La Révolution industrielle
2 Avril 2009 Publié dans #PHILOSOPHIE
À compter de la Renaissance, l’émergence progressive de l’esprit scientifique en Europe modifie radicalement la condition humaine.
Le nombre des êtres humains suit l’accroissement des moyens matériels : de 1500 à 1750 on passe de quatre cent soixante à sept cent soixante-dix millions d’hommes sur Terre. Auparavant, il avait fallu quinze siècles pour que la population double, entre l’époque du Christ et la découverte de l’Amérique, de 250 à 460 millions d’habitants. L’accroissement de population s’accélère encore par la suite, puisqu’elle s’est accrue de sept cent soixante-dix millions à six milliards entre 1750 à 2000, soit une multiplication par huit en 250 ans.
Cette croissance est directement liée à la révolution industrielle qui s’est traduite par une succession ininterrompue d’innovations techniques qui substituent des machines à l’habileté humaine et qui permettent de remplacer la force humaine et animale par l’énergie mécanique. Le muscle est remplacé par le moteur, la main par la machine, la mémoire par le papier. La marche que l’humanité avait entrepris depuis le premier outil, le galet éclaté, la conduit jusqu’à la révolution industrielle qui trouve son premier appui dans les progrès de l’agriculture. Cette révolution était aussi liée à la croissance de l’information, à un investissement croissant dans l’éducation et à l’utilisation du langage mathématique.
La dynamique de la révolution industrielle est fondée sur les innovations générées dont un petit nombre d’hommes, mais aussitôt mises en pratique par le plus grand nombre. Aux côtés des grands savants qui cherchent à travailler pour le bien de l’humanité, les Pasteur, Maxwell, Einstein, Say, Schumpeter, on trouve aussi ceux qui sont à l’écoute des attentes de la société, que ce soit la demande de nouveaux produits de consommation ou la conception de nouvelles armes. La multiplication des biens est remarquablement parallèle à l’accroissement de la circulation de l’information. La machine à écrire est inventée en 1873, le télégraphe, le téléphone le sont en 1885, la radio en 1912, la télévision en 1930. Depuis, l’ordinateur s’est substitué à nombre de processus de la pensée humaine.
Les mutations déracinent les paysans et bouleversent les modes de vie. Quitter son village pour gagner plus implique souvent de vivre dans un taudis, d’effectuer un travail répétitif et pénible et de risquer de se retrouver au chômage, sans ressources. Ces déracinés n’ont pas le sentiment d’être plus heureux en ville qu’au pays. Cependant les prix des matières premières et de la nourriture baissent, l’école est ouverte à tous, les médecins ne sont plus réservés aux privilégiés.
La réaction face au coût élevé de la révolution industrielle pouvait être prévu. L’idée est rapidement venue de casser le marché et de contrôler les flux de production à l’aide d’un système bureaucratique centralisé. L’application pratique de ce dogme autocratique a été réalisée aux marges de l’Europe par le système soviétique. Il a connu sa fin en 1989 puisqu’il n’était qu’une conséquence du système occidental, mais la nostalgie d’un système contrôlé demeure chez les nombreux perdants du système capitaliste. Il resurgit avec la crise qui touche l’ensemble du monde économique globalisé du début du XXIe siècle.
La révolution industrielle est sans doute en train de s’achever. Il va nous falloir inventer une nouvelle direction et de nouveaux outils capables de soutenir la dynamique de l’humanité.
L’homo faber ne s’arrête jamais.