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Le blog d'André Boyer

Que faire?

8 Juillet 2010 Publié dans #PHILOSOPHIE

Que faire ?

Dans l’article du 26 juin dernier, intitulé «  Qui est ce sage qui prétend décider pour moi ? », j’observais que j’avais beaucoup de mal à distinguer un sage, dans la foule des insensés, des ignorants et des escrocs qui dirigent les sociétés humaines. De plus, s’il est vrai que je suis sûr de presque rien, je sais au moins qu’il est inimaginable que j’abandonne à qui que ce soit la responsabilité de ma vie, car ce serait en complète contradiction avec le sens même de la condition humaine.

Laurent Terzieff Photo J VAUCLAIRCar l’homme, depuis qu’il a superposé la conscience à l’instinct, se trouve par définition contraint de prendre ses responsabilités. Alors, que faire ? La conscience que nous avons de notre condition humaine nous répond : il n’y a pas de guide, nous avons l’entière liberté et la totale responsabilité de nos pensées et de nos actes.

Lorsque nos affaires prospèrent, nous reconnaissons volontiers que c’est grâce à notre intelligence, notre activité, notre chance. Seuls les vrais philosophes vont bien parce que le soleil se lève à l’horizon, et que les oiseaux gazouillent. Lorsque nous allons mal, c’est la faute de la science, de l’argent, de la société ou de notre prochain. Ce n’est pas parce que nous avons mal agi. Il nous faut résoudre cette attitude schizophrène qui nous écartèle, accepter de reconnaître que le mal, notre mal existe.

Puisque nous sommes irrémédiablement seuls, orphelins perdus dans l’Univers, notre guide reste encore et toujours la conscience de notre condition, qui nous oblige à donner un sens à notre vie. Nous avons impérieusement besoin de lui donner une valeur qui la transcende. Ni les développements merveilleux de la technique, ni les querelles de la vie en société, ni même les fulgurances de l’art ne nous permettent d’échapper à cette nécessité.

Encore et toujours, il nous reste l’entière et lourde charge de donner un sens à notre vie. Sur quelles fondations ?

En raison de sa conscience aiguë d’être vivant, l’homme est pris entre deux feux. D’un côté, il a sans cesse l’obsession de perfectionner ses outils, de contrôler au mieux sa biosphère, et d’un autre côté il lui insupporte de ne pas être le créateur de ce monde.  Il en conçoit une angoisse devant la mort, l’infini et l’incompréhensible, qui le conduit notamment à sacrifier aux vertiges de la consommation pour oublier toutes ces horreurs.

Pourtant, une sorte de force s’impose à lui, selon une logique qui le dépasse et qui emporte les sociétés qu’il a fabriquées au fil du temps. C’est cette logique autonome qui l’a contraint malgré lui à dépasser l’ère de la chasse, et toutes les ères suivantes. Il a avancé de la sorte, en élaborant des systèmes de plus en plus complexes qui ont pour vertu de libérer les individus des contingences physiques, au point de leur permettre de vivre dans l’espace et pour vice de rendre ces systèmes de plus en plus dépendants de l’écosystème.

On commence à entrevoir le moment ou l’interférence entre la technologie et la nature deviendra si prégnante qu’elle menacera la survie de l’humanité tout entière. On peut pourtant se rassurer sur ce point, qui inquiète tant nos sociétés, en observant qu’il s’agit du risque qui menace tout système en expansion, un risque que l’homme est fort capable de maîtriser en inventant de nouvelles techniques orientées vers le maintien de sa biosphère. Mais de mon point de vue, le danger principal qui guette l’espèce humaine réside dans le fétichisme pour les outils intellectuels forgés par les hommes dans le passé.

Ce fétichisme les empêche de modifier leur vision d’un monde, un monde qui a changé, précisément sous l’influence de ces outils qui sont aujourd’hui dépassés. 

 

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