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Le blog d'André Boyer

Tahiti

15 Décembre 2013 Publié dans #INTERLUDE

 

J’ai eu la chance, grâce à Marc D., d’être invité à donner un cours auprès de l’Université de la Polynésie Française en cette fin d’année 2013.

Tahiti--copie-1.jpgCela tombait bien et mal. Quelques années auparavant, j’étais allé brièvement à Tahiti, déjà accueilli par Monique et Marc. Je connaissais donc un peu. Mais comme mes hôtes s’apprêtaient à quitter la Polynésie, c’était la dernière occasion de bénéficier de leur hospitalité là-bas. En revanche, j’avais trois thèses, dont j’étais le directeur, à faire soutenir le 25 novembre, le 10 et le 11 décembre 2013. Il fallait que cela s’inscrive entre le 26 novembre et le 9 décembre, ce qui instillait dans cette mission une forte tension calendaire.

J’hésitais donc, jusqu’à ce que ma décision ne s’impose sous l’effet d’une sorte de défi interne : à cette époque de ma vie, j’ai senti qu’il n’était plus temps, lorsqu’une telle opportunité d’ouverture se présentait, de reculer sous prétexte des ennuis mineurs que forcément, elle est suceptible d'engendrer. N’est-ce pas Pascal qui a observé que tous les ennuis de l’homme (et de la femme sûrement) proviennent de son incapacité à rester tranquille dans sa chambre ? Si j’avais connu Pascal, il me l’aurait certainement fait observer, lui serait resté à Clermont et moi je serai parti quand même.

Pour mon anniversaire, je me fis donc un quadruple cadeau, sans compter ceux que je me fis un devoir d’ouvrir là-bas le jour dit,  dans l’ordre chronologique un vol confortable, un séjour chez des amis chers, un nouveau public étudiant et la découverte d’une île rêvée.

Je n’ai pas été déçu.

Laissons le vol de côté, mais disons que j’ai évité de passer vingt-quatre heures les genoux écrasés par le siège de mon voisin de devant. L’escale de Los Angeles est restée fidèle à elle-même,  c’est à dire stupide du fait de l’obsession sécuritaire de nos alliés américains.

À Tahiti, mes amis ont su, comme toujours, m’accueillir avec la chaleur qu’irradie la profondeur de leur fidèle amitié. Avec eux, on ne se sent ni seul, ni gêné. Tout est clair et ouvert. Nos échanges ne posent pas de problème. J’aimerais les recevoir comme ils ont su le faire.

Papeete n’a rien d’exaltant, ville agréable sans plus, avec son port, son petit centre ville, ses rues piétonnes, mais aussi ses embouteillages et le désordre de sa banlieue. Cependant la chaleur, la végétation, la proximité de Moorea, cette masse bleutée au-dessus de l’horizon qui devient féerique au coucher de soleil, se rappellent à nous afin que nous sachions toujours, quelque part dans notre tête, que nous ne sommes pas n’importe où.

En outre, s’impose progressivement, au fur et à mesure des contacts, la gentillesse profonde des Tahitiens. Comme c’est banal d’écrire cela ! mais comme cela fait du bien de le vivre, comparé à l’agressivité jalouse des Français. Cette gentillesse profonde, je l’ai perçue aussi bien auprès des étudiants que des personnes anonymes, dans la rue, dans la circulation automobile que dans les îles. Quel repos !

Ms étudiants, justement, se sont révélés ouverts, de bon niveau et patients. Imaginez : le gros de mon enseignement était formé de cinq heures de cours de suite, durant cinq jours d’affilée, à m’écouter leur parler de marketing ! Ce sont peut-être les étudiants les plus sympathiques que j’ai jamais rencontré dans ma carrière, encore que je n’ai jamais eu à me plaindre des étudiants, où qu’ils se soient trouvés dans le monde…

L’Université de la Polynésie Française est une petite université, mais rien ne lui manque de ses consoeurs d’outre-mer, pas même les tics administratifs. Elle domine majestueusement l’océan, à l’écart de Faaa où se situe l'aeroport et loin de Papeete. Les professeurs sont issus pour la plupart de l’université française et payés par elle. Le statut de la Polynésie Française est remarquable à cet égard, qui assure à la fois l’autonomie du fenua (du pays), y compris par une monnaie commune avec la Nouvelle-Calédonie, le Franc Pacifique, et qui lui garantit une assez forte prise en charge par le budget de l’État. Si l’on voulait vraiment réformer la structure de l’administration française, ce serait à mon avis un bon modèle à prendre. Il est intéressant à cet égard de comparer les perspectives d’indépendance à long terme de la Polynésie et de la Nouvelle-Calédonie, bien plus avérées pour la seconde que pour la première. Est ce que cela tient aux ressources en nickel du Caillou ou à l’état d’esprit des Canaques, ou aux deux ? je ne saurai trancher ici.

Durant ce séjour, charme d’un petit pays, j’ai côtoyé ou rencontré de nombreuses personnalités, de plus prés qu’en France où l’occasion se présente moins…

(À SUIVRE)

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