Le désarroi de l'orphelin
3 Février 2010 Publié dans #PHILOSOPHIE
Le 15 janvier dernier, dans un article intitulé « le risque de l’aveuglement scientifique » j’avançai l’idée que la progression de la conscience humaine passait par le dépassement des limites de la pensée scientifique. Il ne s’agit pas de nier cette pensée, mais de faire le tour de sa capacité d’explication face aux mystères de l’Univers, de la vie et de la compréhension de ce quelque chose d’impensable qui explique toute chose.
Cette fin lui paraît suffisamment digne d’intérêt pour qu’il organise sa vie en conséquence. En général, il suffit pour cela qu’il oublie qu’il est mortel. D’ailleurs, toute la civilisation occidentale conspire pour nous faire oublier la mort, y compris la science. Cette dernière cherche en effet à nous convaincre qu’elle détient le secret d’une vie plus longue, sans douleurs et remplie de plaisirs. Et elle a raison, sauf en ce qui concerne un petit détail, son incapacité à nous donner l’immortalité...
Pour nous ramener à l’instantanéité du moment, la science proclame qu’elle n’a rien trouvé qui prouve qu’une parcelle de nous subsiste après notre mort à l’exception des gènes que nous transmettons à notre descendance et de quelques déchets carboniques. C’est une bonne raison, nous suggère t-elle in petto, pour ne pas s’occuper de la mort. Il faut se contenter de jouir le mieux possible de la vie tant qu’elle ne nous échappe pas, dans le confort que nous procurent les trouvailles issues de la recherche scientifique.
D’après la science, il n’y a pas de consolation à chercher ailleurs. Il y a notamment rien à attendre des religions qui, toutes sans exceptions, parlent de la mort et des moyens pour y faire face. Il ferait beau voir en effet, qu’après toutes les merveilleuses révélations de la Science, l’homme s’accroche encore aux oripeaux des religions, qui nous susurrent à l’oreille cette nostalgique chanson :
O come t’inganni,
Se pensi che gl’anni
Non hann’da finire,
Mais pourquoi la science fuit-elle cette question ? c’est tout simple: elle n’a pas de réponse. Elle préfère nous embarquer sur un bateau fantôme condamné à errer dans des brumes glacées. Elle nous y promet des fêtes perpétuelles, mais elle ne nous dit pas que ces divertissements se termineront forcément dans le bouillonnement des eaux glacées, les sons de l’orchestre se faisant de plus en plus déchirants avant de se taire à jamais.
Pourquoi ce parti pris de l’illusion ? Pourquoi ?