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Le blog d'André Boyer

Richard Descoings reformate SciencesPo

13 Novembre 2012 Publié dans #ACTUALITÉ

SciencesPo est-il un tel enjeu de pouvoir que les personnalités qui peuplent le Conseil de la FNSP estiment devoir se battre envers et contre tous pour protéger l’outil qu’ils ont forgé ou ne s’agit-il que d’un hochet pour retraités ?

 

Richard-Descoings-copie-3.pngAprès la direction d’Alain Lancelot, la FNSP a su trouver l’homme qu’il lui fallait pour développer l’IEP en la personne de Richard Descoings. Né le 23 juin 1958 et mort à New York le 3 avril 2012, Richard Descoings présentait toutes les caractéristiques pour être conforme et il possédait les relations et le dynamisme en sus. Conforme, il l’était, avec des parents médecins originaires du Valais, des études dans trois des meilleurs lycées parisiens, Montaigne, Louis le Grand et Henri IV (pourquoi trois lycées?), des études à SciencesPo dans la section Service public et l’entrée à l’ENA à sa troisième tentative.

Apparemment, c’est à l’ENA, où l’on prend plus de contacts que l’on étudie, qu’il s’affirme puisqu’il en sort parmi les premiers, ce qui lui permet d’intégrer le Conseil d’État en 1985. Il donne tout de suite des cours à l’IEP qui appelle ses vacataires des « Maîtres de conférence », puis devient Conseiller d’Alain Lancelot en 1987. Ce dernier est assez séduit par Richard Descoings pour le promouvoir, deux ans plus tard, Directeur adjoint. 

C’est la même année, 1989, qu’il quitte le Conseil d’État où il était devenu Maître des Requêtes pour intégrer les ministères puis leurs cabinets, tout d’abord au Budget avec Michel Charasse puis à l’Éducation nationale avec Jack Lang. En 1993, la gauche n’étant plus au gouvernement, il rejoint à nouveau le Conseil d’État, qui a le bon goût de le nommer Conseiller d’État.

À côté de sa carrière au Conseil d'État, il poursuit sa pénetration des arcanes de SciencesPo où il succéde à Alain Lancelot à la direction de l’IEP en 1996, avec l’onction du Conseil d’Administration de la FNSP.

Nous allons donc nous intéresser aux changements qu’il entreprend à l’IEP, avec l’accord, le soutien si ce n’est l’impulsion du Conseil d’administration de la FNSP. Il exprime clairement son objectif et ses choix dans une interview qu’il donne au New York Times le 14 septembre 2011 :

Il constate qu’à son entrée en fonction « Nous étions dans la même situation que les autres Grandes Écoles », c’est-à-dire une entrée à l’école après une classe préparatoire privée et un concours d’entrée. Oui, mais déclare Richard Descoings, « les étudiants qui venaient chez nous étaient presque tous blancs (sic), ils étaient issus de familles riches ; leurs parents et grands parents étaient diplômés de l’enseignement supérieur. Et dans un pays comme la France, avec de grandes différences sociales, c’était un gros problème ». Il déclare qu’il décida donc d’agir pour mettre fin à ce système et en même temps trouver le moyen de se passer de l’aide de l’État.

Croître, cela signifiait diversifier l’offre de formation de l’IEP ce qui impliquait de commencer par faire sauter le système d’admission. À la place de l’unique voie du concours, il institua une triple procédure d’admission :

- Les candidats français pouvaient se présenter à l'issue du Baccalauréat, les mentions "trés Bien" étant automatiquement admissibles. 

- Les candidats étrangers pouvaient se présenter sur examen d’un dossier incluant leurs notes et leurs diplômes obtenus à l’étranger.

-   Enfin, SciencesPo décida d’accepter les élèves doués provenant de 85 lycées situés dans les quartiers dits « défavorisés », et de financer leurs études, des élèves qui représentent aujourd’hui 10% de chaque promo.

Cette dernière décision fut son trait de génie. Elle donnait à SciencesPo, une des écoles les plus huppées de France, le leadership du « politically correct » en s’ouvrant, partiellement, aux fils et filles des immigrés pauvres. Toutes les réformes pro domo de SciencesPo pouvaient dès lors passer comme des lettres à la poste, et les opposants apparaître comme des réactionnaires défenseurs des privilégiés. C’est ainsi que SciencesPo passa de 6% de boursiers en 2001 à 27% en 2010, ce qui reste tout de même  encore légèrement inférieur au pourcentage des boursiers dans l’ensemble de l’enseignement supérieur français.

En même temps, le concours d’entrée était modifié. Pour écarter les prépas privées qui formataient les candidats au concours d’entrée durant les vacances d’été, SciencesPo décida d’avancer les épreuves de son concours en mars, avec une admissibilité sur dossier. L’épreuve de culture générale fut supprimée, non sans susciter des protestations, afin de sélectionner les candidats sur leurs aptitudes générales, y compris leur capacité à s’impliquer dans des activités dites « citoyennes ». Le concours gardait cependant une épreuve d’histoire et une épreuve sur option incluant au choix la littérature, la philosophie, les sciences économiques ou les mathématiques.

 

Il avait désormais les moyens de modifier profondément l’offre de formation, et pas avec des objectifs de pure justice sociale…

À SUIVRE...

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