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Le blog d'André Boyer

Philippe le Bel se saisit du pouvoir

11 Novembre 2010 Publié dans #HISTOIRE

Dans le blog du 3 novembre dernier, je concluais ma description de la tendance permanente de la France au renforcement toujours plus accentué du pouvoir de l’État sur la société, en indiquant que Philippe IV le Bel allait s’affirmer comme le maitre d’œuvre d’une monarchie française impérieuse.

SC_PhilippeIV_WEB.jpgPhilippe IV le Bel, Roi de France de 1285 à 1314, est en effet l’organisateur d’une monarchie française dotée d’une très nombreuse administration centrale. C’est lui qui procède massivement à la confiscation des biens des particuliers et à l’expulsion collective des groupes qu’il considère comme des corps étrangers, des obstacles à son pouvoir. Il innove aussi en lançant de grandes  campagnes d’opinion, en recourant au nom de la raison d’État, à la calomnie, à l’intimidation et à la désignation de boucs émissaires individuels ou collectifs. L’affaire des Templiers est ainsi montée de façon à attiser les fantasmes d’une population appauvrie par l’Etat et la conjoncture. On voit les conseillers du roi accuser sans vergogne les Templiers d’être tout à la fois secrètement affiliés à l’islam, de cracher sur la croix et de pratiquer des rites obscènes, avec pour objectif central d’obtenir l’adhésion de l’opinion publique à la confiscation de leurs biens. Au total, il n’a de cesse d’accroître sa puissance par la guerre et par de nouveaux carcans administratifs. Comme il lui faut toujours plus d’argent pour sa magnificence, mais aussi pour payer l’administration, financer la guerre et son action diplomatique, il épuise le pays, rançonne les juifs et les lombards et s’empare des richesses des Templiers. Il est aussi le premier à oser dévaluer la monnaie.

En mettant en œuvre pendant ses trente-neuf années de règne la plupart des outils de pouvoir qui fondent encore aujourd’hui la spécificité de la France, Philippe Le Bel se retrouve à la tête d’un Etat puissant qui compte plus de sujets que tout autre Etat en Europe.

Il reste que ses difficultés financières le contraignent à convoquer des assemblées appelées à le soutenir par des subsides, les premiers « États Généraux », dont on retrouve l’écho à l’aube de la Révolution Française. Il échoue aussi dans sa tentative d’inventer l’impôt permanent en raison de l’incapacité de son administration, encore trop faible, à fixer l’assiette de l’impôt. C’est un problème dont ses successeurs sauront d’ailleurs tirer  la leçon, y compris de nos jours avec l’ISF qui permet de connaître à l’Euro prés la valeur des biens des « riches », c’est-à-dire de ceux qui sont propriétaires d’un bien immobilier de moyenne valeur.

L’État fort aux dépens des Français : on ne saurait faire plus moderne.

Après le règne de Philippe le Bel, les XIVe et XVe siècles furent des temps de crise. La guerre de Cent Ans entraîna la révolte des campagnes et des villes, ce qui provoqua en retour un nouveau durcissement du corset étatique et fiscal de la France.

 

 

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