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Le blog d'André Boyer

Le New Deal, un modèle pour Obama? un modèle de quoi?

2 Février 2009 Publié dans #ACTUALITÉ

N'oublions pas, c'est aux États-Unis que les événements économiques sérieux se passent, pas en France. Et la-bas, les critiques fusent. Obama s’apprête à lancer mille, voire deux mille, milliards de dollars dans l’économie américaine. Vieilles recettes, lancent ses adversaires, qui étaient valables au temps du New Deal mais qui ne sont plus valables  aujourd’hui.

Cela laisse croire que le New Deal  aurait réussi à l’époque, mais l’histoire montre qu'il n’a pas eu un impact très positif sur l’économie américaine, malgré l’avalanche de mesures volontaristes, de subventions et d’impôts qu’il a lancé entre 1933 et 1935.

Alors Obama, même échec programmé ? Jetons un coup d’œil dans le rétroviseur…

Le 4 mars 1933, Franklin Roosevelt devient Président des Etats-Unis d’Amérique. La situation est autrement plus noire qu’aujourd’hui, mais il est vrai que Roosevelt est élu quatre années après le krach de 1929 et que les efforts de Herbert Hoover pour enrayer la baisse des salaires et des prix comme pour relancer le crédit ont échoué. Le chômage est monté, entre 1929 et 1933, de 5% à 37% de la population active. La situation à laquelle doit faire face Barack Obama est plutôt celle d'Herbert Hoover un an après son élection que celle dont hérite Roosevelt.  Ce dernier est élu triomphalement contre Hoover sur la base de son fameux New Deal, fondé sur une juste répartition des richesses et la chasse à la spéculation. Il dispose de la majorité au Congrès pour son parti, le parti démocrate naturellement. Le 9 mars, cinq jours après son élection, il présente son Emergency Banking Act qui consiste à accorder des prêts fédéraux aux banques et indemniser à 85% les déposants des banques qui ont fait faillite. Il suspend aussi l’étalon or, ce qui entraîne la dévaluation compétitive du dollar par rapport aux monnaies européennes, l’allégement du poids de la dette et la baisse des taux d’intérêt. Il fait voter le National Industrial Recovery qui incite les industriels à s’entendre (oui à s’entendre !) pour remonter les prix et arrêter en conséquence la déflation. En compensation de prix plus élevés, les syndicats sont autorisés à négocier des conventions collectives, un salaire minimum est créé et la durée de travail est plafonnée à 40 heures. Pour l’agriculture, il lance l’Agricultural Adjustement Act qui vise à redresser les prix des produits agricoles en subventionnant, entre autres, la destruction de cultures. Enfin, pour lutter directement contre le chômage, il lance des grands travaux d’infrastructure, dont le plus connu est la Tennesse Valley Authority. Le programme d’Obama s’inspire, dans son état d’esprit plus que dans sa lettre, des mesures prises par Roosevelt pour relancer l’activité bancaire et économique.

À l’époque, en 1933-1935, les résultats de tous ces efforts ne se révèlent pas probants sur le plan économique. Les prix montent mais les coûts de production aussi. Les conflits avec les syndicats sont très violents. La destruction des cultures par les propriétaires terriens provoque l’exode des métayers, « les raisins de la colère ». La politique interventionniste de Roosevelt suscite l’opposition des libéraux et des partisans de l’autonomie des États fédérés et la Cour Suprême des Etats-Unis, dominée par ces derniers, annule finalement en 1935 l’essentiel des mesures du New Deal.

Roosevelt se lance alors dans un second New Deal, à dominante plus sociale qu’économique. Il fait voter le Wagner Act sur les relations du travail et le Social Security Act qui crée un système de retraite par répartition pour les plus pauvres. Grâce à ce programme social, il est réélu en 1936. Mais l’économie retombe en récession en 1937. Le chômage, qui avait régressé entre 1933 et 1937 de 37% à 21 % de la population active, remonte à 27% en 1938. Rappelons nous, il était à 5% neufs ans plus tôt. Le réarmement, la guerre et le départ de 15 millions d’hommes sur les deux front auront définitivement raison de la crise. Le taux de chômage ne retrouve les 5% qu'en 1946, 17 années après le début de la crise et après trois années de guerre. 

Et durant tout ce processus, la politique du New Deal a eu des effets économiques discutables, en tout cas très insuffisants pour inverser la tendance, mais des effets sociaux positifs sur la population la plus menacée.

On verra si celle d’Obama suivra le même chemin, en espérant naturellement qu’il pourra se passer de s'engager dans une troisième guerre mondiale pour mettre  fin au chômage. Mais avant de céder au catastrophisme, n’oublions pas que la situation  actuelle est plus comparable à celle de 1929 qu'à celle de 1933, si l’on s’en rapporte au simple indice du nombre des chômeurs. Obama a quatre ans d'avance sur le New Deal. Le processus de descente aux enfers qu'a vécu l'Amérique de Hoover est à peine entamé. 

De quoi ne pas trop céder à la sinistrose, en attendant que les faits rendent leur verdict. 

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