Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog d'André Boyer

Le fils de la musaraigne

8 Mars 2010 Publié dans #PHILOSOPHIE

11Le 17 février dernier, dans un article intitulé « L’orphelin cosmique », je rappelai que chacun est orphelin dans cet univers, mais que cet orphelin n’est pas un être tombé du ciel. Il n’est pas pour autant  peut une créature à part. Il a des ancêtres aussi étranges que des dinosaures ou des mollusques.

Quelle est donc la véritable identité de l’homme, issu de cette chaîne d’animaux bizarres ?  Les scientifiques  nous rappellent que nous sommes des êtres en mutation, liés génétiquement à la chaîne de tous les vertébrés. Preuve en est que l’homme porte dans sa chair les stigmates de l’évolution : ses mains sont des appendices inachevés, ses poumons sont issus d’un être amphibie qui barbotait jadis dans une mare, son pied témoigne encore qu’il servait à grimper aux arbres avant de s’atrophier. Si l’homme avait pu s’observer il y a deux millions d’années, il aurait vu à quel point son corps et son cerveau étaient petits, et quelles terribles difficultés il avait à communiquer. Et s’il avait pu se voir soixante-dix millions d’années en arrière, il aurait contemplé une sorte de musaraigne qui se nourrissait d’insectes. Aujourd’hui, il va dans la Lune et il croit que c’est tout naturel. 
Car l’homme a du mal à accepter de n’être que le résultat plus ou moins achevé de la mutation des musaraignes ? je ne suis pas sûr que les scientifiques le rassurent pleinement en lui fournissant les clés de son évolution même s’ils lui rappellent qu’il est le magnifique résultat de l’effort obstiné de ses ancêtres pour survivre en tant qu’espèce.

Certes, l’homme semble posséder en exclusivité un pouvoir magique, le langage, qui lui permet de fabriquer des symboles qu’il stocke dans son cerveau et qu’il peut transmettre aux générations suivantes. C’est grâce à ce pouvoir qu’il tisse au travers du temps un lien intemporel avec ses prédécesseurs comme ses successeurs. Et c’est grâce à ces symboles qu’il a acquis le pouvoir de changer le monde en les adaptant à ses besoins. Mais par contre, qu’il ne s’imagine pas avoir aussi le pouvoir de se changer lui-même. Quoi qu’il fasse, il porte en lui les stigmates de l’évolution. Au plus profond de son cerveau se niche les antiques défenses des hommes d’autrefois que son néo-cortex ne parvient pas vraiment à contrôler, ces hommes qui étaient prompts à la colère, à l’agression et à la violence,
Un homme ne peut être défini qu’en fonction de la période historique dans laquelle il se trouve plongé. Autrefois, c’était un petit mammifère perché sur une branche. Aujourd’hui, c’est un créateur de symboles qui les transforment en gratte-ciel, en ponts immenses qui barrent l’horizon ou en fusées qui s’élancent dans l’espace.
La vie de l’homme reste un voyage, dans lequel il erre sans trêve et sans buts, menacé à tout instant d’être précipité dans les crevasses du temps.  

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article