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Le blog d'André Boyer

Oligarchie, libéralisme et socialisme

26 Décembre 2009 Publié dans #HISTOIRE

 AlexSol.jpgLe libéralisme est une idéologie ancienne comme le monde, celle qui traduit l’aspiration de l’être humain à ne pas dépendre d’un autre pour vivre. Ce libéralisme déteste tout pouvoir arbitraire et il professe qu’il faut s’aider soi-même sans attendre que la providence ou que les autres comblent vos désirs.

Or cette idéologie manque furieusement de limites. Rien ne l’arrête, aucune barrière à ses désirs ne paraît naturelle. Les coutumes, les croyances religieuses, les lois civiles, tout cela ne sont qu’entraves à la liberté d’un être né libre, qui ne saurait être esclave des préjugés (regardons du côté de Jean-Jacques Rousseau). Chacun ne doit obéissance qu’à soi, dans la mesure où il a le droit imprescriptible de poursuivre ses fins propres.  La raison est appelée à la rescousse pour juger de tout et questionner toute règle établie. Elle génère cette société libérale qui s’installe à l’évidence dans notre monde, gouvernée par l’avantage personnel de chacun et par l’acceptation forcée des autres parce que l’on ne peut pas vivre convenablement seul.

Naturellement, un tel principe, au sein d’une société composée d’individus forcément inégaux en intelligence et en énergie vitale aboutit à ce que les forts asservissent les faibles. Et cette situation insupportable pour ces derniers provoque l’émergence d’une idéologie apparemment contraire, le socialisme, qui prétend réguler sur une base égalitariste les désirs de tous. Le socialisme ne nie cependant pas le fondement du libéralisme qui consiste à postuler que l’homme réalise sa nature par l’assouvissement de ses  désirs, mais il pense simplement que ces derniers sont plus aisément satisfaits par une régulation égalitariste que par une addition d’initiatives individuelles.

De son côté, le libéralisme a forcément mauvaise conscience par rapport au socialisme parce qu’il doit bien reconnaître que le triomphe des idées libérales implique l’insolent, l’injuste succès de quelques-uns aux dépens de tous. Qui peut vraiment accepter que celui-là, parce qu’il a inventé Microsoft, possède-je ne sais combien de milliards de dollars ? Que l’autre, qui arrive mieux que vous à viser un petit trou dans le gazon avec une petite boule blanche, ait à ses pieds les plus séduisantes femmes de la terre ? Du coup le libéralisme cherche à se faire accepter par l’immense cohorte des perdants en injectant de la justice dans son moteur, en d’autres termes en y mêlant toujours plus de socialisme. D’autant plus que les vaincus de la compétition libérale sont en général de mauvais perdants, car ils prétendent qu’ils ne sont pas malheureux par leur faute mais par celle de la société, qui n'est pas assez reconnaissante de leurs mérites.

Pourtant, libéralisme et socialisme se retrouvent dans la nécessité d’installer une oligarchie pour gouverner la masse. Le libéralisme, univers de concurrence, conduit tout droit l’économie à une incessante concentration industrielle et financière, à un marché où dominent des oligarchies censées réguler la production des biens, la distribution des richesses et la  concurrence sauvage pour le bien être de tous. De son côté, l’organisation centralisée que suppose le socialisme engendre des organisateurs qui se constituent naturellement en oligarchie dirigeante vouée au bonheur de tous. Je pense à nos hommes et femmes politiques, qui se mettent au service public par passion et intérêt dés sortis de l’adolescence et qui s’y accrochent jusqu’à leur dernier souffle.

Ainsi libéralisme et socialisme se retrouvent unis pour mettre en place un nécessaire système d’asservissement des masses, nécessaire puisqu’il les rassemble. Et l’on entend la chorale des politiques et des capitaines d’industrie, maîtres du système, proclamer leur dévouement aux masses pour faire oublier leurs émoluments et les esclaves leur répondre en choeur pour réclamer toujours plus de pain et de jeux, acharnés à assouvir les passions mêmes dont leurs maîtres ont besoin qu’ils les éprouvent, afin de les mieux asservir…

Cet article est librement inspiré  d’une réflexion de Claude Polin, philosophe.

 

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