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Le blog d'André Boyer

Notre avenir 5: un scénario vraisemblable

19 Mai 2010 Publié dans #ACTUALITÉ

Dans l’article précédent, daté du 16 mai dernier et intitulé « Notre avenir 4 : l’impasse apparente de la zone Euro » je montrais en quoi les pays de la zone Euro se retrouvaient dans une impasse financière, donc économique, sociale et finalement politique. Comment, en effet, réduire leur déficit sans casser la croissance tout en renonçant à la facilité de l’inflation ? Cette voie me paraît  impraticable pour des pays qui n’ont pas, comme l’Allemagne, la culture de l’effort, mais je me trompe peut-être. On peut toujours « rêver » sadiquement d’austérité budgétaire et de déflation ! En tout cas, les marchés n’y croient pas, qui vendent par précaution l’Euro à tour de bras…

clubmed.jpgCar il semble bien que, sous le couvert rassurant de la coordination budgétaire de l’ensemble des pays de l’Euro, ce soit, en doses un peu plus diluées au début, le même type de potion que celle appliquée à la Grèce qu’il est envisagé d’administrer aux deux tiers de la zone Euro.

Mesurez en un instant les conséquences : cela impliquera que la restauration de la compétitivité sera longue et douloureuse, que l’austérité budgétaire pèsera sur la croissance, une croissance qui restera faible pendant dix ans ou vingt ans et que le risque de défaillance sur le paiement de la dette publique sera élevé pour les plus pays les plus exposés, voire pour l’ensemble des neufs pays concernés. Au total, le risque de stagnation et de déflation sera sans cesse présent, ce qui fera ressembler la zone Euro au Japon des années 1990.

Sauf à court terme, je ne crois pas du tout qu’un tel schéma soit plausible, tant les opinions publiques seront incapables de le tolérer. Si les politiciens de droite et de gauche actuellement au pouvoir veulent y rester, le scénario le plus probable se déroulera en trois étapes, qui peuvent se succéder rapidement :

-      - Dans un premier temps, les pays déficitaires vont annoncer des mesures de rigueur dont la simple perspective provoquera un ralentissement d’une croissance déjà anémique.

-    - Dans un second temps, les pays du deuxième groupe demanderont un soutien aux pays du premier groupe qui exigeront en contrepartie une coordination budgétaire accrue, voire une intégration de la politique budgétaire au sein de la zone Euro. Ces deux étapes d’ajustement et de coordination engendreront une très faible croissance et la renégociation de plusieurs dettes publiques, à commencer par celle de la Grèce qui ne sera, bien sûr, jamais remboursée intégralement.

-      - Ces tensions et ces défaillances seront le prétexte pour les plus faibles des États de la zone Euro de se saisir à nouveau de l’arme de l’émission monétaire comme moyen de financement de la dette publique et comme outil d’inflation destiné à amortir la dette. La France, l’Espagne et l’Italie seront au premier rang des promoteurs d’une BCE dont l’objectif serait la croissance avant la stabilité des prix. Il est probable que devant le refus de l’Allemagne de changer de modèle économique, une double zone Euro sera créée, l’une pour les pays du Nord, vertueux et disciplinés, l’autre pour les pays du Sud, bohèmes et indisciplinés. À moins que la zone Euro n’éclate tout bonnement en ses composantes nationales, ce que je ne crois pas tant ce serait un aveu trop manifeste d’échec.

 

 

Un scénario vraisemblable

 

Il est 20 heures, ce jour d’août 201X. Les conseillers des différents chefs d’Etat de l’Union Européenne ont préparé l’accord depuis des semaines.

L’Allemagne a fait savoir qu’elle n’accepterait pas un deuxième plan de sauvetage de l’Espagne. Le (ou la) chef  de l’Etat français apparaît à la télévision pour indiquer qu’un referendum sera organisé en France d’ici six semaines pour demander au peuple français de choisir : soit le maintien dans la zone Euro actuelle fondée sur la lutte contre l’inflation ce qui signifierait un plan drastique de rigueur dont il ne donne que quelques exemples réfrigérants, soit l’adhésion à une zone Euromed dans laquelle la priorité sera donnée à la croissance (en clair à l’inflation !) Il indique que l’Espagne et l’Italie sont prêtes à se rallier à cette nouvelle zone monétaire. Pour flatter l’orgueil national, il annonce aussi que le siège de la nouvelle Banque Centrale de l’Euromed aura son siège à Paris. C’est cette dernière information que retiennent les medias soucieux de gommer le caractère anxiogène de la reculade annoncée « l’Euro revient à Paris ! ».

Le résultat du referendum ne fait aucun doute, et au même moment des annonces similaires sont faites en Europe. On sait déjà que l’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas, la Finlande et le Luxembourg choisiront de rester dans la zone Euro originelle.

Le lendemain, l’Euro remonte légèrement face au dollar et le gouvernement espagnol lance un emprunt indexé sur l’inflation, qui obtient un franc succès.  

 

 

 

 

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