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Le blog d'André Boyer

Moved by the Iron Lady

19 Mai 2012 Publié dans #ACTUALITÉ

Au cours d’un long trajet aérien, j’ai eu récemment la chance de voir le film « Iron Lady » qui donne une représentation de la vie de Margaret Thatcher.

 

margaret-thatcher_1725675c.jpgJ’avoue que le film m’a tiré des larmes, oui des larmes, lorsqu’il montre la faiblesse insigne de cette femme atteinte de la maladie d’Alzheimer, tellement loin de l’image triomphante de celle qui fut la Dame de Fer. Sic transit gloria mundi. Comme la faiblesse est proche de la force, aussi assurée parait-elle en l’instant!

L'objet du film est de cerner la personnalité de Margaret Thatcher et de montrer les conditions dans lesquelles elle a exercé ses tâches de Premier Ministre. Son fil conducteur est constitué par la mémoire de Maggie, qui va et vient entre ses années de grandeur et le crépuscule de sa vie actuelle. Saluons la fine mise en scène de Phillyda Lloyd et la remarquable performance de Meryl Streep qui a su incarner Margaret Thatcher de saisissante manière.

Encore qu’ « Iron Lady » soit avant tout un film sur la solitude, l'isolement et la vieillesse, j’aurais été fortement déçu que les critiques bobos aient trouvé le film à leur goût. En effet, rien dans ce film ne pouvait leur plaire, ni le sujet, ni l’héroïne du film, ni le courage. Heureusement, aucun d’eux ne l’a aimé…

Le film nous montre donc une Margaret Thatcher si violemment haïe des mineurs en grève ou des Irlandais prêts à mourir de faim pour briser sa volonté inhumaine, mais qui n’est plus aujourd’hui qu’une pauvre femme étroitement surveillée. Évanouie sa fierté de fille d’épicier éduquée à la dure, disparu son amour pour le séduisant Denis Thatcher, oubliées ses homériques batailles électorales, périmée sa résistance opiniâtre face aux grandes grèves des mineurs, dépassée son incroyable détermination pour reconquérir coûte que coûte les Falkland, pardonnée la trahison de ses pairs qui la précipitent à terre le 19 novembre 1990!  

Lorsque l’on voit dans la première scène, une petite vieille voûtée dans un imperméable beige, fichu noué sous le menton, un cabas à commissions en plastique bleu à la main, faire la queue dans un petit magasin après avoir trompé la vigilance du personnel chargé de sa sécurité, on a peine, aux deux sens du terme, à imaginer qu’il s’agit de la même Maggie intraitable qui malmenait les syndicats dans les années 1980. Une Maggie qui se souvient des déchirements engendrés par cette bataille permanente que fut sa vie, qui revoit  ses jumeaux essayant en vain de la retenir à eux à l'aube de sa carrière politique, qui entend encore son mari lui reprocher son excessive ambition...

Finalement, elle a toujours été seule, Maggie, envers et contre tous, seule à prendre les décisions, cherchant résolument à mettre en œuvre ses idées, supportant stoïquement son impopularité, seule avec son credo: « Watch your thoughts, for they become words. Watch your words for they become actions. Watch your actions, for they become habits. Watch your habits, for they become character. Watch your character for it becomes your destiny! What we think, we become! (1)»

Où est passée cette fille d'épiciers fière de l'être et toute aussi fière d'avoir accompli ses études à Oxford, cette battante, cette politicienne de conviction ? Eh bien, elle n’a pas disparu, tant son courage et sa volonté surnagent dans son naufrage. Du début à la fin, elle ne fit que lutter: « I've done battle every single day of my life ». Alors elle continue à lutter, non pas contre des politiciens veules et corrompus ni contre les syndicats, mais contre ses propres  hallucinations.

Laissons Maggie à ses derniers combats pour nous mesurer à l’essentiel, son œuvre. Un bilan qui fait pâlir tous les impuissants qui nous gouvernent, pour lesquels rien n’est possible, fors les promesses.

 

Un an avant l'arrivée de Margaret Thatcher au pouvoir, ça n’allait pas très fort en Grande-Bretagne. À l’aube de la mise en place d’un gouvernement socialiste en France, il n’est pas inutile de se souvenir qu’une décennie de gouvernement travailliste avait laissé le Royaume-Uni exsangue, en proie à une crise économique sans précédent. C’est alors qu’arriva « The Winter of Discontent »…

 

(1) Attention à vos pensées, Surveillez vos mots, ils deviennent des actes. Surveillez vos actes, car ils deviennent des habitudes. Veillez à vos habitudes, qui forgent votre caractère. Surveillez votre caractère, car il forge votre destin. Ce que nous pensons, nous le devenons.

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