Le pouvoir politique le plus concentré du monde
28 Janvier 2010 Publié dans #HISTOIRE
Le 26 janvier dernier, nous observions dans un article intitulé « Une idéologie pour quoi faire » que si les gouvernements successifs de VGE, Mitterrand, Chirac et Sarkozy, malgré l’énergie apparente et les rodomontades de ce dernier, n’ont pas pris les mesures nécessaires pour adapter la France aux changements du monde depuis 1974, c’est parce qu’ils ont choisi de privilégier la démagogie plutôt que les mesures impopulaires.
Ceci serait bien banal à écrire si l’on n’observait pas aussitôt que les autres pays européens n’ont pas suivi la même voie, bien que leurs politiciens possèdent évidemment les mêmes travers que leurs homologues français et que certains n’aient pas toujours su résister aux sirènes de la démagogie. Mais, la plupart du temps, ils ont su corriger les décisions les plus négatives par des décisions courageuses. Leur résolution contraste avec la faiblesse de caractère des politiciens français, et c’est cette différence qui nous intéresse et qui peut en effet être expliquée de deux manières :
- Soit elle trouverait son origine dans le « caractère national » français, un peuple rétif aux réformes, jaloux de ses privilèges, un peuple rebelle qui oblige les politiciens français à se résigner à la lâcheté sous peine d’être chassés du pouvoir.
- Soit elle pourrait s’expliquer par la structure de gouvernement du pays qui laisse aux « élites » la possibilité de prendre les mesures qui favorisent l’élite, y compris contre la volonté de sa population.
Les deux explications peuvent être retenues dans la mesure où elles sont liées. En effet, s’il existe une spécificité française, elle réside indiscutablement dans la répartition du pouvoir politique au sein de la société et éclaire à la fois la méfiance de la population française aux décisions du pouvoir et le comportement de ses « élites » : la France est le pays d’Europe où le pouvoir politique est le plus concentré. C’est ainsi que Jacques Chirac a pu s’offrir le luxe de ne pas démissionner, ni même de dissoudre le Parlement après le referendum perdu sur la Constitution Européenne. Aucun autre gouvernement européen n’aurait pu manifester ouvertement un tel mépris du vote de ses citoyens et pourtant les Français n’ont pas bronché.
De fait, la France est le seul pays d’Europe qui possède un État aussi centralisé, le seul où le président de la République se voit attribuer par la Constitution autant de prérogatives politiques et par conséquent le seul où les députés, qui représentent les électeurs, ont aussi peu de moyens de contrôler l’action du gouvernement. C’est aussi le seul où les medias politiques sont concentrés entre si peu de mains, où il y aussi peu de quotidiens d’opinions, où les hommes politiques ont autant de possibilités de cumul et de renouvellement de mandats, où les syndicats, financés par l’État, sont aussi peu représentatifs, où les artistes sont aussi étroitement encadrés par l’État comme l’a montré l’affaire des intermittents du spectacle ou le financement du cinéma. La France est aussi le pays d’Europe où la somme des prélèvements obligatoires et des emprunts d’État est le plus haut, où la proportion des fonctionnaires est la plus forte et où la couverture sociale est l’une des plus étendue.
À quoi sert donc l’idéologie de la République Française ? À constituer le paravent de l’extrême concentration du pouvoir entre les mains d’une classe dirigeante qui veille à le conserver aux dépens d’une population qu’elle mène comme un cheptel. Pour l’aider dans cette tâche, l’idéologie de la classe dominante ne peut être que de gauche. Il faut en effet endormir les naïfs en leur montrant que l’on s’occupe des injustices, justifier le montant élevé des impôts et l’omniprésence de l’Etat. Dans ces conditions, comment ne pas être de gauche quand on brigue le pouvoir ? Et à quoi sert le concept de droite, sinon à lui servir de faire valoir ? En France, la gauche, c’est tout simplement l’idéologie du pouvoir.
Qu’en conclure ?