IL DIVO ou la tragédie du pouvoir
2 Janvier 2009 Publié dans #ACTUALITÉ
Paolo Sorrentino propose un film qui raconte la vie politique de Giulio Andreotti, un des patrons de la Démocratie Chrétienne, sept fois Président du Conseil de la République Italienne. Au travers du film, on peut juger que Giulo Andreotti est un salaud, un corrompu, un comploteur, un cynique, un mafieux et j’en passe. On peut aussi penser qu’il est un bouc émissaire. Ceux qui méprisent la vie politique italienne, et c’est une des données du politiquement correct français, en conclueront que la démocratie italiennne est pourrie et que Giulo Andreotti en est son digne représentant. C’est une façon simple d’aller voir des films pour trouver des raisons de conforter ses idées recues.
Il me semble plus intéressant de voir en Andreotti un vrai politique, un homme de pouvoir qui l’assume pleinement, un manager public dans toute son épaisseur. Si je devais retenir une phrase parmi les nombreux aphorismes que propose Andreotti, ce serait approximativement celle-ci « il faut faire le mal pour le bien de tous ». Cela exprime l’essence de la tragédie du pouvoir. Celui qui l’exerce croit, il ne feint pas de le croire, il le croit vraiment, au besoin il se persuade de le croire, qu’il fait le mal au nom du bien de la collectivité.
Il est vrai que le pouvoir suppose le mal et que quelqu’un doit l’assumer. Le vrai homme de pouvoir en prend la responsabilité. S’il ne la prenait pas cette responsabilité, il n’y aurait pas de pouvoir. C’est sa justification, mais aussi son drame intime qui l’isole de tous, et au bout de la route, le laisse seul, abandonné. Mais le drame collectif est ailleurs. Tout ce mal accompli au nom du bien, de quel bien s’agit-il ? n’est ce pas finalement du mal pour le mal ? Cela nous conduit au débat qui ne doit jamais être refermé sur les moyens que le pouvoir s’octroie pour faire ce qu’il appelle le « bien ». Pour moi, les moyens du pouvoir ne doivent jamais excéder ce que permet la morale ordinaire des hommes.