L'homme symbolique
11 Septembre 2009 Publié dans #PHILOSOPHIE
Nous avons quitté, le 30 août dernier, « l’homme, animal social ? » en observant que l’homme acceptait difficilement de n’être qu’un atome des sociétés imparfaites auxquelles il est rattaché. Pour s’en évader, il se voit contraint de faire appel à la transcendance, qui est le thème de nos prochains articles dans la série « trajectoire ».
« Jamais l’homme ne se contentera d’une destinée finie ; sous une forme ou sous une autre, un ensemble de croyances exprimant la valeur transcendante de la vie […] fera toujours partie des éléments essentiels de l’humanité » déclarait Renan. La transcendance s’impose comme un prolongement de notre conscience, une donnée cachée de notre vie.
L’art en est la première illustration. Sans l’art, l’univers serait indéchiffrable. À la recherche de l’essence des choses, l’artiste cherche à nous faire partager son émotion devant sa Vérité. D’où les dessins, les gravures, les peintures que l’on trouve sur d’aussi improbables surfaces que la roche des cavernes ou les os des animaux. L’art nous permet de mesurer à quel point les messages des sens qui nous relient au monde extérieur, contiennent des informations limitées. Avec l’art, nous sommes obligés de reconnaître que nous nous trouvons dans l’incapacité de percer la signification du cosmos.
Pour tenter d’effleurer la transcendance, l’homme a forgé des symboles[1] qui sont destinés à exprimer la signification des choses et des faits cachés. L’un des exemples le plus frappant de l’imaginaire transcendant est la conception nippone du temple où une simple porte ouverte (torii) marque la limite du sacré. En la franchissant vers l’intérieur, le participant abandonne symboliquement le monde ordinaire pour entrer dans le saint espace ; une fois régénéré par la méditation, il la franchit dans l’autre sens pour retourner dans le royaume de l’ordinaire.
Tous les peuples ont des espaces sacrés, appelés églises, temples, synagogues ou sanctuaires, des jours de fêtes, moments consacrés pendant lesquels la vie courante est transcendée. On voit les israélites sanctifier le jour du sabbat, hors d’atteinte du vulgaire des six autres jours de la semaine.
Les symboles sont partout, dans la vie de tous les jours, dans les paroles et dans les actes. Ils servent à définir les normes, notamment morales, de la vie humaine.
[1] Permanence des symboles : la mosaique qui illustre cet article s’appele un « Chrisme » (☧). C’est un symbole chrétien formé des deux lettres grecques Χ (chi) et Ρ (rho), la première apposée sur la seconde. Il s'agit des deux premières lettres du mot Χριστός (Christ). L'association de ces deux lettres pour former un symbole préexiste à la venue du christianisme. Dans le monde grec païen, c'était l'abréviation du mot χρηστός (chrêstos), qui signifie « bon, positif ». Le symbole fut adopté par le christianisme et il servit d'emblême aux empereurs chrétiens qui succédèrent à Constantin 1er.