À L'ASSAUT DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
La Nouvelle Calédonie est provisoirement sortie de l’actualité française. Nul doute qu’elle y revienne, en raison de l’importance des problèmes que le conflit récent a révélée, ou plutôt rappelée à nos mémoires oublieuses : Une bonne raison pour décrire ici le destin de ce morceau d’Océanie.
Située dans le sud-ouest de l’océan Pacifique, à plus de 16000 kilomètres de la métropole, la Nouvelle-Calédonie est un territoire singulier, par sa longue chaîne montagneuse centrale, par son économie liée à l’importance de l’exploitation minière et par le processus particulier de sa colonisation.
La Nouvelle-Calédonie couvre plus de 18500 kilomètres carrés pour une population de 300000 habitants environ en 2024. Elle est constituée de la Grande Terre (16635 km2, le double de la Corse), qui culmine à 1629 m au mont Panié, prolongée au nord par les îles Belep et au sud par l’île des Pins, l’ensemble étant ceinturé par un récif-barrière entourant un très grand lagon de près de 15000 kilomètres carrés. Plus à l’est, l’archipel des Loyauté (1970 km2) est constitué de quatre îles habitées : Lifou (1139 km2), Maré (655 km2), Ouvéa (165 km2) et Tiga (11 km2). Cet ensemble d’iles génère une zone économique exclusive de 1,7 million de kilomètres carrés, ce qui représente une grande richesse potentielle pour la France
Les premiers hommes sont arrivés en Nouvelle-Calédonie entre 1100 et 1050 avant notre ère.Cultivateurs de millet et de riz, ils provenaient du littoral de la Chine du sud, d’où ils avaient traversé le détroit pour s'installer à Taïwan. Puis certains d’entre eux, que l’on appellera ensuite les Austronésiens, sans doute les premiers navigateurs de l'histoire de l'humanité, s’établiront aux Philippines puis se dirigeront ensuite vers la Nouvelle-Calédonie et d’autres iles du Pacifique.
Sur l’ile, les Austronésiens privilégient les grands estuaires, ce qui leur permet de jouir des ressources marines tout en en pratiquant l’horticulture fondée sur les plants de taros et d’ignames qu’ils ont apportés sur leurs pirogues.
Durant le premier millénaire d’occupation de la Nouvelle Calédonie, la population augmente fortement, ce qui se traduit par la multiplication et l’éparpillement des villages ainsi que par des tensions entre les groupes. Une organisation administrative en « pays » se met en place, correspondant à des zones qui se réclament des particularités sociales, politiques et linguistiques. La solitude des Austronésiens est rompue par James Cook qui découvre la Nouvelle-Calédonie en 1774, lors de sa deuxième circumnavigation.
Le navigateur baptise cette terre « New Caledonia » parce qu’elle lui rappelle l’Écosse. Des Britanniques et des Français, comme Lapérouse et d’Entrecasteaux, achèveront ensuite l’exploration de la Grande Terre et l'explorateur français Jules Dumont d'Urville sera le premier à situer géographiquement la Nouvelle Calédonie avec précision (1827).
Dés 1793, des baleiniers commencent à s'intéresser à la Nouvelle-Calédonie parce que les baleines à bosse remontent le long de ses côtes durant l'hiver austral. Ils y trouvent le ravitaillement en eau et en vivres frais, mais aussi du personnel. Plus tard, la pêche aux holothuries ou bêches-de-mer, commencera à se développer, avec une collecte effectuée par les indigènes, puis une cuisson à l'eau salée dans des marmites de fonte et un séchage en plein air, avec l’appui d’un boucanier et de quelques hommes qui restent sur place quelques mois pour préparer la cargaison.
Mais c'est surtout à travers le commerce du bois de santal à partir de 1841 que des contacts étroits vont se nouer entre Européens et Mélanésiens, ces derniers fournissant le bois en échange d'outils, d'armes en acier, d'étoffes ou encore d'objets de verre. Car les Mélanésiens, refusant que leurs arbres soient abattus et préparés par d'autres qu'eux, doivent être équipés en haches, en divers outils et en fusils.
Des marins et des aventuriers anglo-saxons s’installent sur place, prenant femme et organisant les échanges entre les navires européens et les Kanaks, nom qui désigne désormais le peuple autochtone mélanésien de la Nouvelle-Calédonie. L’évangélisation des Kanaks commence en 1840, par l’arrivée de catéchistes protestants, suivis par des missionnaires maristes. Ces missions modifient les modes de vie, poussant à l’adoption de la « robe mission» par exemple, le vêtement couramment porté aujourd’hui par les femmes kanak. Elles transforment également le peuplement, avec le regroupement de l’habitat sur le modèle du village européen, autour de l’église, l’école, les ateliers et les habitations.
Les nouveaux arrivants introduisent virus ou microbes contre lesquels les Kanaks ne sont pas préservés. Des épidémies de grippe, de tuberculose ou de rougeole se succèdent, provoquant une chute spectaculaire de la population et des bouleversements sociaux avec famines, conflits, migrations et fragmentations des clans.
Avant la colonisation, on estime que la population kanak comprenait très approximativement 50000 personnes, mais qu’elle avait déjà été décimée par les contacts avec les Européens. Elle n’était plus que de 27000 vers 1900 et resta à ce niveau jusqu'en 1940. À partir de la fin de la deuxième guerre mondiale, la population Kanak sera à nouveau en croissance pour atteindre 50 000 vers 1973 et dépasser 100 000 en 2014.
La colonisation française intervient en 1853, dans un contexte de compétition entre la Grande-Bretagne et la France.
À SUIVRE
LES EFFETS DE LA RÉVOLUTION AGRICOLE DU XXe SIÈCLE
LES EFFETS DE LA RÉVOLUTION AGRICOLE DU XXe SIÉCLE
La révolution agricole a eu tout d'abord des effets sur le volume et le coût de la production, entrainant à leur tour des effets secondaires.
Dans les pays où la deuxième révolution agricole a le plus progressé, les gains de productivité agricole ont été si importants qu’ils ont souvent dépassé ceux des autres secteurs de l’économie.
Il en est résulté une forte baisse des coûts de production et des prix réels des produits agricoles. Les prix réels des denrées agricoles de base, céréales, oléo protéagineux, viandes, lait, ont été divisés par trois ou quatre au cours de la seconde moitié du XXe siècle.
Avec la baisse des coûts des transports et la libéralisation des politiques agricoles et du commerce international, les centaines de millions d’agriculteurs qui n’avaient pas adopté la deuxième révolution agricole ont progressivement subi la concurrence des denrées produites par les autres. En effet, les marchés internationaux ont été approvisionnés en quantités croissantes par différents types de pays, d’une part des pays développés bien dotés en terres exploitables, comme les États-Unis, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et quelques pays européens, où la production agricole a progressé beaucoup plus vite que la population, ce qui a permis à la fois un enrichissement des régimes alimentaires dans ces pays et une hausse des exportations.
En outre, des pays en développement ayant adopté la révolution verte comme la Thaïlande ou le Vietnam et des pays comme l’Argentine et le Brésil avec de grands domaines modernisés sont devenus exportateurs alors même que la sous-alimentation y est encore très répandue.
La baisse des prix n’a pas concerné seulement les denrées vivrières de base, elle a aussi touché des cultures d’exportation traditionnelles des pays tropicaux concurrencées soit par des cultures ayant bénéficié de la deuxième révolution agricole comme le coton, soit par des produits industriels de remplacement (caoutchouc synthétique contre hévéa culture, textiles synthétiques contre coton)
Dans les pays développés, la forte baisse des prix agricoles réel a entrainé une diminution importante du revenu des petites et moyennes exploitations qui n’ont pas eu les moyens d'investir suffisamment pour augmenter leur production ou de développer des activités complémentaires. De nombreuses exploitations se sont ainsi retrouvées dans l'incapacité de dégager un revenu acceptable. Non rentables, elles ont été partagées entre les exploitations voisines lors de la retraite de l'exploitant, contraignant les enfants de ces agriculteurs à aller chercher du travail dans l'industrie ou les services. C'est ainsi que plus des trois quarts des exploitations agricoles existant dans les pays développés au début du XXe siècle ont disparu.
La même situation s’est produite dans les pays en développement où des centaines de millions de paysans faiblement outillés, donc peu productifs, ont été confrontés à la baisse des prix de leurs produits. Ils ont dû décapitaliser pour survivre avant de devoir choisir entre la culture illicite de drogue ou l'exode vers les bidonvilles.
Le développement agricole au XXe siècle a donc été inégal au sens où la répartition des gains de productivité s'est opérée de manière très contrastée entre les différentes agricultures du monde, le développement des uns entrainant l'appauvrissement, la crise et l'exclusion des autres.
Ce processus a aussi entraîné des inconvénients écologiques. Dans les pays développés, les pollutions environnementales ou alimentaires dues à l'usage abusif d'engrais minéraux, de produits de traitement des plantes ou des animaux ou à de trop fortes concentrations d'animaux dans des ateliers de production hors-sol sont devenues manifestes à partir des années 1970.
En outre, la spécialisation des exploitations et des régions dans quelques productions et même dans quelques variétés de plantes ou races d'animaux a entraîné une diminution de la biodiversité. La prise de conscience de ces inconvénients a conduit à l’implémentation de politiques publiques correctrices et à l'évolution vers des pratiques plus économes en intrants ou vers l'agriculture biologique. Dans les régions concernées par la révolution verte, le même genre d'inconvénients est apparu, avec en plus, des problèmes de salinisation des sols dans certaines zones irriguées et mal drainées, ou d'épuisement des nappes souterraines en certains lieux.
Dans les zones forestières, les défrichements en vue d'installer de grands domaines porteurs de la deuxième révolution agricole ont contribué à la déforestation.
Enfin, il s'est avéré que certaines agricultures contribuaient fortement à l'émission de gaz à effet de serre : méthane issu des élevages bovins en forte croissance ; oxydes d'azote provenant des engrais azotés ; dioxyde de carbone émanant de l'utilisation de combustibles d'origine fossile contribuant à générer une crise agricole au XXIe siècle.
Il reste donc à construire l’agriculture du XXIe siècle…
À SUIVRE
MIRACLE À JAKARTA
Nous avons donc abordé la série de rendez-vous que l’on nous avait préparé sur l’ile de Java, sans savoir ce que nous pourrions en tirer.
Ces rendez-vous se situaient à Jakarta, à Jogjakarta, à Bandoeng et, tout au bout de Java, à Surabaya. Nous cherchions à savoir s’il était possible de créer une formation en français ou, à défaut, en anglais, si cette formation serait bien reçue et si le cadre pour l’organiser serait propice à nos actions. À force d’échanges un tableau du souhaitable et du possible s’est progressivement peint sous nos yeux.
La difficulté était double : d’une part, nos interlocuteurs choisis par l'ambassade n’étaient pas toujours les bons, soit parce qu’ils n’étaient pas concernés par notre projet, soit parce qu’ils n’étaient pas qualifiés et d’autre part notre équipe, composée d’un ex attaché culturel qui connaissait l’Indonésie et d’un professeur qui cherchait à créer un programme de gestion avait du mal à faire la synthèse.
Chaque soir, nous faisions le bilan de nos rencontres et chaque soir, c’était une nouvelle solution qui prenait corps dans nos esprits. En onze jours, nous avons obtenu trente-cinq rendez-vous, qui étaient censés nous permettre de nous orienter vers les partenaires préférentiels, de choisir entre le français et l’anglais ou de déterminer les besoins prioritaires des entreprises françaises en Indonésie.
Nous avons navigué de Djakarta à Bandung, puis de Bandung à Yogyakarta et de là vers Surabaya avant de retourner à Djakarta. Nous y avons rencontré des responsables universitaires, dans le domaine de l'économie et de la gestion et des représentants d’entreprises, indonésiens et français comme Alcatel, Cegelec, Accor, SAE, la Lyonnaise des Eaux, Total, dont nombre d’entre elles ont été depuis absorbées dans d’autres groupes.
Au fil des rencontres, si, à première vue, l’influence américaine était très forte, nous observions une présence française disséminée mais bien identifiée par les Indonésiens et dotée d’un réseau d’influence croissant.
Lors de ces rencontres, nous avons aussi appris qu’en Indonésie les étudiants choisissaient le privé parce qu’ils n’avaient pas pu entrer dans les universités publiques et qu’il existait partout, universités publiques et privées, un manque criant d’enseignants de bon niveau en gestion. Aussi, la demande formulée spontanément par les Indonésiens concernait la formation d’enseignants à l’étranger, d’autant plus qu’il n’existait pas, et pour cause, de formation à la gestion assurée par des institutions étrangères, puisqu’elles n’étaient pas autorisées à délivrer des diplômes.
Mais alors que faisions-nous en Indonésie puisque nous n'étions pas autorisés à y délivrer un diplôme ?
Je m'accrochais au mince espoir de "trouver la solution", d'autant plus que nos échanges nous ont conforté dans la conviction qu’il était préférable d’installer en Indonésie un programme de formation à la gestion plutôt que de former en France des étudiants de gestion indonésiens.
Ceci posé, dans quelle ville, dans quelle langue, en collaborant avec quelle institution et selon quelles modalités ?
Nous avons choisi Jakarta, d’autant plus qu’à cette dernière ville était associée l’Université d’Indonésie (UI) qui jouait un rôle de référence en économie, sinon en gestion. Nous avons aussi retenu de surmonter l'obstacle de l'enseignement en français, moins parlé d'évidence que l'anglais, en accroissant le degré d'attractivité de notre formation qui deviendrait le meilleur Master en Management (MM) du marché dans l'université indonésienne la plus prestigieuse, avec un double diplôme français et indonésien et un stage en France, à un prix cinq fois inférieur au MM anglo-saxons et en proposant en outre la formation en France de jeunes enseignants de gestion.
Mais ce projet mirifique était tout simplement irréalisable puisqu'il était interdit de délivrer un diplôme étranger en Indonésie. Il n'aurait donc jamais existé si, deux jours avant la fin de notre mission, je n'avais pas insisté pour obtenir un rendez-vous avec le Recteur de l'UI lorsque j’appris qu'il ne pouvait plus envoyer ses futurs doctorants aux États-Unis du fait de leur décision brutale de supprimer les bourses d'études, arguant de l'augmentation du PIB indonésien.
Au cours de cette réunion cruciale, j'ai proposé de mon propre chef au Recteur de remplacer les bourses américaines par vingt bourses françaises de doctorat en gestion en échange de la création d'un MM en français dans son université.
Dans les vingt-quatre heures, le Recteur d'UI avait obtenu du Ministre de l'Éducation, qui, comme je le savais, avait été son étudiant, une dérogation pour que ce diplôme français soit délivré en Indonésie, la première dérogation de ce type accordée en Indonésie.
Ce fut cet accord qui permit à la France, en créant un Institut Franco-Indonésien de gestion au sein de l'UI, d'obtenir une place prépondérante dans la formation de la gestion en Indonésie, accord qui facilita ensuite grandement les échanges économiques entre la France et l'Indonésie.
À SUIVRE