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Le blog d'André Boyer

L'homme inventeur

12 Janvier 2009 Publié dans #PHILOSOPHIE


L’aventure humaine est celle de ses inventions, car l’homme invente parce qu’il s’est libéré de ses réflexes instinctifs. Puisqu’il agit par lui-même, il lui faut reconstruire le monde. Il en obtient l’accroissement de ses moyens d’action, donc de son pouvoir sur le monde, donc du nombre des humains. Il a réussi à devenir de plus en plus fort par rapport à son environnement, tandis que son cerveau, celui de l’homo sapiens, restait inchangé pendant mille cinq cent siècles, comme si les transformations qu’il imposait au monde le dispensait de se transformer biologiquement.

La première innovation, le galet 

Le torrent des innovations trouve sa source dans le premier galet à une face, conçu et réalisé il y a trois millions d’années. Ce petit caillou façonné multiplie par quatre la force de l’homme, grâce à quoi il peut tuer plus d’animaux et… d’hommes. Pendant cent mille générations, ce galet à une face sera l’outil de base de nos ancêtres. Cent mille générations est une éternité, mille fois plus longue en tout cas que le temps qui nous sépare des Grecs. Notons que le savoir-faire relatif au galet n’est transmissible que par l’observation et l’imitation.

Puis, il n’y a que deux cent cinquante mille ans, quelqu’un invente la taille des éclats de pierres. Ce sera ensuite la célèbre domestication du feu, dont nous disposons depuis mille siècles environ . Grâce à lui, les campements seront protégés contre les attaques des animaux. Le feu permettra aux humains de dormir sans être en permanence aux aguets, de mieux se reposer ; grâce à la cuisson des aliments, de mastiquer moins fort et de digérer plus facilement les aliments.

La croissance de la population révèle la puissance grandissante de l’espèce humaine : de trente mille ans à dix mille ans avant JC, la population humaine passe d’un demi à cinq millions d’hommes. Puis de dix mille ans à cinq mille ans avant JC, elle monte en flèche, grimpant de cinq à cinquante millions d’hommes, une croissance qui continue jusqu’à l’ère chrétienne, la population mondiale atteignant alors deux cent cinquante millions d’hommes. Elle stagnera et se réduira ensuite entre le premier et le huitième siècle après JC.

Entre-Temps, vers dix mille ans avant JC, l’homme atteint l’âge d’or de la chasse et de la cueillette. La sédentarisation s’est imposée, parce qu’en réduisant les déplacements, on limite la mort des parturientes et des enfants. Les hommes commencent à se nicher dans de tout petits villages comme celui de Terra Amata.

À cette époque, l’Europe occidentale et le Moyen-Orient deviennent des pôles de croissance; on y trouve des groupements de population qui échangent entre eux des innovations de plus en plus nombreuses. Les outils et les armes se perfectionnent, se réduisent en taille et prennent des formes géométriques régulières. L’arc menace l’écosystème. Les chasseurs de la fin de l’épipaléolithique, la phase ancienne du mésolithique, l’âge de la pierre taillée, disposent de perfectionnements techniques extraordinaires. Il n’est pas absurde de voir dans cette période un âge d’or pour l’humanité, en comparaison des conditions de vie qu’elle a expérimentées avant et après cette période.

Il y a longtemps, l’âge d’or
 

La dernière période de la chasse serait en effet une sorte de paradis terrestre qui s’est gravé en tant que tel dans la mémoire de l’humanité. Les hommes mangent de la viande bouillie et des graines, qu’ils cueillent et stockent dans leurs greniers. Ils sont cinq à dix millions sur la Terre, alors que leurs techniques permettraient déjà d’en nourrir beaucoup plus. À cette époque, les êtres humains n’ont plus besoin d’errer sans cesse. À la croisée des chemins entre la chasse et l’agriculture, les hommes connaissent, peut-être, une insouciance qu’ils aimeraient bien retrouver aujourd’hui,  en tout cas des loisirs qu’ils n’auront plus : il leur suffit de deux heures de travail par jour pour subsister.

On peut rêver de cette abondance virtuelle et de la liberté dont ces hommes disposaient dans un espace encore vide. Mais la société humaine n’a jamais pu s’arrêter en chemin, entraînée par la logique de son évolution. Il est aussi arrivé à l’humanité de régresser, mais elle a toujours surmonté les obstacles qui se dressaient devant elle pour contrôler le monde. Elle est, aujourd’hui comme toujours, engagée dans ce même effort qui se poursuit depuis six millions d’années. Son succès se mesure par l’accroissement du nombre des humains et celui de la durée moyenne de vie des individus.

La sédentarisation va tout changer, et c’est le deuxieme bouleversement dans l’histoire de l’homme, après la descente de l’arbre. Elle va changer son style de vie et sa façon de penser.

 

 

 

 


 

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