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Le blog d'André Boyer

De la Peste au principe de réalité

8 Février 2009 Publié dans #PHILOSOPHIE

La Peste, une crise extrême pour la société européenne.

Imaginez la France réduite en quelques dizaines d’années à 32 millions d’habitants. Les rues seraient vides, les campagnes désertes, les cimetières partout. Les survivants effarés se partageraient les dépouilles. On chercherait en vain de la main d’œuvre. Et l’on prierait partout  pour que la crise s’arrête enfin tandis que des flambées brutales épidémiques lanceraient au hasard leurs féroces flammèches au sein de la foule accablée.  Pourtant au milieu du XIVeme siècle la crise finit par s’arrêter à force de précautions. La croissance reprend, les enfants emplissent à nouveau de leur vitalité un monde abasourdi. Tellement abasourdi qu’un choc moral répond en retour au cataclysme de la Peste, un choc qui annonce les bouleversements de la Réforme et de la Renaissance.

À partir du XVe siècle, Les Européens et, à l’autre bout du monde, les Chinois, s’agitent chacun de leur côté. Les Européens s’efforcent d’accroître leur espace d’action, ce qui correspond bien à leur culture missionnaire et conquérante tandis que les Chinois, qui tournent comme toujours leurs regards vers eux-mêmes, s’affairent à mettre au point le système  complexe des rizières.

En Europe, les échanges s’accroissent entre les lettrés. Le surgissement de l’imprimerie, comme aujourd’hui celui d’Internet, modifie la donne. L’imprimerie est inventée autour de 1450 en Rhénanie. Gutenberg met au point les techniques qui permettront de mettre l’écrit à la disposition des quatre cent mille européens capables de lire en latin. Presque instantanément, les livres se multiplient et s’échangent.

Le Moyen Âge commence par s’emparer de l’acquis culturel laissé par les générations précédentes.C’est ainsi que le latin et les philosophes grecs, en particulier Aristote, deviennent à la mode.  Puis la révolution scientifique élargit le cercle de la pensée au-delà du culte du savoir antique. Comme l’expriment bien les neuf cents thèses de Pic de La Mirandole, les érudits prennent progressivement conscience de la nécessité de dépasser les textes anciens et de donner une place centrale à la notion de réalité. C’est ainsi qu’en Italie on se passionne pour la peinture réaliste de Giotto Di Bondone qui montre des misérables soignés par les franciscains. Derrière la création artistique surgit une nouvelle vision du monde, qui deviendra celle du monde moderne.  

En donnant à voir la « réalité », la peinture prépare la révolution scientifique.

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