Le syndrome de Georgina*
20 Novembre 2011 Publié dans #ACTUALITÉ
J’avais prévu d’écrire sur un tout autre sujet aujourd’hui, mais l’horrible actualité me saisit à la gorge. Ce garçon de 17 ans qui viole, tue, brûle Agnès, une jeune fille de 13 ans, c’est horrible !
Le plus horrible, c’est qu’un peu de sens des responsabilités aurait suffi à sauver l’adolescente. Quand je lis ce que je lis et que j’entends ce que j’entends, je suis indigné. Quelle fuite devant les responsabilités ! Quand allons nous entendre quelqu’un avouer enfin qu’il a commis une faute, une erreur ? Quel soulagement ce serait de savoir que, dans cette société, quelqu’un accepte d’assumer ses responsabilités !
Mais non. Le principal du collège savait que ce garçon « avait eu des ennuis avec la justice, mais on n'en connaissait pas la nature. Et nous n'avions aucun contact avec les services de justice ». Comment, un collégien de 17 ans entre en pension dans ce collège très spécial, avec des jeunes filles qui sont aussi en pension, et le directeur de l’établissement, qui sait que ce collégien a passé quatre mois en prison, ce qui signifie qu'il n'est pas seulement un voleur de scooter ou un revendeur de drogue, ne cherche pas à savoir pourquoi? Écoeurant.
Des psychiatres, des psychologues jugent qu’il est « réinsérable et qu’il ne présente pas de dangerosité », mais il est si peu dangereux qu’il doit être d'être scolarisé dans un internat et qu’il reste soumis à une obligation de suivi psychiatrique. Tandis qu’au collège, on ne sait rien ou plutôt on ne veut rien savoir et on le laisse sans surveillance en contact avec des jeunes filles, pas seulement en classe mais en pension ! Et bien sûr, les parents des autres enfants ne savent rien, car cela pourrait traumatiser ce jeune homme,« présumé », attention seulement présumé coupable d’un viol ! Même si tout l’accable pour ce premier crime , l’important ce ne sont pas les faits mais que la justice n’ait pas encore signé les papiers indiquant qu’il est juridiquement coupable. Et en attendant, il reste libre de recommencer, à condition que ce soit entre deux contrôles judiciaires. Voilà dans quel systeme absurde notre socièté se trouve enfermée!
Un responsable du Collège cévenol a osé déclarer que, tout en sachant que la direction savait que le lycéen avait fait un séjour de quatre mois en prison, « elle n’avait pas à s’immiscer » en exigeant des parents qu’ils indiquent le motif de son incarcération ! et laisser les autres enfants à sa merci ????
Que dire ensuite des « experts psychiatriques » ? Le président du tribunal pour enfants de Bobigny, Jean-Pierre Rosenczveig, a bien voulu juger que cette affaire était « extrêmement grave », ce qui ne l’a pas empêché d’observer que « l’on a un juge qui, avec la caution du parquet, des psychiatres, des éducateurs, prend une décision dans le cadre du contrôle judiciaire qui est de bon sens, avec la décision de le faire partir de Nîmes, pour ne pas qu'il rencontre sa précédente victime, et l'obligation de l'internat ». Avec d’autres jeunes filles ? pourvu qu'il ne s'attaque plus à sa precédente victime il peut faire ce qu'il veut avec d’autres jeunes filles? C'est du bon sens? Vraiment ?
Mais cela ne trouble pas M. Rosenczveig, pour qui « ce sont des personnes normalement compétentes qui ont fait leur travail et malheureusement les choses ont mal tourné ». Malheureusement ? Le hasard, voilà l'explication? Non, absolument pas, ce n’est pas le hasard, l'explication réside dans le refus de savoir, le refus de prendre ses responsabilités, l’extrême laxisme qui consiste à prendre prétexte de la présomption de responsabilité, de l’age du délinquant, de la longueur excessive des procédures pour laisser dans la nature des assassins en puissance.
Ou bien ces juges, ces psychologues, ces principaux de collèges sont irresponsables et il faut les destituer d’urgence, ou ils sont « normalement compétents » et ce sont les règles de la société qu’il faut changer, car aucune société ne peut accepter que de tels crimes se produisent sans que personne n’en soit tenue responsable, si ce n’est la fatalité !
* Georgina Dufoix était ministre des Affaires sociales et de la Solidarité nationale lorsque, interviewée par la journaliste Anne Sinclair (nos acteurs politiques sont issus d'un tout petit monde) en novembre 1991, elle utilisa cette formule devenue depuis tristement célèbre: "Je suis responsable mais pas coupable". Elle voulait dire par là qu'elle n'était pas juridiquement coupable, mais était-ce à elle de le déclarer et devait-elle le faire sous cette forme? Cette phrase est devenue emblématique du refus d'assumer ses responsabilités.