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Le blog d'André Boyer

Des masochistes qui s'ignorent...

28 Mai 2010 Publié dans #HISTOIRE

L’actualité nous a contraint à mettre entre parenthèses notre analyse du système oligarchique français, si bien que l’article précèdent sur ce sujet date déjà du 14 avril dernier. J’y exposais l’analyse de La Boëtie que j’avais intitulée « Comment le peuple se trompe lui-même ».  Avec cinq siècles d’avance, c’est dire si l’organisation du pouvoir en France a peu variée, il décrivait notre système oligarchique actuel : au sommet, un Président sanctifié par l’élection au suffrage universel ; autour de lui, quelques fidèles qui tiennent la machinerie. Dans un troisième cercle, les happy few, ministres, directeurs d’administration centrale, présidents des grands organismes publics, les chefs de partis et de syndicats. Dans un quatrième cercle, l’échine pliée, les députés, les maires, les journalistes, les patrons, quelques milliers de personnes qui reçoivent leurs ordres et leurs faveurs. Dans un cinquième cercle, l’immense cohorte des cinq millions de fonctionnaires, des cinq millions d’assistés et de tous ceux qui peu ou prou dépendent du pouvoir. Et finalement, nous tous en France, tremblons devant les medias d’être cloués au pilori, de perdre marché ou avancement, de subir un contrôle, ce qui fait que le système dispose d’une armée de complices qui tremblent de le voir changer des règles auxquelles nous nous sommes accoutumés : nous le maudissons officiellement tout en redoutant secrètement de le voir s’effondrer…

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La Boëtie voit lucidement que les courtisans sont gens que  rien ne dissuadera de servir pour amasser des biens : « Ces misérables voient reluire les trésors du tyran ; ils admirent, tout ébahis, les éclats de sa magnificence ; alléchés par cette lueur, ils s'approchent sans s'apercevoir qu'ils se jettent dans une flamme qui ne peut manquer de les dévorer ».

Un immense réseau de pouvoir, de contraintes, de pressions, de complicités s’étend sur le pays, d’autant plus fort que l’impôt est plus lourd et que le système est plus centralisé. Et où, dans le monde, l’est-il plus qu’en France ? Quel pays est-il plus soumis que la France au pouvoir de son oligarchie ? Le mécanisme de la tyrannie que subit la France de 1548 au temps de La Boëtie, lorsque François Ier cherchait à imposer la gabelle par le fer et le feu afin de faire payer au peuple sa folle guerre d’Italie, est toujours à l’œuvre aujourd’hui. Sous couvert de morale, de principes républicains, de solidarité, les nouveaux tyrans  se saisissent des biens privés pour en jouir personnellement et pour étendre leur pouvoir. Il n’y a rien à rajouter à son analyse, il suffit d’en tirer les conséquences. 

Si vous êtes un masochiste qui s’ignore, fonctionnaire heureux de disposer d’un emploi à vie, rmiste content de recevoir son petit pécule ou affairiste habile à tirer parti du système, il est paradoxalement possible que vous soyez heureux de vivre sous le parapluie d’une oligarchie qui vous opprime. N’en parlons donc plus, retournez devant votre écran de télévision.

Mais il se peut bien aussi que vous soyez convaincu avec beaucoup de réalisme que le système est immuable et qu’il n’y a rien d’autre à faire que s’y accoutumer. Vous avez raison car un système qui perdure en France depuis des siècles, qui a bénéficié de la volonté opiniâtre des rois et des régimes qui leur ont succédé, ne peut être qu’incrusté dans la société, les mœurs, les mentalités. La spécificité française du déni de la sanction démocratique a des racines profondes, enfouies dans les tréfonds de l’histoire de France. Cependant, souvenez-vous que le monde change, que le système soviétique qui paraissait immuable a explosé, que la France se remplit de nouveaux habitants, que ses structures sociales explosent. Alors, son système politique durera t-il éternellement, seul, envers et contre tous ?

Même si je n’en connais pas l’échéance, je ne le crois pas, car jamais les hommes n’ont consenti indéfiniment à être abusés. Comment supporter indéfiniment les tombereaux de mensonges que l’on nous déverse à longueur de journée dans les medias, l’imposture de ces dirigeants, de ces artistes, de ces journalistes qui prétendent nous faire la leçon pour mieux nous exploiter, de cet asservissement matériel que l’on nous impose en confisquant la moitié du produit de notre travail pour se l’approprier au nom d’une  pseudo solidarité obligatoire?

 

 

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