Les porte-voix de l'oligarchie
7 Février 2009 Publié dans #HISTOIRE
Hier soir, nous avons écouté notre Président de la République face à quelques journalistes « triés sur le volet » comme on dit des graines sur un tamis. Nous sommes habitués à ces grands messes convenues pendant lesquelles nos chefs font ce qu’ils appelent de la « pédagogie », c’est à dire qu’ils essaient de nous convaincre que leur décisions sont bonnes,qu’in fine, nous avons eu raison de les élire et que nous aurons bientôt toutes les raisons de les réelire. Tout cela est bel et bon, il est naturel que les hommes au pouvoir essaient de nous endoctriner et de nous convaincre de les y garder. C’est le jeu. Mais quel est le rôle des journalistes dans tout cela ? Sont-ils les honnêtes courtiers, intermédiaires entre le pouvoir et les citoyens ? Que nenni. Je commence aujourd’hui une série d’articles pour vous montrer à quel point ils ne sont que les porte voix de l’oligarchie et qu’il ne peut pas en être autrement, comme vous allez hélas le constater avec moi.
Il suffit d’allumer la radio ou la TV. Aussitôt, on vous fait la morale non seulement dans les bulletins d’information mais dans les moindres émissions de variété. On ne sait pas trop si les employés des medias sont des anges, convaincus d’agir pour le bien de l’humanité et le vôtre, minable auditeur paumé dans vos délires, où s’ils ont ordre de transmettre les consignes d’en haut. Enfin, il vous suffit d’appuyer sur le bouton pour bénéficier de leurs leçons. Écoutez-les :
Il y a d’un côté des pauvres, des sans-abri, des sans-papiers, des homosexuels discriminés, des locataires que l’on veut expulser, des personnes licenciées de leurs emplois, de l’autre côté des types qui écrasent les piétons avec leurs grosses voitures, des gens qui fuient les impôts, des patrons qui délocalisent, des commerçants qui vendent des produits avariés, des racistes bouffis de haine recuite. Les premiers subissent l’injustice, ils méritent notre soutien moral et financier, les seconds sont odieux, ils encourent notre désapprobation, notre juste colère et des sanctions financières et pénales. Et chaque fois, miracle, aussitôt interviewés, nos hommes politiques abondent dans le même sens. Bien sûr, ils sont du côté des pauvres, des malheureux, des déshérités, et pas du tout de celui des riches, des exploiteurs, des égoïstes. Tous font assaut de bons sentiments. On croirait que ces journalistes et ces hommes politiques se sont arrachés quelques instants à leur sainte vie tout entière dévouée à améliorer le sort de leurs prochains afin de faire savoir à leurs concitoyens qu’ils étaient bien à leur côté, qu’ils soutiennent sans réserve face à leurs immenses difficultés dont ils viennent juste de prendre conscience grâce au travail des journalistes prompts à traquer l’injustice, à dénoncer les délits, et à défendre la veuve et l’orphelin…
Oh, mais il ne faut pas croire que les journalistes les croient sur parole ! Non, ces derniers se font les interprètes de leurs concitoyens anxieux, qui attendent des actes. Mais heureusement, nos hommes politiques ne se font pas prier. Ils nous annoncent aussitôt, s’ils sont au pouvoir, qu’ils vont modifier la loi afin de créer de nouvelles prestations pour secourir les malheureux et renforcer les sanctions contre les exploiteurs. Et s’ils appartiennent à l’opposition, ils sont encore plus à l’aise pour expliquer que tous ces problèmes résultent de la mauvaise politique du gouvernement en place, mais que dés qu’eux seront au pouvoir, ils prendront les mesures qui…
Un conte de fées. Exceptés les enfants de tous âges qui veulent bien croire encore au Père Noël, plus personne ne prête foi à ces bavardages. Les citoyens ne croient ni les journalistes ni les hommes politiques, les enquêtes d’opinion qu’ils commandent et les élections le démontrent surabondamment. Les journalistes ne croient pas les hommes politiques et inversement. Plus personne ne croit que quiconque y croit. Comment pourrait-on encore dénicher des dupes ? Les privilèges dont bénéficient les uns, le cynisme des autres ont depuis longtemps décrédibilisé les discours martelés à l’envi dans les medias.
On fait semblant de s’inquiéter de la perte de confiance dans la finance, l’économie ; la société, alors que l’hypocrisie trône, souveraine au milieu des ondes qui submergent nos sens.