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Le blog d'André Boyer

Le Fenua

18 Décembre 2013 Publié dans #INTERLUDE

 

...Durant ce séjour, charme d’un petit pays, j’ai côtoyé ou rencontré de nombreuses personnalités, de plus prés qu’en France où l’occasion se présente moins.

Fenua.jpg

Dans l’avion, ce fut le Ministre des Outre-Mer, Victorin Lurel, et son équipe qui m’ont impressionné par leur activité noctambule, entre Los Angeles et Papeete. De ce point de vue, je n’aimerai pas trop être conseiller de Ministre, ni même à la réflexion Ministre. À la rigueur Président, mais pour un temps bref. J’ai assisté à la réunion de l’Assemblée de Polynésie réunie pour accueillir et entendre le Ministre. Je l’ai vu saluer tous les députés un par un, chacun lui ajoutant au tour du cou, qui collier de fleur, qui collier de perles. Il y avait cinquante députés environ, vous pouvez l’imaginer ployant sous la charge en fin de parcours et en effet il ployait!

Lorsque j’ai vu et parlé à des conseillers du gouvernement polynésien, j’ai cru comprendre le travail que ces derniers accomplissaient au plan juridique, économique et technique et j’ai trouvé le Fenua plutôt bien géré, quoiqu’il ait à faire face à de redoutables défis, comme celui d’attirer nettement plus que les deux cent mille touristes qui le fréquente, bon an, mal an.

Il y a eu des périodes d’évasion, au restaurant, aux roulottes sur le port (qui ressemblent un peu, à mon avis, aux paillotes corses) et surtout dans les îles ou plus exactement dans l’île. Nous avons pris l’avion, Monique, Marc, un ami et moi. La Polynésie, je vous le rappelle, est aussi étendue que l’Europe entière. Sur cette surface sont éparpillés des chapelets d’îles, les Iles sous le Vent, les Tuamotu, les Gambier, les Marquises, les Australes. Sur l’ensemble des 67 îles habitées (sur 118), dont la surface additionnée représente 4167 km2 kilométres carrés, habitent 260000 personnes. Chaque île un tant soit peu importante (mille habitants, un peu plus ?) est reliée par un avion d’Air Tahiti et possède un mini ou un micro aéroport, et toutes ces liaisons coûtent évidemment cher. 

Nous, nous avons pris l’avion pour Huahine, 74 km2, six mille habitants, à 400 kilomètres de Tahiti. Une île comme on la rêve quand on lit des romans d’aventure, pas très loin de Bora Bora, qui, elle, est couverte d’hôtels.

À Huahine, pratiquement pas d’hôtel, pas trop de touristes. Ah si ! le matin, un bateau s’est profilé au loin. Vous pouvez le distinguer avec de bons yeux sur la photo jointe. Nous l’avons tous vu, et même guetté, un peu comme des naufragés qui lorgnent l’approche éventuelle du  navire salvateur. Le Gauguin, car c’était lui, a grossi à l’horizon, contourné l’île et déposé ses passagers multi culturels, comme nous avons pu le constater plus tard en ralliant le port.

Gauguin.jpg

Autour du port, merveille de la civilisation française, il y a avait naturellement des restaurants mais aussi une station service, un supermarché, une Poste de couleur jaune, une Gendarmerie, une pharmacie ouverte deux heures le dimanche et même un médecin de garde disponible toute la journée pour vous soigner et vous faire rembourser par la Sécurité Sociale.

Même dans notre paillote allongée le long de la plage et emplie des rumeurs de l’océan, on pouvait regarder les chaînes de la TNT comme si l’on était confortablement installé dans un F1 du 93. La paillote dotée de l’électricité et de l’eau courante, toute de bleue vêtue à l’intérieur, rassemblait deux grandes chambres, un salon, une salle à manger, une cuisine, le tout donnant sur l’océan et sur la pelouse. Le bruit des oiseaux et des animaux nous entouraient. Nous étions ailleurs, et en même temps en France. Au calme, sans stress, on pouvait sans crainte laisser les portes, les valises et le portefeuille ouverts, mais on était tout de même à portée du médecin de garde, des pompiers et de la gendarmerie.

Nous avons paressé sur la plage qui bordait le Pacifique, nous avons traîné le long du lagon, parcouru l’île dotée d’une chaussée aussi parfaite que dans n’importe quel département métropolitain, admiré la luxuriance de la végétation et l’habileté du pêcheur qui ramena au bout de son harpon trois immenses poissons dont j’ignorais qu’ils se promenaient de manière suicidaire à sa portée. Nous l’avons entendu déclaré qu’ainsi on ne pouvait jamais mourir de faim dans une île polynésienne (lui, c’est sûr ! moi, pas par ce moyen), tout en regardant filer à cinquante mètres au large les ailerons de deux requins, gentils paraît-il. Nous l’avons vu jeter une partie des poissons aux murènes accourues instantanément et de toute part, comme des vampires ivres de sang…

Puis nous sommes retournés à l’aéroport. 

Je vous dirai simplement, car je ne vois pas quoi dire de plus ou de mieux, que j’ai aimé l'île, tout de suite et tout le temps que j’y ai séjourné, que je l’ai quittée à regret comme si je sentais qu’elle me reprochait déjà ma désertion, cette île à laquelle je n’avais été présenté que  trente-six heures plus tôt.

Il faut dire que j’ai toujours aimé les îles, à commencer par ma voisine corse.

 

Secrètement, je ne pus que lui promettre de revenir…

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B
<br /> Une raison geostratégique sans aucun doute...<br />
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M
<br /> Témoignage intéressant qui permet un peu de comprendre pourquoi la France garde ses possessions outre-mer contre toute logique économique.<br />
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