L'écriture, la transcendance et la vérité...
15 Janvier 2009 Publié dans #PHILOSOPHIE
Comme Internet aujourd’hui, l’écriture accroît en son temps les moyens de communication entre les vivants, mais aussi entre les générations. Elle permet à l’être humain de mieux assouvir ses besoins de transcendance. Au travers de l’écriture, les Dieux font leur apparition qui vont occuper les hommes au point de compromettre leurs conditions de survie. Les temples et les pyramides vont surgir de toutes parts.
Vu du haut de notre siècle, cette attitude apparaît excessive, mais elle révèle à quel point le sacré peut structurer la pensée de l’homme jusqu’à lui faire oublier sa vie terrestre. La raison n’a jamais empli l’esprit et le cœur des hommes. Aujourd’hui, on peut de même s’interroger sur la logique qui l’humanité à détruire son environnement pour des siècles simplement pour améliorer de façon infinitésimale le bien être physique immédiat d’une faible proportion de ses membres. Du point de vue de la raison, qui est le plus rationnel de l’automobiliste ou du constructeur de pyramide ?
Avec l’écrit, la vérité trouve de nouvelles sources. Dans la Haute Antiquité, l’homme se laissait guider par les oracles qui s’étaient proclamé les intermédiaires entre l’humanité ordinaire et le monde des révélations. Les livres vont devenir les nouveaux intermédiaires entre l’homme et la vérité.
Depuis les origines de l’humanité, chaque individu a d’abord compté sur lui-même pour découvrir la vérité, grâce aux ressources de son cerveau. C’est au point que Platon considérait que l’homme disposait à sa naissance d’une sorte de stock de vérités évidentes. Saint Augustin, tout chrétien qu’il était, estimait que la vérité transmise par l’enseignement de l’Église n’était pas suffisante sans la clairvoyance de chacun. L’écrit changeait la donne, car il constituait en lui-même une source d’information complexe, qui devait être expliquée. Ainsi les Écritures devaient être interprétées, plus encore que la Bible. Il en fut de même pour le Coran. Les livres plaçaient la transcendance au plan du discours, permettant la discussion et l’apprentissage.
Et les Livres eurent un effet inattendu : ils contraignirent les hommes à se consacrer plus intensément à leur vie matérielle.
Le retour de la vie matérielle
La religion du Livre, la Bible, prend le contre-pied de l’approche païenne de la transcendance en exigeant des vivants qu’ils s’occupent plus d’eux-mêmes que des morts. Elle commence par leur interdire de se prosterner devant les pierres. En ne demandant qu’un jour de prière par semaine consacré à Dieu, elle limite le poids de la transcendance à un septième de la vie. De plus, comme la religion est fondée sur le Livre, elle offre une plus grande liberté d’exégèse que celle dont disposaient les peuples qui récitaient des prières orales.
À partir du moment où l’homme s’est partiellement détourné des morts, il peut consacrer plus d’efforts aux échanges entre les vivants. Le commerce entre les villes s’accroît, avec l’aide de l’écriture. Le rythme des modifications s’accélère. L’homme domestique le chien, le bœuf, le cheval, l’âne et le mouton. L’apparition du bronze modifie l’armement. Les efforts se concentrent sur le pouvoir matériel. Il en résulte que deux mille ans avant JC, le nombre des êtres humains atteint cent millions. C’est le temps des empires, des invasions et des guerriers, celui des affrontements entre les barbares semi nomades et les noyaux denses des civilisations sédentaires.
Les nomades, qui sont moins nombreux et moins riches que les sociétés agricoles du néolithique, remportent souvent la victoire grâce à de meilleures techniques de combat. En témoignent les victoires remportées par les nomades sur l’imposant empire égyptien, qui titube sous leurs coups. Déjà apparaît cette constante de l’invasion et du pillage des peuples les plus riches par les plus pauvres, assurant une sorte d’équilibre naturel.