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Le blog d'André Boyer

Que faire? Rien...

9 Avril 2010 Publié dans #PHILOSOPHIE

  ne_rien_faire_c_super_0.jpgLe 26 mars dernier, je consacrais un blog au désarroi des hommes devant les choix qu’ils ont à faire face au chemin qu’ils ont pris. Cette difficulté immense, si l’on  mesure la responsabilité que l’espèce humaine doit assumer conduit chacun d’entre nous à chercher une voie personnelle qui est souvent le refus de choisir. Quelle solution en effet ? c’est la question que j’aborde aujourd’hui, avec quelque ironie…


 Se distraire, c’est la solution, car en l’absence de Dieu, c’est-à-dire en l’absence d’espoir, que faire d’autre qui vaille la peine ? Quoi qu’il en soit, pourquoi questionner ? Nous n’avons rien à dire, personne à interroger que nous-mêmes, nous ne sommes rien.

Rien, vraiment ? Cette insupportable modestie n’est peut-être bien que le paravent d’une odieuse prétention. Il vaut mieux encore fuir ce piège qui consiste à nous juger nous-mêmes, en nous raccrochant à n'importe quoi, même si notre futilité devient à son tour insoutenable. N’importe quoi ? c’est facile, nous avons les poches pleines de philosophies passe-partout :

Tenez, la plus naturelle, celle de la jouissance. Il faut se faire plaisir. Point. Mais à force de vouloir se faire plaisir, on ne se fait plus plaisir. La volonté ne suffit pas. La parade à ce piège consiste à s'élever. Vers où ? Dans quel sens ? Vers les autres. Vers la communauté. Agissons pour les autres, même s'ils s'en moquent. Et si les « autres » cela n'existait pas ? Agissons dans l'intérêt collectif, même si l'intérêt collectif, personne ne sait ce que c'est.

Heureusement il reste le concret. Tous les actes ne sont pas équivalents. Par exemple la lutte contre les inégalités. Réduisons-les. Le bien absolu ? Pas sûr, car si la lutte contre les inégalités réduit le niveau collectif de bonheur, que devient notre l'objectif ? Zut.

Agir pour agir, c'est la voie ultime. La plus confortable aussi parce que la finalité, on l'évacue. La finalité c'est le moyen. Mais alors la cohérence ? On peut faire n'importe quoi ? Qui va nous en empêcher ? La loi ? Ridicule hochet, que n'importe quel argument peut réduire à l'instant. La pression sociale, les coutumes, la peur ? Bien sûr c'est lourd, mais les points d'appuis peuvent se dérober soudain. Mou. Inconsistant.

Replions‑nous sur Camus : « Il faut imaginer Sisyphe heureux », Encore que la pierre de Sisyphe, on ne sait pas sur quelle montagne il la roule. D'accord, Sisyphe monte, mais qui lui dit le sens de la pente ? Il croit monter alors que, peut‑être, il descend. Et qu'importe que Sisyphe soit heureux. L'important est qu'il pousse la pierre. Qu'importe aussi qu'il la pousse en montant ou en descendant, l'essentiel reste que la pierre roule, et qu'elle roule parce qu'il la pousse, Camus aurait dû écrire : « il faut que Sisyphe pousse la pierre ». Pas exaltant ? Et après ? Faut‑il que ce soit exaltant ?

En ce sens on est en droit de se demander pourquoi chercher une philosophie ? Une philosophie pour justifier une vie, ou une vie pour justifier une philosophie ? Que répondre et que faire ?

Rien.

Vous voyez comment la raison peut nous conduire rapidement au trente sixième dessous. Ce n’est pas sérieux, donc bien peu raisonnable. Nous savons bien que nous ne pourrons jamais, tous tant que nous sommes, nous résigner à ne rien faire, ne rien penser. Nous sommes condamnés au contraire à travailler et à penser.

 

 

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