Notre religion cachée sous les oripeaux de la raison
30 Septembre 2009 Publié dans #PHILOSOPHIE
Dans un article intitulé « La pose de Bouddha », je rappelais l’importance des symboles dans la vie des êtres humains. Une telle importance que même le marketing, technique terre à terre s ‘il en est une, toute consacrée à la manipulation des personnes, s’en sert amplement ! Ce n’est pas seulement l’homme en tant qu’individu qui en a besoin pour vivre , mais toute communauté d’hommes qui ne peut se rassembler qu’autour d’un symbole. Pensez-y !
Cela nous ramène à la nature de la condition humaine. Si nous l’avons bien comprise, elle implique que l’être humain ait besoin de raisons de vivre qui le dépassent. Il faut reconnaître que personne, absolument personne, ne peut vivre dans le matérialisme le plus absolu, y compris, et peut-être même surtout, ceux qui le prétendent. Ce qui remet en cause toute vision totalement raisonnable de l’organisation de la société humaine.
Si nous prenons par exemple le principe du progrès comme objectif de la société humaine dans son ensemble, ce dernier n’est, si on y réfléchit, ni évident, ni rationnel, ni même raisonnable. Que signifie t-il ? où nous mène t-il ? Vouloir convaincre les êtres humains que l'objectif qu'on leur impose est « raisonnable» est une vieille tentation vouée à l’échec. Personne n’y croit et personne n’en veut au fond. La religion catholique a tenté en vain de trouver des raisons « raisonnables » à la foi chrétienne. C’est ainsi que dans son « Pari », Pascal appelait la raison au secours de la foi chrétienne en invitant à parier sur l’existence de Dieu parce que ce pari était forcément gagnant. On y reviendra.
Mais les adeptes de la « raison » sont coupables du même péché, lorsqu’ils refusent de reconnaître que le culte de la raison n’est ni plus ni moins qu’une religion comme les autres. Prétendre que ce culte a des fondements raisonnable n’est qu’une tautologie qui n’engage que celui qui y croit. J’insiste : c’est une tromperie de vouloir faire croire que la raison s’impose comme religion grâce à un raisonnement logique. En dehors de toute argumentation logique, la raison ne peut pas fonder notre vie parce que, fondamentalement, nous avons besoin, chacun d’entre nous, de donner un sens à notre présence sur Terre. Et chacun, dès lors, de cheminer dans la vie, équipé de la transcendance qui lui convient….
Il est vrai que, lorsque nous nous observons nous-mêmes accrochés sur la croûte terrestre voguant au sein de l’Univers, il faut convenir qu’il y a de quoi se demander s'il est bien raisonnable de se poser des questions sur le sens de notre vie, individuelle et collective. Car nous savons des choses terribles, que nous préférons faire semblant d'ignorer. Nous savons que la grosse masse de gaz brûlants que nous appelons avec tant de ferveur « Soleil » se prépare un beau jour, si l’on peut dire, à carboniser nos descendants. Et en attendant ce jour final, le Soleil est à l’origine de l’énergie nécessaire à toutes les formes de vie terrestre, il détermine notre environnement immédiat, y compris l’enveloppe fluide d’air et d’eau qui nous isole du ténébreux espace, de ses radiations et de ses projectiles.
Alors que nous tournons avec la Terre autour du Soleil, collés au sol par l’attraction qui nous arrime à sa masse, comment nous rassurer, calés au creux de notre minuscule niche secouée au vent de l’éther ?
Vous avez en tout cas la réponse à la question de savoir si l’homme doit accorder une importance primordiale à la notion de raison….