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Le blog d'André Boyer

La contradiction explosive entre l’individualisme et le pouvoir politique

21 Mars 2010 Publié dans #ACTUALITÉ

Porsche_Cayenne_Turbo_Techart.jpgAlors que nous vivons clairement dans le cadre d’une société formée d’individualistes, nous sommes gouvernés par des gens qui prétendent le faire au nom de la morale au lieu de le faire, tout bonnement,   au  nom de nos intérêts.

Cette incroyable contradiction, entre nos aspirations et l’idéologie dépassée que le pouvoir politique prétend nous vendre, est la source la plus fondamentale du séisme politique qui se prépare en Europe d’abord, puis dans le reste du monde ensuite, sous les couverts de la crise financière,   économique et sociale qui couve.

Pour comprendre quelque chose aux événements, je vous propose de leur donner un sens à partir de l’actualité que l’on nous présente, de façon biaisée, amortie et émiettée.

Dans cette actualité, ce ne sont pas les conséquences de la défaite de l’UMP qui présentent un quelconque intérêt, elles sont archis connus, mais le sens de la crise grecque. Et de ce sens, peu en parlent, justement parce que c’est explosif. 

De quoi s’agit-il ? le gouvernement grec a généré des déficits qu’il n’arrive plus à financer, parce qu’il a consenti ici et là, pour des raisons électorales, des dépenses au profit de divers groupes sociaux qu’il ne pouvait pas faire assumer par l’impôt. Comme ces déficits sont désormais trop lourds pour être finançables par l’économie grecque,   il a décidé de pratiquer une violente cure d’austérité qui aura pour effet la récession, le chômage et les émeutes. Il est clair qu’il échouera et que cela se terminera par sa chute et son renoncement. Pourquoi ? parce que des mesures de restriction budgétaires ne contiennent en elles-mêmes que des effets négatifs qui ne génèrent aucune dynamique, aucun espoir de reprise de la consommation. Il faudra évidemment faire appel au FMI, abandonner l’Euro pour le remplacer par une drachme sous-évalué et faire repartir l’économie à partir d’une nouvelle compétitivité de l’économie grecque. Quand on apprendra que les vacances en Grèce sont moins chères qu’ailleurs, la crise grecque sera finie.

Si le gouvernement grec gouvernait en faisant clairement référence à l’intérêt des populations qui l’ont élu, il parlerait franchement, il expliquerait les raisons de la crise, le moyen d’en sortir et les méthodes à appliquer. Ce ne serait que l’affaire d’un discours, d’un vote au Parlement et de mesures appliquées plus ou moins facilement.

Au lieu de cela, il gémit, il menace, il appelle à la « solidarité » européenne, il maudit les spéculateurs, il accuse l’impéritie de la population grecque et du gouvernement qui l’a précédé. En Europe, le gouvernement français est clairement complice de cette attitude, sans doute moins par amour des Grecs que parce qu’il est en phase idéologique avec le gouvernement grec. Lui aussi, il compte faire appel à la morale pour résoudre les problèmes de la société française. En agitant l’étendard européen comme un fétiche contre les vents mauvais, il professe que la solution est dans la solidarité avec les Grecs, pensant sans doute aussi qu’il faudra qu’il fasse bientôt appel lui aussi à la solidarité des plus riches…

Le gouvernement allemand est bien plus en phase avec la société qu’il gouverne. Alors que le gouvernement français n’a pas cru nécessaire de demander aux Français s’ils étaient prêts à se serrer la ceinture pour aider les Grecs, il a compris, lui, que les Allemands ne voulaient pas payer pour les Grecs, et curieusement il l’a dit. Donc il attend que les Grecs résolvent leur problème tandis que lui, le gouvernement allemand, s’occupe de résoudre celui des Allemands. C’est assez bizarre pour que cela étonne assez les commentateurs français pour qu’ils lui cherchent des excuses, l’électoralisme, l’égoïsme congénital de l’Allemagne, la peur ancestrale de l’inflation, n’importe quoi.

La démarche du gouvernement allemand est pourtant  la seule démarche qui ait de l’avenir. Car, que signifient ces appels à la solidarité, en référence à une morale que plus personne ne pratique dans le privé ?  la seule solidarité que l’on y voit, c’est celle que l’impôt et la loi nous obligent à pratiquer. Pour le reste, sauf lorsqu’il nous prend l’envie d’être « bon » pour des raisons qui nous sont propres ou en vertu d’une éducation qui nous a dressé en ce sens, la solidarité est une valeur assez faiblement partagée. Il suffit d’aller visiter les maisons de retraite pour s’en convaincre et mille autre lieux que je vous laisse trouver par vous-même.

Alors pourquoi nous parle t-on  de morale, lorsque l’on nous gouverne, en France tout particulièrement ? pour nous donner mauvaise conscience, pour nous faire baisser la tête, pour nous manipuler. Est-ce que cette technique de gouvernement a de l’avenir ? non, aucun, puisqu’elle est en contradiction avec le comportement, les moeurs et les principes privés qui nous animent dans la société d’aujourd’hui.

Pour s’en convaincre par une leçon de chose, imaginez l’incongruité de Nicolas Sarkozy en train de nous faire la morale, lui. Et pourtant il la fait quotidiennement par medias interposés. C’est dire si cela ne durera pas, ni Sarkozy, ni la morale comme principe de gouvernement. Et ce sera une révolution, une vraie… 

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