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Le blog d'André Boyer

La pose de Bouddha

17 Septembre 2009 Publié dans #PHILOSOPHIE

Dans un article intitulé, sans ambiguïté, « L’HOMME SYMBOLIQUE » je mettais l’accent, le 11 septembre dernier, sur l’une des dimensions les plus importantes de l’être humain, celle de forger des symboles, qui sont autant de points de repère dans sa quête de donner un sens à la vie.

 

Regardons, par exemple, l’une des poses les plus célèbres de Bouddha, celle appelée « la pose sans peur » : on y observe que son bras est dressé, sa main levée, sa paume tournée vers l’extérieur. La signification universelle de ce geste est celui du pouvoir, de l’autorité ou de la bénédiction. Cette pose fait allusion à une scène mythique de la vie de Bouddha qui se promenait en compagnie quand, soudain, un éléphant sauvage l’a chargé à la grande frayeur du groupe qui l’accompagnait. Il s’est contenté de lever la main et, aussitôt, l’éléphant s’est arrêté net dans sa course pour se soumettre à la volonté de Bouddha. Ce geste est une représentation symbolique du courage et du triomphe serein sur le danger qui en résulte. Et, pour les bouddhistes, cet événement de la vie de Bouddha a des effets sur la vie personnelle de ceux qui y croient…

Un symbole n’existe que si quelqu’un y croit. Le plus important des symboles, à cet égard est celui de Dieu. Dieu est un symbole. Si j’osais, je serais tenté d’écrire que Dieu a utilisé l’idée de « dieu » pour s’introduire dans la vie des hommes. En effet, quelles que soient les significations que les hommes ont donné à ce terme, le symbole « Dieu » joue un rôle central dans la vie de la grande majorité de l’humanité. Il est par définition la source de toute transcendance, il donne la force de vivre, d’appliquer des règles morales.  Autour de Dieu, une aspiration commune émerge, une cohésion sociale se construit portée par la foi de chacun des membres de la communauté des croyants.

Prenons quelques exemples : la religion hindoue se caractérise par sa manière particulière d’aborder la vie et la mort.  Les métaphores du Bouddha développent chez ses disciples l’idée que la connaissance vaut plus que la richesse, mais que la sagesse a encore plus de valeur que la connaissance. L’islam insuffle l’obéissance aux règles dans le cœur de ses fidèles. Les symboles chrétiens appellent au don de soi, à la fraternité et à la communion.

Si l’homme a puisé dans les symboles la force de réagir et parfois de sur-réagir à un monde qu’il cherche à toute force à contrôler, il l’a parfois fait pour le pire. Les communautés humaines se sont rassemblées autour des symboles religieux, souvent les unes contre les autres. Les naïfs en ont déduit qu’il suffisait de supprimer les religions pour faire disparaître les conflits, faisant fi du besoin absolu de symboles que ressent l’être humain, en tout lieu et en tout temps.

D’ailleurs, les temps modernes n’ont pas aboli la force des symboles. Ils en ont sécrété de nouveaux, le progrès par exemple. En tant que symbole, il s’est mué en religion, avec ses croyants, ses hérétiques et ses exclus. Il a engendré l’état d’hostilité entre les pauvres et les riches, entre la religion du progrès et les religions traditionnelles.

L’histoire des religions est celle de symboles qui vieillissent et qui meurent, remplacés par des symboles plus efficaces. La mort d’un symbole est une catastrophe pour la communauté qui y croyait ; la vie devient sans signification, les hommes se sentent étrangers face à leur propre « moi » ; ils perdent leurs repères vis-à-vis du monde dans lequel ils croyaient vivre. Il leur faut rapidement trouver de nouveaux symboles qui fonderont l’unité ou disparaître.
 

C’est ainsi que, faute de trouver des symboles mieux adaptés au monde dans lequel elle vit, la France s’accroche à ses trois symboles républicains, liberté, fraternité, égalité, comme si elle était toujours le phare du monde. Les Français savent bien que ce n’est plus vrai, mais ils s’y accrochent faute de symboles de remplacement. Et ils ne sont pas les seuls à s’accrocher à des symboles dépassés.

 
PS: Au passage, ce texte est le quatre vingtième article de l'année, des articles lus par cinq personnes par jour en moyenne. Merci donc à mes fidèles lecteurs.

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L
bonsoir et bienvenue dans ma communauté " forum libre expression "merci de ton choix - de ta confiance et de tes publications dans la communauté -bien amicalement  Lady Marianne
Répondre
A
<br /> Je vous en remercie chaleureusement`<br /> <br /> <br />