Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog d'André Boyer

Qui est ce sage qui prétend décider pour moi?

26 Juin 2010 Publié dans #PHILOSOPHIE

Écrasé par le matraquage médiatique, j’ai failli faire, je l’avoue honteusement, un blog sur l’élimination de l’équipe de France de football ; heureusement mon emploi du temps m’en a empêché. Aujourd’hui, il est déjà clair que ce fut un événement sans intérêt. Donc pas de commentaire.

Revenons plutôt à Pascal.

J’écrivais, lors du dernier blog :que faire sans capitaine ? vous voyez bien que la question se pose partout, même en football. Nous pensons que l’espèce humaine n’a plus de capitaine, en clair que le concept de Dieu est en voie de disparition. Il est intéressant de se prendre conscience de la raison pour laquelle nous pensons que Dieu s’est définitivement éclipsé.  C’est, je l’écrivais aussi à la fin du dernier article, l’orgueil.

12293691448E2pGU5L’orgueil de croire que nous sommes des Dieux. Si nous osions, nous serions prêts à prétendre que nous sommes les créateurs de l’Univers. Il se trouve que nous ne le sommes pas et que de plus nous  sommes mortels. Ces deux vérités aussi incontestables doivent nous inviter à pratiquer une vertu bien insolite pour les hommes, l’humilité.

Acceptons donc l’idée que le mystère de l’Univers ne sera jamais totalement éclairci. Acceptons de reconnaître que la science a ses limites. C’est ainsi que nous servirons dignement de ce qui nous appartient en propre, la pensée :

« Travaillons donc à bien penser : voilà le principe de la morale » (264).

En effet, pour chacun d’entre nous, notre tâche essentielle est assurément de bien penser. À cet égard, le chemin est étroit entre la confiance aveugle dans la science et le fatalisme sourd. Nous avons entendu ce que les scientifiques peuvent nous expliquer de l’Univers qui nous entoure et de la vie qui nous anime. Nous connaissons les limites de notre savoir et de notre pouvoir. Nous savons que l’Univers gardera son mystère fondamental et que nous serons toujours mortels.

Si nous en acceptons les conséquences, alors nous serons en mesure de comprendre la comédie humaine dans son ensemble, les efforts désespérés des hommes pour oublier leur condition, les mensonges de ceux qui voudraient nous persuader qu’ils connaissent la vérité de l’homme, qu’ils connaissent les solutions à tous ses maux et les recettes de son bonheur. Nous pourrons alors saisir à quel point l’être humain est prêt à croire à tout et à faire n’importe quoi. Nous pourrons aussi appréhender en quoi est absurde l’idée que la nature humaine puisse changer, progresser, s’améliorer, grâce aux efforts accumulés des hommes eux-mêmes.

Si l’on place au centre de notre réflexion, le refus collectif de l’espèce humaine d’accepter sa condition subalterne dans l’ordre universel d’être mortel, il nous reste à décider, chacun de nous, du sens de notre vie.

Ce serait logique de clore ainsi cette réflexion, puisque la raison nous affirme, qu’à l’avenir, aucun Dieu ne nous conduira plus jamais par la main. Mais, inversement, rien ne nous empêche non plus d’en conclure qu’il vaut mieux renoncer à donner le moindre sens à notre vie. Tout nous pousse à rester dans le flou, puisqu’il peut paraître plus confortable d’ignorer la mort jusqu’à ce qu’elle nous saisisse.  Que nous suggère t-on, en effet ? Il ne faut pas chercher midi à quatorze heures, il faut se faire plaisir au quotidien car on ne sait pas de quoi demain sera fait, même si on sait très bien, malheureusement, ce que sera demain. D’ailleurs la société s’occupe de nous. La science et la technologie se chargent de trouver des solutions raisonnables aux problèmes que nous percevons.  

Qui est donc ce sage qui me conseille de me contenter de jouir tranquillement, de ne pas chercher à connaître le sens de la condition humaine ? Qui est ce sage à qui je suis supposé déléguer la charge d’être raisonnable à ma place ? Qui est-il ? Au nom de qui et de quoi décide t-il à ma place ?  J’ai beau chercher, j’ai beaucoup de mal à le distinguer dans la foule des insensés, des ignorants et des escrocs qui dirigent les sociétés humaines.

S’ils étaient sages, s’adresseraient-ils à moi avec autant de mépris ?

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article