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Le blog d'André Boyer

S'accrocher bec et ongles au pouvoir

8 Avril 2014 Publié dans #HISTOIRE

 

Le 17 mars dernier, dans mon blog sur la «Merveilleuse réaction », j’ai, non seulement présenté les merveilleuses comme une des manifestations les plus visibles de la réaction contre la Terreur, mais montré aussi comment la Convention cherchait désormais un improbable équilibre entre les terroristes et les royalistes.

aigle-et-sa-proieLa Terreur était à la fois un système politique et un système économique. Le premier s’était effondré, il fallait désormais sortir du second. C’est ainsi qu’à la fin du mois de décembre 1794, la Convention se résigna à supprimer la loi sur le maximum, populaire dans les faubourgs pour les denrées mais impopulaire pour le blocage des salaires, et de toute façon inefficace face au marché noir. Du coup la valeur de l’assignat chuta brutalement.

En somme, par pans successifs, on assistait à l’effondrement des murs d’acier forgés par la société totalitaire d’avant Thermidor : le terrorisme, la lutte contre la religion, la pénurie organisée.

Après avoir subi une énorme pression depuis deux, voire cinq années, les Français voulaient enfin reprendre souffle. Moins paradoxalement que l’on ne pourrait le croire, si l’on songe aux prétentions égalitaires des révolutionnaires, les ouvriers et les artisans des villes étaient devenus les principales victimes économiques des bouleversements de la société française. L’expérience a en effet montré, pendant la Terreur et dans toutes les expériences analogues qui l’ont imité, que les mesures égalitaires se retournent immanquablement contre les plus faibles car il y a toujours dans une société humaine, certains, les plus proches du pouvoir, qui se débrouillent pour être « plus égaux que d’autres ».

Même si les paysans étaient les grands bénéficiaires économiques de la vente des biens nationaux et de l’affranchissement des droits seigneuriaux, il reste qu’ils voulaient récupérer leurs curés. Le principal appui du pouvoir était constitué par la masse des  soldats de la Révolution qui considéraient comme un « acquis » de la Terreur d’être parvenus en quelques mois à des grades inespérés sous l'Ancien Régime. Ils voulaient donc conserver leurs grades et leurs trophées. Mais au total, nostalgiquement, le peuple rêvait du bon vieux temps : comme les résultats des élections l’ont montré de manière éclatante, il souhaitait le rétablissement de la royauté, contre l’avis des profiteurs du régime et des soldats qui n’en  voulaient à aucun prix.

Une fois de plus, comme cela arrive très souvent dans un pays où le pouvoir était trop centralisé, les Conventionnels régicides gouvernaient contre le peuple. Car, parmi les 387 conventionnels qui avaient voté la mort de Louis XVI en janvier 1793, une centaine d'entre eux avaient suivi Louis XVI sur l'échafaud. Mais il en restait environ trois cent unis pour sauver leur peau : ils devinrent si résistants aux changement politiques qu’ils réussirent à traverser tous les régimes de 1795 à 1848 !


En 1795, ces trois cent devaient se garder à gauche et à droite.

À gauche, les Jacobins « non nantis » voulaient les déloger de leurs statuts de favorisés : ils les  écraseront sans pitié.

À droite, les supporters de Louis XVIII les menaçaient de l'échafaud en cas de restauration.

Ils craignaient enfin les revendications d’un peuple affamé qui, comme le note Mallet en décembre 1794 « est devenu indifférent à la République comme à la Royauté, et ne tient qu'aux avantages locaux et civils de la Révolution ».

 

Les Conventionnels régicides allaient s’accrocher becs et ongles au pouvoir.

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