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Le blog d'André Boyer

La croissance européenne, la multiplication des échanges, la Peste

5 Février 2009 Publié dans #PHILOSOPHIE

Le fil du progrès matériel se noue, ou plutôt se renoue, sur la confiance insufflée par la spiritualité  religieuse qui caractérise le Moyen Âge européen. Au XIIe siècle, on observe une forte croissance de la population mondiale, qui passe de trois cents millions d’habitants à quatre cents millions en cent années.

Le rythme des innovations s’accélère : on invente le gouvernail et la boussole, on atèle les chevaux. Les paysans réussissent à doubler les rendements, grâce au joug frontal des bœufs, aux colliers d’épaule du cheval et à la multiplication des moulins à eau et à vent. Les villages deviennent des bourgs, les villes se développent, artisanales, commerçantes, autour du vaisseau de pierre de la cathédrale. Elles se peuplent d’immigrants, et débordent hors les vieilles fortifications. Les hommes réussissent à vivre plus vieux.

Sous l’influence de l’Église, la famille étroite nucléaire et matrimoniale domine désormais en Europe. L’âge de plus en plus tardif du mariage paysan joue un rôle de régulateur démographique. Tout se passe comme si, après toutes ces épreuves, les hommes étaient à nouveau redevenus maîtres et responsables d’eux-mêmes, comme au temps de l’âge d’or.

À partir du XIIe siècle aussi, le papier de chiffon parvient en Europe venant de Chine. Les écoliers peuvent s’initier à cette langue inconnue qu’est le latin médiéval, seule langue alors écrite en Europe. L’Université multiplie les copies, « l’exemplaire » que l’on recopie en rond autour d’un pupitre. C’est le temps où les hommes cherchent l’information dans les vieux livres, avant que la Scholastique n’ébauche les prémisses d’une science indépendante. À côté de ces latins, d’autres commencent à écrire en langue germanique, franque, anglaise ou toscane pour aboutir à la prose. Un enchaînement de débats, d’études et de progrès se met en mouvement. Dans toute l’Europe, les échanges se multiplient, qui seront aussi les vecteurs de la peste.

Puis soudain, la peste surgit.

L’année 1348 est celle du plus grand cataclysme de l’histoire de l’humanité. La peste provoque une baisse de moitié de la population européenne, une perte qu’il faudra plus d’un siècle pour effacer.

Au XIVe siècle, la peste est la conséquence d’échanges accrus entre l’Europe et l’Asie, qui résultait de la paix mongole. Tout part du lac Baïkal vers 1338. Au cœur de l’empire mongol, des rats cohabitent de trop près avec des hommes privés d’eau. La peste surgit. Elle accompagne les caravanes, atteint Samarcande puis touche l’Iran vers 1346. En Crimée, les Mongols font le siège d’une ville contrôlée par Gênes. Ils transmettent la peste aux bateaux génois, qui la portent à Marseille en 1347 où elle y prend la forme pulmonaire. Dès lors elle élimine toute vie sur son passage. Il faut vivre en ermite pour y échapper. Petit à petit des contre-mesures sont prises, en contraignant les zones contaminées à l’isolement des et en organisant la protection des ports.

Le progrès matériel, le développement des échanges et la diffusion de la peste qui en résulte. Au-delà des parallèles faciles, l’histoire nous montre les conséquences vraies, celles qui se sont vraiment déroulées, du développement de l’humanité, un développement régulé par les crises, voire les catastrophes, et non par la sagesse des hommes qui n'émerge qu'après. 

C'est pourquoi après les crises, toujours la croissance reprend. Question de temps.

 

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