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Le blog d'André Boyer

Chaque jour, répondre pratiquement aux attentes de la vie

17 Septembre 2011 Publié dans #PHILOSOPHIE

Dans un blog publié le 21 août dernier, intitulé « Le silence et la propagande, je notais qu’il était inconcevable de se faire le champion de convictions pratiques au nom de la science, car c’était compter pour rien les valeurs qui s’affrontent pour juger de la validité de nos actes. Quel est donc l'apport positif de la science à la vie pratique et personnelle?

 

4278974-lgPoser en ces termes cette question, c’est s’interroger encore et toujours sur la capacité de la science à répondre à nos problèmes existentiels, une science capable de nous apporter aussi bien les connaissances grâce auxquelles nous dominons la vie du point de vue matériel que des méthodes de pensée. Mais cette même science ne sait toujours pas si la fin justifie les moyens; à peine peut-elle nous éclairer sur la relation entre les objectifs que l’on se donne et leurs conséquences prévisibles.

Aussi, si vous persistez à rechercher quelqu’un qui vous dise ce que vous devez faire dans la vie ou comment organiser votre vie, ne vous adressez pas à la science. Cherchez plutôt un Messie. Et si vous ne parvenez pas à entendre la voix de ce Messie, acceptez donc de vivre sans Messie.

Et n’allez pas croire qu’une théologie, censée offrir une rationalisation intellectuelle de l'inspiration religieuse, puisse répondre à vos interrogations. Déjà la science exige de nous que nous acceptions ses postulats sans nous apporter la moindre preuve de leur validité. Les théologies en rajoutent d'autres concernant le sens de la vie et du monde, selon une démarche identique à celle de la théorie de la connaissance de Kant qui partait de la présupposition que la vérité scientifique existe et qu’elle est valide, pour se demander ensuite, et seulement ensuite, quelles étaient les présuppositions qui rendaient cette même vérité scientifique possible!

En outre, les théologies nous demandent de croire à des révélations supposées indispensables au salut de notre âme sans que nous ayons les moyens de comprendre d’où proviennent ces présupposi­tions! Croyez! Obéissez aux préceptes du Livre! Mais si nous ne croyons pas, elle baisse alors les bras, avouant que ses raisonnements ne sont valables que si nous avons, au préalable, la foi. Et voilà le croyant ramené de force à la maxime de Tertullien, à moins qu’elle ne soit de saint Augustin :

Credo non quod, sed quia absurdum est.

Il faut donc se résoudre, avec ou sans l’aide de la théologie à sacrifier l'intellect pour croire, ce qui aboutit à une tension insurmontable entre la croyance à la science et la recherche du salut…

Mais nos temps modernes n’ont rien prévu pour résoudre cette tension. Ce sont des temps rationnels, qui ne comptent que sur l'intellect pour comprendre un monde qu’il s’agit à tout prix de désenchanter. Ce sont des temps qui obligent les êtres humains à extraire leurs valeurs personnelles du champ de la vie publique, pour ne les exprimer que dans le cadre de la transcendance ou dans celui de l’intimité des  relations personnelles entre individus. Ils poussent celui qui ne parvient pas à supporter le vide spirituel de l’époque à rechercher un refuge douillet dans les vieilles croyances, au prix du sacrifice de son intellect. Encore heureux s’il ne cède pas à la faiblesse de croire que de nouveaux prophètes viendront, un jour béni, à son secours, pour révéler à tous et pour toujours, qu’il avait bien raison de croire. Une faiblesse sans espoir, tant l’histoire la appris depuis des millénaires à l’humanité qu’aucun sauveur ne viendra jamais, alors que, régulièrement, de nouveaux prophètes n’annoncent la fin du monde.  

Pour les autres, ceux qui cherchent à résoudre la tension entre la foi en leurs valeurs et le silence de la science, qu’ils se convainquent le plus tôt possible que rien ne s'est jamais fait par l’attente d’un Sauveur qui viendra leur rendre Justice.

 

Qu’ils se mettent au travail et répondent concrètement aux demandes que la vie leur présente chaque jour dans leur vie d’être humain...

 

(Adapté de Max Weber, « le métier et la vocation de savant »)

 


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