté de la Nation. On voyait désormais des conseils délibérants sous la menace des soldats, des généraux appelés à se prononcer, des élus déportés, la presse supprimée.

Dans le même esprit, le 20 janvier 1798 le général Berthier occupait Rome et enlevait le Pape Pie VI pour le déporter à Florence, avant de le transférer à Valence où il mourut.

Pie VI avait eu en effet le courage de s’élever contre la condamnation et l’exécution de Louis XVI, et il paya de sa vie ce courage. Je ne résiste pas à la tentation de vous livrer un extrait du discours, un discours que le Pape avait prononcé à la suite de la décapitation du Roi Louis XVI :

« Les philosophes effrénés entreprennent de briser les liens qui unissent tous les hommes entre eux, qui les attachent aux Souverains et les contiennent dans le devoir. Ils disent et répètent jusqu’à satiété que l’homme naît libre et qu’il n’est soumis à l’autorité de personne. Ils représentent, en conséquence, la Société comme un amas d’idiots dont la stupidité se prosterne devant les prêtres et devant les rois qui les oppriment, de sorte que l’accord entre le Sacerdoce et l’Empire n’est autre chose qu’une barbare conjuration contre la liberté naturelle de l’homme. Ces avocats tant vantés du genre humain ont ajouté au mot fameux et trompeur de liberté cet autre nom d’égalité qui ne l’est pas moins. Comme si entre des hommes qui sont réunis en société et qui ont des dispositions intellectuelles si différentes, des goûts si opposés et une activité si déréglée, si dépendante de leur cupidité individuelle, il ne devait y avoir personne qui réunît la force et l’autorité nécessaires pour contraindre, réprimer, ramener au devoir ceux qui s’en écartent, afin que la Société, bouleversée par tant de passions diverses et désordonnées, ne soit précipitée dans l’anarchie et ne tombe pas en dissolution. »

 

La pensée de Pie VI peut encore s’appliquer à nos contemporains !

À SUIVRE

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QUAND S&P ABAISSAIT LA NOTE DE LA FRANCE

20 Juin 2024 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

QUAND S&P ABAISSAIT LA NOTE DE LA FRANCE

Le vendredi 31 mai 2024, il y a une éternité, l’agence de notation américaine Standard & Poor’s (S&P) a abaissé la note qui évalue la qualité de la dette française.

 

Les eaux torrentielles qui ont coulé sous les ponts de la politique française, à savoir les résultats catastrophiques à l’élection européenne du 9 juin 2O24 pour les candidats de l’équipe politique qui gouverne actuellement la France, puis le même jour, la dissolution de l’Assemblée nationale qui implique une nouvelle redistribution du pouvoir, laissent augurer des modifications dans la trajectoire économique et financière de la France.

Des changements, des ajustements, des corrections brusques sont à prévoir, qui ne sont généralement pas du goût des financiers qui souscrivent aux emprunts émis par la République Française, ni de celui des agences de notation qui cherchent à rationaliser ces décisions de prêts.

Quoi qu’il en soit, il est intéressant de parcourir les arguments qui justifiaient il y a trois semaines l’abaissement de la note de S&P de AA vers AA-. Pour ce faire, je ne me suis pas fié aux commentaires des journaux mais j’ai utilisé directement le rapport de S&P dont les extraits, traduits en français, sont présentés en italique:

La note à long terme de la France est abaissée de "AA" à "AA-" en raison de la détérioration de la situation budgétaire.

En effet :

- Contrairement à nos prévisions antérieures, nous estimons que la dette publique de la France augmentera pour atteindre environ 112 % du PIB d'ici 2027, contre environ 109 % en 2023.

- Le déficit budgétaire de la France en 2023 a été nettement plus élevé que ce que nous avions prévu, atteignant 5,5 % du PIB.

- Même si nous pensons que la reprise de la croissance économique et les réformes économiques et budgétaires récemment mises en œuvre permettront à la France de réduire son déficit budgétaire, nous prévoyons maintenant qu'il restera supérieur à 3 % du PIB en 2027.

S&P envisage deux scenarios, dont le scenario défavorable suivant :

Nous pourrions abaisser les notes souveraines de la France si la croissance économique s'avérait matériellement inférieure à nos projections sur une période prolongée. Les notes pourraient également être mises sous pression si la France s'avère incapable de réduire son important déficit budgétaire, par exemple en raison de nouveaux dérapages budgétaires, et si les paiements d'intérêts des administrations publiques en pourcentage des recettes augmentent au-delà de nos attentes actuelles.

L'abaissement de la note reflète notre projection selon laquelle, contrairement à nos attentes précédentes, la dette des administrations publiques françaises en pourcentage du PIB augmentera en raison de déficits budgétaires plus importants que prévu au cours de la période 2023-2027...

…Le ratio dette publique/PIB de la France est devenu le troisième plus élevé de la zone euro, après ceux de la Grèce et de l'Italie…

...Selon nous, les résultats obtenus par la France en matière d'assainissement budgétaire au cours des dernières décennies sont médiocres. Elle n'a pas enregistré d'excédent budgétaire primaire depuis 2001...

...Nous pensons que la fragmentation politique ajoute à l'incertitude quant à la capacité du gouvernement à continuer à mettre en œuvre des politiques qui augmentent le potentiel de croissance économique et traitent les déséquilibres budgétaires. Sans majorité parlementaire absolue, le gouvernement continue de faire face à une forte opposition parlementaire et non parlementaire à certaines propositions de réforme, comme l'ont montré les nombreuses manifestations et grèves contre la réforme des retraites au premier semestre 2023.

Mais comme les prévisions politiques de S&P se sont révélées rapidement obsolètes puisqu'ils indiquent logiquement que les prochaines élections présidentielles et législatives sont prévues pour 2027, leurs prévisions risquent de l'être également :

Ils prévoyaient que cette année, le gouvernement supprimerait progressivement la plupart des mesures budgétaires temporaires destinées à atténuer l'impact négatif de la hausse des prix de l'énergie et de l'inflation sur les ménages et les entreprises. Cela semble désormais hors de portée, alors que, ajoute S&P, en l'absence de mesures d'assainissement discrétionnaires supplémentaires, le déficit budgétaire restera supérieur à 3 % du PIB.

On ne sait pas encore, dans la situation politique actuelle, sur quelles bases économiques, financières et fiscales s'appuieront les prochains gouvernements pour atteindre un déficit inférieur à 3%.

Or, ajoute S&P, Selon nos prévisions, la dette des administrations publiques en pourcentage du PIB augmentera continuellement pour atteindre 112,1 % du PIB en 2027, contre 109,0 % en 2023Nous prévoyons que les paiements d'intérêts des administrations publiques représenteront en moyenne 4,3 % de leurs recettes en 2024-2027, contre 3,3 % en 2023.

Il reste que S&P veut rassurer en prévoyant que la vigueur des exportations de biens et de services dans les secteurs économiques clés de la France, tels que l'aéronautique et le tourisme, ainsi que la relative stabilité des prix de l'énergie, permettront de maintenir le déficit de la balance courante en dessous de 1 % du PIB…

 

Acceptons-en l’augure, en nous attendant à quelques turbulences immédiates, qui n’affecterons pas, nous l’espérons, l’humeur de S&P.

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LA RÉVOLUTION VERTE

15 Juin 2024 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

LA RÉVOLUTION VERTE

La révolution agricole aux États-Unis et en Europe a été suivie d’une Révolution Verte, en particulier en Asie, largement financée par des fonds publics et privés américains, l’objectif étant d'accroître considérablement la production vivrière.

 

Le principe retenu fut d'adapter les nouvelles techniques agricoles appliquées dans les pays industrialisés aux conditions particulières des agricultures asiatiques, à savoir une force de travail nombreuse pratiquant une culture manuelle et répartie dans de très petites exploitations familiales.

Il n’était pas question de rassembler des terres pour pratiquer une forte mécanisation car cela aurait provoqué un exode massif qui n’aurait pas pu être absorbé par l’industrie et les services. Du coup, la Révolution Verte a reposé sur la sélection génétique de variétés à haut potentiel de rendement, principalement pour le riz et le blé, sur une large utilisation des engrais minéraux et des pesticides, sur la maitrise de l’eau par irrigation et drainage ainsi que sur l’utilisation d’animaux de trait ou de petits motoculteurs.

Cette politique a été appuyée par d’importants investissements publics dans les infrastructures agricoles : voies de transport, électrification, irrigation et drainage. Ils ont été complétés par de forts investissements dans la recherche agricole visant à sélectionner des variétés de plantes adaptées aux contextes locaux et une politique de prix avec une garantie d’achat des récoltes par l’État et des taxes sur les importations  

Dans les pays où la volonté politique a été insuffisante, la Révolution Verte n’a été que partiellement réalisée, comme en Amérique Latine et au Moyen Orient à l’exception de l’Égypte.

Dans les régions où elle a eu lieu, elle a permis de quadrupler les rendements agricoles entre 1970 et 1990, et en riziculture à passer jusqu’à quatre récoltes par an. Les techniques utilisées étant intensives en travail, les emplois et les revenus agricoles ont fortement augmenté, créant un pouvoir d’achat qui a stimulé le développement des activités rurales non agricoles, notamment dans les secteurs des biens de consommation et de la construction, également intensifs en travail. Il reste que les agriculteurs les plus pauvres n’ont pas eu les moyens d’accéder à la Révolution Verte

En sus de cette dernière, tirant parti de la libéralisation des mouvements de capitaux et des échanges agricoles internationaux, de nombreux investisseurs, entrepreneurs, grands propriétaires, firmes multinationales fournissant des intrants ou distributeurs de produits agricoles et fonds d’investissement se sont lancés dans la modernisation de grands domaines agricoles, en Amérique Latine, en Afrique et en Asie. Ils ont défriché les fronts pionniers des régions disposant de réserves de forêts et de savanes, y développant des cultures de blé, de maïs, de riz, de soja, de coton, de canne à sucre et de palmier à huile.

Il s’y est ajouté, à partir des années 1990, la ruée des mêmes investisseurs vers la modernisation des anciens domaines collectifs de l’Ex-URSS, de l’Europe centrale et orientale comme l’Ukraine.

Cette deuxième révolution agricole des temps modernes a  cependant laissé de côté de vastes régions d’Afrique subsaharienne, d’Amérique latine et d’Asie centrale où des centaines de millions de paysans ont vu leur productivité stagner.

Mais, au total, la production agricole a augmenté de manière spectaculaire, accompagnant la croissance démographique mondiale. Elle a ainsi été multipliée par 2,6 entre 1950 et 2000, permettant de nourrir une population mondiale qui a augmenté presque aussi vite, passant de 2,5 milliards de personnes à 6 milliards dans le même intervalle de temps.

L’accroissement de la production s’explique pour plus de 70% par celui du rendement agricole qui a été multiplié par plus de deux en cinquante ans, mais aussi par l’accroissement des surfaces cultivées qui sont passées de 1330 à 1500 millions d’hectares entre 1950 et 2000, par l’accroissement du nombre de récoltes par an et par la réduction des périodes de friche entre les cultures[1].

 

Cette progression de la production s’est accompagnée d’une forte baisse des prix agricoles.

 

À SUIVRE

 

[1] Il faut signaler également les initiatives des paysans dans des régions à forte densité de population, deltas d’Asie du Sud-Est, Rwanda, Burundi, Yucatan, Haïti, Polynésie, qui ont construit des écosystèmes cultivés superposant plusieurs étages d’arboriculture fruitière, dominant des associations denses de cultures vivrières et fourragères, des élevages d’herbivores, de porcs et de volailles et parfois même des bassins de pisciculture. Ces paysans ont pu obtenir ainsi, sans faire appel à des engrais d’origine extérieure, des niveaux de production supérieurs aux systèmes de production les plus performants issus de la deuxième révolution agricole.

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QUATRE RECOMMANDATIONS IRRECEVABLES

10 Juin 2024 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

EMBOUTEILLAGES À JAKARTA

EMBOUTEILLAGES À JAKARTA

À l’issue de la rencontre à l’Ambassade de France, où l’on nous avait indiqué les principes à respecter au cours de notre mission, j’étais perplexe et j’allais le rester tout au long de notre séjour en Indonésie, tout en cherchant la voie d’une solution.

 

Les quatre principes de l’Ambassadeur de France en Indonésie et de son conseiller culturel étaient en effet les suivants :

  • Seul un enseignement en anglais était concevable pour l’Ambassade, car un nombre infime d’Indonésiens étaient francophones. Mais c’était vrai aussi en Chine où j’avais créé une formation francophone à la gestion. En outre, cela allait à l’encontre de mes objectifs qui étaient d’organiser cette formation pour aider l’Indonésie certes, mais également les entreprises françaises. Enfin, il me fallait trouver en France une équipe de professeurs de qualité pour faire la différence avec l’enseignement de la gestion pratiqué dans les universités indonésiennes et le stock de professeurs français capables d’enseigner en anglais était à l’époque trop réduit pour assurer notre enseignement dans la durée.

J’allais donc être obsédé tout au long du séjour par la question de la langue d’enseignement. À noter, qu’aujourd’hui, plus personne ne se poserait la question, l’anglais étant pratiqué partout.

  • Pour l’Ambassade, il n’était pas question de proposer une formation à Djakarta, car la concurrence y était trop vive. Bandung, Yogyakarta ou mieux Surabaya, leur paraissaient être des lieux mieux adaptés. Pourtant, si nous voulions disposer d’une visibilité maximale, Jakarta s’imposait et permettait plus facilement d’organiser des déplacements sans escale et un séjour plus profitable pour nos professeurs qui y trouveraient l’appui de l’Ambassade et les sièges des filiales françaises, le temps d’un séjour de trois semaines.

Je chercherai donc, tout au long du séjour, une solution pour que notre formation se déroule à Jakarta.

  • Pour l’Ambassade, il valait mieux chercher un accord avec une université privée que publique pour monter notre formation, car, d’après eux, elles étaient mieux organisées que les universités publiques en matière d’accords internationaux. Mais je cherchais à installer une filiale d’IAE qui faisait partie de l’enseignement public français et il me paraissait naturel de chercher un accord avec une université publique indonésienne.

Pendant notre séjour à Java, je m’efforcerais donc d’interroger les étudiants indonésiens sur les raisons de leur choix d’une université privée et leurs réponses consistaient généralement à déclarer qu’ils n’avaient pas été autorisés à s’inscrire dans le public, et non que les universités privées étaient meilleures que les universités publiques.

  • Enfin, l’Ambassade recommandait, mezzo voce, de s’intéresser plutôt, alors que nous étions en Indonésie, aux étudiants chinois qu’aux étudiants indonésiens, parce que les Chinois contrôlaient la majeure partie de l’économie indonésienne. C’était exact, mais nous cherchions à fonder les bases d’une coopération avec l’Indonésie et pas spécialement avec les entreprises chinoises qui y étaient installées et qui y concurrençaient les entreprises françaises. En somme, nous ne voulions pas former les cadres de nos concurrents. De cette recommandation, découlait aussi de s’intéresser en priorité aux universités privées, car les Chinois n’étaient généralement pas admis dans les universités publiques en Indonésie, officiellement en raison de leurs revenus trop élevés.

Aussi, à moins que nous soyons contraints de signer un accord avec une université privée, je rejetais fermement cette dernière recommandation, car je la trouvais capitularde, encore plus que les trois précédentes.

 

« Armés » de ces recommandations, nous entamèrent à Jakarta nos visites destinées à forger notre conviction et nos recommandations, le lundi 18 septembre 1995 après midi, ce qui signifiait trois bonnes heures aller-retour dans un taxi au milieu des impressionnants embouteillages de la capitale

 

À SUIVRE 

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LES ERREMENTS DÉMOCRATIQUES DU DIRECTOIRE

5 Juin 2024 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

CHARLES PICHEGRU

CHARLES PICHEGRU

Il faut reconnaitre que, dans les premiers mois du Directoire, la liberté de la presse et la liberté religieuse furent respectées. Les importations de denrées améliorèrent les approvisionnements dans les villes, non sans aggraver la situation financière de l’État.

Le problème économique principal restait l'inflation, ce qui décida le Directoire à supprimer l'assignat. Une loi autorisa la création de mandats territoriaux qui pouvaient être échangés contre des assignats et permettaient d'acquérir les biens nationaux à des conditions très favorables. Ceux qui saisirent l’aubaine purent acquérir des biens nationaux avec des billets sans valeur et ils devinrent par conséquent des adversaires résolus du retour des immigrés.

À partir du 21 mars 1796, le franc seul eut un cours légal, fixé à cinq grammes d'argent. À l'inflation succéda la déflation ; les artisans se retrouvèrent au chômage et le Directoire ne parvint plus à payer les fonctionnaires. Il dut céder des propriétés nationales, vendre des biens nationaux aux enchères et se retrouva dans l'obligation d'emprunter partout, au dey d'Alger*, à des commerçants de Hambourg ou à divers financiers. Puis il trouva la solution à ses mécomptes financiers en prélevant de fortes contributions de guerre sur les pays conquis.

Quant au problème politique du Directoire, il se situait surtout à l’extrême gauche. Babeuf, qui faisait une critique radicale de la famille, de la religion et de la propriété fut arrêté et exécuté lorsqu’il fonda un comité insurrectionnel.

Enfin, le problème militaire conduisait à la recherche de la paix. La Convention avait déjà conclu la paix avec la Prusse, la Hollande et l'Espagne. Restaient l'Autriche et l'Angleterre qui refusaient de voir la rive gauche du Rhin sous contrôle français. Pour obtenir une paix favorable, Carnot proposa de lancer une manœuvre de diversion en Italie du Nord, tout en menaçant Vienne avec deux armées sur le Rhin et le Danube. Grâce au génie militaire de Bonaparte qui, avec peu de soldats et de moyens, obtint des victoires stratégiquement déterminantes, la diversion italienne se transforma en victoire décisive, pendant que les armées françaises piétinaient sur le Rhin.

La campagne d'Italie permit donc de signer, le 17 octobre 1797, le traité de Campo-Formio qui donnait à la France les Pays-Bas, la frontière sur le Rhin, la place forte de Mayence et les îles Ioniennes, tandis que l'Autriche recevait une partie de la Vénétie, l'Istrie et la Dalmatie et reconnaissait la république Cisalpine. Il créait cependant un problème politique car il avait été signé directement par Bonaparte, et non par le Directoire.

Auparavant, les élections d'avril 1797 avaient bouleversé la situation politique: elles furent en effet une catastrophe pour les Conventionnels, dont onze d’entre eux seulement furent réélus sur deux cent seize députés.

À la suite de ces élections, le corps législatif élut deux royalistes, Pichegru et Barbé-Marbois aux présidences respectives des Cinq-Cents et des Anciens et cette nouvelle situation créa une dissension au sein du Directoire, Barthélemy et Carnot à droite s’opposant désormais au trio de gauche, Barras, La Révellière-Lépeaux et Reubel.

La nouvelle majorité projetait de révoquer les lois révolutionnaires en attendant de pouvoir restaurer la royauté, ce qui poussait les trois Directeurs de gauche du Directoire à préparer un coup d’État contre les Conseils.

Ils se servirent de la révélation opportune de négociations entre Pichegru et le Prince de Condé pour le justifier. Jean-Charles Pichegru (1761-1804), sergent-major avant la Révolution puis monté rapidement en grade jusqu’à devenir en 1793 général en chef de l’armée du Rhin, puis de l’armée du Nord avec laquelle il avait conquis la Hollande avant d'être à nouveau chargé de l’armée du Rhin et de la Moselle en 1795-1796, prit contact avec Condé qui lui promit monts et merveilles s’il aidait les royalistes à restaurer Louis XVIII.

Le Directoire s'étonna de ses revers sur le Rhin en même temps qu'il le soupçonnait de royalisme contre lui. On lui retira son commandement, mais sa popularité persistante lui valut d’être élu en mars 1797 député au Conseil des Cinq-Cents par les monarchistes puis Président de ce même Conseil.

Lorsque le Directoire organisa le coup d’État du 18 fructidor an V (4 septembre 1797), ses contacts avec les immigrés furent présentés comme une conspiration et le Directoire en profita pour faire arrêter, non seulement Pichegru, mais tous les dirigeants du parti royaliste qu’il fit déporter en Guyane*.

* La France n'ayant toujours pas remboursé ses dettes en 1827, le dey Hussein eut l'outrecuidance de s'en offusquer et donna un coup d'éventail au consul de France, ce qui provoqua l’expédition d'Alger en 1830, et in fine la conquête de l'Algérie.

** Pichegru réussira à s’évader de Guyane et à rejoindre Londres. En 1804, il conspire avec Cadoudal et Moreau pour enlever Bonaparte. Trahi par « l’ami » qui l’héberge, il est arrêté le 28 février 1804 et six jours plus tard, il est retrouvé étranglé dans la prison du Temple, officiellement suicidé.

À SUIVRE

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