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Le blog d'André Boyer

L'orphelin cosmique

17 Février 2010 Publié dans #PHILOSOPHIE

 

UntitKazan-ele-mesmo-5-cm-gif.pngDans mon  blog du 3 février dernier, intitulé « Le désarroi de l’orphelin », j’attirais votre attention sur l’absence de réponse de la science face à la mort et sur le parti pris de l’illusion qui en résulte. Pour reprendre l’image du Titanic, j’écrivais en particulier que la science nous promet des fêtes perpétuelles en cherchant à nous cacher la manière dont elles se terminent toujours, pour chacun d’entre nous, dans le bouillonnement des eaux glacées.

 Amusons nous Folleville ! Car, entre l’Univers qui rend notre  vie insignifiante et la mort inévitable qui mure notre vie dans l’absurdité du fini, de l’inachevé et de la déchéance, l’homme est coincé. Relisez s’il vous plait cette dernière phrase avant de courir l’oublier, de jouer à s’étourdir ou de maugréer contre celui qui vous le rappelle.

Je tiens un discours sinistre ? J’en conviens. Mais il le faut, parce que la condition humaine s’explique entièrement par là. Tout de ce que nous faisons, avant même de le penser, s’inscrit dans l’insignifiance et l’absurdité de notre existence. Tous nos efforts concourent à essayer désespérément de donner un sens à notre vie, avec des hochets comme le bonheur, l’amour, les enfants, ou même l’argent, ou pire encore, le pouvoir !

Puisque vous voulez comprendre quel est le sens de la vie humaine, commencez donc par vous demander ce que  vous répondriez à l’enfant qui vous demanderait naïvement de lui expliquer qui est l’homme  qui a  décidé le premier de s’installer sur cette Terre ? Car comment a commencé l’histoire des hommes ? Est-ce le jour où l’un de nos ancêtres a pris conscience qu’il était là, sur Terre ? Ce jour-là, notre aïeul a compris en même temps qu’il s’y trouvait seul, abandonné face à lui-même, face au Soleil, face aux étoiles lointaines, silencieuses, énigmatiques. Il s’est senti tel un orphelin, une sorte d’orphelin cosmique, car il a eu beau chercher, il n’y avait personne pour lui apprendre à vivre, tandis que les autres animaux, eux, semblaient ne pas se poser tant de questions. Or, dés lors que lui, l’être humain, se posait des questions existentielles, il fallait bien qu’il renonce aux supposées facilités de l’instinct.

Dans un premier temps, l’homme a guetté des messages du ciel. Lorsque ce dernier lançait des éclairs, lorsque la terre s’ouvrait devant lui ou lorsqu’il voyait des montagnes cracher le feu, il a pensé, plein d’espoir, que ces forces surnaturelles s’adressaient à lui pour lui signifier quelque chose. Mais quoi ? Jamais rien de clair, si bien qu’il lui a fallu se contenter de l’imaginer. Puis, petit à petit, il a du se résoudre à n’apprendre que par un unique et douloureux moyen, l’expérience. Il a compris qu’il lui fallait pour cela supporter les leçons de ses semblables, et celles, plus dures encore, de sa propre vie, qu’il ne pourrait s’approcher de la raison qu’à force de regarder, d’écouter, d’apprendre…

Il a cru que la sagesse des hommes pouvait s’accroitre de génération en génération, que le fils apprendrait du père qui avait appris du grand père et ainsi de suite : plus jamais de guerre, c’était la Der des ders ! Tu parles, seules les découvertes scientifiques se transmettent, malheureusement pas la sagesse ! Il a aussi cru que ses semblables, lorsqu’ils étaient prêtres, philosophes, voyants ou professeurs, ou pire encore, politiciens, journalistes ou vedettes, détenaient des réponses que lui, l’homme ordinaire, n’avait pas trouvé. Or, il lui a fallu convenir malgré lui, que tous, tant qu’ils sont, tâtonnent comme lui et bien souvent plus que lui, surtout s’ils plastronnent leur (fausse) confiance en eux.

Oui, chacun est orphelin dans cet univers. Il reste pourtant que cet orphelin n’est pas un être tombé du ciel. Il ne peut pas se flatter d’être une créature à part. Il a même, parait-il, de biens étranges ancêtres, des mammifères, mais aussi des dinosaures, des lézards volants, et même des mollusques, tous figés dans la glace éternelle. D’où vient-il, mais d’où vient-il donc ?

 

 



Elia Kazan, The Actor Vow. Voici le texte qu'il a écrit:
 
I will take my rightful place on the stage

And I will be myself.

I am not a cosmic orphan, I have no reason to be timid.

I will respond as I feel; awkwardly, vulgarly,

But respond.

I will have my throat open.

I will have my heart open.

I will be vulnerable.

I may have anything or everything

The world has to offer,

But the thing I need most,

And want most, is to be myself.

I will admit rejection, admit pain, admit shame,

Admit outrage, admit anything and

Everything that happens to me.

The best and most human parts of me are

Those I have inhabited and hidden from

The world.

I will work on it.

I will raise my voice.

I will be heard.

 
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