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Le blog d'André Boyer

La Mobil, le malchanceux et moi

16 Août 2011 Publié dans #INTERLUDE

Comme je vous l’ai raconté dans mon article précèdent relatif à mes aventures à la Mobil, je m’étais lancé dans une grande enquête sur l’huile Mobil Delvac, dans le but de démonter les erreurs commises par la Mobil et de montrer par ricochet combien j’étais fort et perspicace,

images-1-copie-1Je le remettais cérémonieusement à mon Chef qui me promit de le lire, ainsi qu’à quelques cadres amis qui le rangèrent dans leur tiroir. Et ce fut tout.

Quelques jours plus tard, j’interrogeais mon chef pour lui demander ce qu’il pensait de la lecture de mon rapport. Il me répondit vaguement que c’était très bien. Manifestement il ne l’avait pas lu et il ne comptait pas s’en servir. Il me fallut admettre que ce travail et ce rapport n’avaient été que des coups d’épée dans l’eau, ce qui pour moi constituait un grand coup sur la tête alors que je me l’étais donné moi-même en prenant l’initiative de ce rapport. Et je me posais désormais une question existentielle: à quoi je servais, dans cette boîte ?

Finalement, la « boîte » m’a trouvé un emploi. Vers le mois de mars 1972, après six mois de stage assez fade, elle m’a nommé à Dijon comme responsable commercial de la région Bourgogne. Comme je l’ai écrit dans le blog intitulé «J’ai rêvé la Mobil O. », il s’agissait de gérer les « distributeurs » de la Mobil, petits et moyens dans une grande et belle région, qui allait d’Auxerre et Troyes à Pontarlier, comprenant à la fois la Bourgogne et le Jura. Je devais remplacer le titulaire du poste, en très long congé de maladie à la suite d’une série de trois accidents successifs. Ce commercial que nous appellerons ici Michel Bauerman, était un sympathique père de famille nombreuse d’origine alsacienne ; il se croyait, à l’inverse de moi-même, doué pour le bricolage, quoique les faits se soient chargés de démontrer qu’il surestimait ses aptitudes dans ce domaine :

Un jour où il installait un câble électrique dans son garage, il a saisi le fil dénudé dans sa main droite alors qu’il était sous tension. Je crois que c’était du 380 volts, ce qui explique sans doute qu’il soit resté accroché au câble électrique, tout en étant précipité violemment contre toutes les parois du garage jusqu’à ce que les brûlures de sa main fassent isolant. Ce n’est qu’avec retard que sa femme le découvrit inconscient avec de multiples contusions, la main brûlée et ayant subi un sérieux choc cardiaque.

Il a donc bénéficié d’un congé maladie que la Mobil espérait bref, puisqu’elle laissa son poste vacant. C’était sans compter sur l’exigeant besoin d’activité physique du convalescent.

Imprudemment chaussé de sandales découvertes, il estima qu’il était de son devoir de seconder son épouse en tondant le gazon autour de son pavillon. Le terrain était en pente, la tondeuse à moteur dérapa sur son pied gauche dont elle sectionna deux doigts, dont le pouce. On parvint heureusement à retrouver les doigts et à les greffer, mais cet accident imprévu retarda encore la reprise des activités professionnelles de mon prédécesseur. Néanmoins la Mobil patienta, espérant une reprise du travail prochaine de son directeur régional qui connaissait bien le secteur.

C’était faire fi de l’incroyable malchance qui s’acharnait à cette époque sur monsieur Bauerman et par ricochet sur les services commerciaux de la Mobil en Bourgogne:

Alors qu’il achevait sa période de convalescence, Monsieur et Madame Bauerman et leurs enfants décidèrent légitimement de rendre visite à leurs familles en Alsace. Si la Mobil pouvait nourrir une certaine amertume à l’égard de Monsieur Bauerman, eu égard à sa maladresse domestique qui la privait momentanément d’un cadre exemplaire, elle ne put que maudire le sort qui s’acharna sur lui lors de son escapade sur les routes alsaciennes : alors que l’automobile de la famille Bauerman roulait tranquillement le long d’une forêt qui bordait une belle route nationale sur la plaine alsacienne entre Mulhouse et Colmar, surgit sur sa gauche un puissant cheval de trait qui s’était échappé d’une ferme proche.

Le cheval s’élança sur la chaussée à la perpendiculaire de la voiture, se cabra puis retomba de tout son poids, qui était considérable, sur le pavillon à la hauteur de Monsieur Bauerman. Le pavillon du véhicule fut enfoncé et ce dernier se retrouva coincé entre le pavillon, le siége et le volant, incapable d’enlever son pied de l’accélérateur. Du coup, au lieu de s’arrêter, la voiture  vint percuter un arbre. Miraculeusement, seul Monsieur Bauerman fut blessé dans ce double accident. Il fallut découper les tôles du véhicule pour l’extraire et découvrir qu’il avait des plaies ouvertes, souffrait à la fois de multiples fractures et d’un violent tassement de la colonne vertébrale.

Le corps médical prévoyait une longue période de convalescence, d’autant plus que les deux accidents domestiques précédents avaient affaibli le bléssé, encore que son moral, à ma surprise, me parut excellent lorsque je le rencontrais. Cette fois ci, on la comprend, la Mobil avait perdu patience, estimant désormais que la mauvaise fortune de Monsieur Bauerman menaçait  de devenir un phénomène permanent. Quoi qu’il en soit, elle  ne voulut pas tenter le sort et décida de le remplacer in petto. Et m’affecta à son poste.

Lorsque j’appris, de la bouche de Monsieur Bauerman, l'invraisemblable série de coups du sort qu’il avait subie, je me pris à espérer que cette dernière n’était en aucune manière liée à la fonction qu’il occupait. 

 

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